Fin mai, c'est une silhouette aussi juvénile que convoitée qui pouvait être aperçue au sein du centre sportif de l'AS Saint-Etienne, récemment rebaptisé au nom du défunt Robert Herbin, ancienne légende du club, décédé le 27 avril dernier. Cette silhouette, c'était celle d'un certain Adil Aouchiche, le jeune milieu de terrain qui malgré ses 17 ans, s'est (déjà) fait un nom du côté des équipes de jeunes du Paris Saint-Germain et de l'Equipe de France. Et selon nos informations, devant le PSG, Lille ou encore Arsenal, ce sont bien les Verts qui semblent les mieux placés pour faire parapher un premier contrat professionnel à la jeune pépite francilienne à l'ouverture du mercato estival.
EXCLU - PSG : Adil Aouchiche est à Saint-Etienne
Une piste ambitieuse qui, si elle venait à se concrétiser, confirmerait une tendance déjà entrevue la saison dernière : à l'ASSE, l'avenir est confié à la jeunesse. Ou plutôt à Claude Puel. Arrivé pour succéder à Ghislain Printant lors du dernier exercice, l'ancien technicien de l'OL, de l'OGC Nice ou encore de Leicester City avait été choisi pour ses qualités de bâtisseur. Capable de construire un effectif à moindre frais, voué à progresser au fil des années et offrant enfin à l'ASSE la possibilité de proposer un projet sur le long terme, le natif de Castres aura néanmoins du pain sur la planche cet été pour mettre en application ses séduisantes ambitions.
Offrir un avenir à l'ASSE, un challenge "hyper motivant"
D'autant qu'après une saison 2019-20 terminée à une décevante 17ème place et avec la crise financière sans précédent liée au Covid-19, la marge de manoeuvre sera particulièrement réduite. Et l'entraîneur en a bien conscience. "Les finances ont été impactées. Les présidents ont fait énormément d'efforts en empruntant. Cette pandémie donne encore plus de cohérence au projet. Le modèle précédent n'est pas tenable. Le cercle n'est plus vertueux", avait-t-il fait savoir, lors d'un entretien accordé à L'Equipe. Un modèle précédent à la dérive couplé à une nécessité de rebondir, un défi impossible à relever ? Claude Puel, lui, y voit une opportunité. "Redresser la situation comptable du club sans obérer son futur, c'est le plus dur. Mais c'est aussi hyper motivant (...) Ce n'est pas parce qu'on n'a pas de moyens qu'on ne doit pas être ambitieux. Le court terme est important mais je veux me projeter plus loin et aider ce grand club à se remettre sur de bons rails", ajoutait l'entraîneur des Verts, entre patience et lucidité.
GettyToutefois, avant de pouvoir préparer le futur, Claude Puel, qui occupe désormais une fonction de quasi manager-général à l'ASSE, doit déconstruire l'héritage que lui ont laissé ses prédécesseurs. Un héritage dans lequel il trouve à boire et à manger. D'une part, une jeunesse florissante, la formation stéphanoise ayant été couronnée d’une quatrième victoire en Coupe Gambardella il y a tout juste un an. D'autre part, un noyau de joueurs expérimentés gracieusements payés qui n'apportent plus leur rendement d'antan.
Adieu les vieux, roulez jeunesse ?
Ce noyau, Claude Puel aimerait le faire exploser. Pour réduire la masse salariale et donc s'offrir un peu d'air financièrement, mais aussi car c'est avec une partie de ce même noyau que des tensions, et non des moindres, existent depuis des mois. On peut par exemple évoquer ses frictions assumées avec Stéphane Ruffier, gardien emblématique du club relégué au rang de doublure. Ou encore le traitement réservé à Loïc Perrin, enfant du club et capitaine des Verts, qui n'est pas sûr d'avoir droit à une nouvelle année dans le Forez après avoir affiché certaines limites physiques ces dernières saisons. En plus de ces deux joueurs, des éléments comme Yann M'Vila, Timothée Kolodziejczak, Wahbi Khazri, Ryad Boudebouz ou encore Romain Hamouma ne seront vraisemblablement pas retenus. Enfin, le moins âgé mais ô combien important Denis Bouanga, auteur de 10 buts en Ligue 1 pour sa première saison au club, sera très difficile à conserver et pourrait partir contre une somme à deux chiffres. Une véritable saignée, donc. Celle-ci devrait avoir le mérite de faire de la place aux jeunes. Et cela tombe bien, ceux-ci ne manquent pas à l'appel chez les Verts. Bien au contraire, ils sont plutôt légions dans le Forez.
En effet, l’ASSE fait partie des clubs européens les plus enclins à faire confiance à la jeunesse. Dans une étude récente, le Centre International d’Étude du Sport précise même que presque un quart de l’effectif stéphanois appelé à disputer une rencontre de championnat (24,6% très exactement) avait 22 ans ou moins en 2019-20. Seuls le LOSC (32,1%) et l’OGC Nice (30,8%) font mieux dans l’Hexagone... et parmi les 5 grands championnats. Prometteur, à condition de pouvoir préserver ces jeunes pousses. Si William Saliba appartient d'ores et déjà à Arsenal, son partenaire en défense Wesley Fofana, particulièrement courtisé bien que récemment prolongé, pourrait emprunter une trajectoire similaire. Selon nos informations, le milieu offensif Bilal Benkhedim est quant à lui dans le viseur de plusieurs clubs prestigieux, tandis qu'Arnaud Nordin est lui aussi sollicité.

Mais que les supporters des Verts se rassurent, offrir un avenir au club est au coeur de toutes les préocuppations au sein d'un organigramme plus que jamais sous la houlette de Claude Puel et désormais complété par l'arrivée de Jean-Luc Buisine, ancien du LOSC et du Stade Rennais notamment, au poste de directeur du recrutement. Preuve en est, en plus de la signature espérée d'Adil Aouchiche, les Stéphanois ont déjà assuré leurs arrières en prolongeant les contrats de Charles Abi et Mahdi Camara (formés au club), en s'attachant les services des prometteurs Jean-Philippe Krasso (22 ans) et Setigui Karamoko (20 ans) ou encore en faisant parapher un premier contrat professionnel à Lucas Gourna-Douath (16 ans), Mathys Saban (18 ans) et Etienne Green (19 ans). Sans faire de bruit, la révolution est bel et bien en marche à Sainté.


