La probabilité que la finale de samedi dernier se déroule autrement que de manière absolument scandaleuse était de toute façon proche de zéro, compte tenu de la manière abjecte dont le Real Madrid a géré sa semaine de préparation. Celle-ci a débuté par un véritable réquisitoire public contre l'arbitre désigné pour la rencontre, Ricardo De Burgos Bengoetxea, orchestré et diffusé sans vergogne sur la chaîne de télévision interne du club, Real Madrid TV. Ce n'était d'ailleurs pas une première pour le club madrilène, qui a ainsi diffusé un montage vidéo compilant de supposées erreurs d'arbitrage passées commises par cet officiel, laissant très clairement entendre que M. De Burgos Bengoetxea était partial et nourrissait un parti pris hostile à l'encontre du Real Madrid. Ne s'arrêtant pas là dans l'escalade de la pression, le club merengue a ensuite officiellement demandé, quelques jours seulement avant le coup d'envoi de la finale, le remplacement pur et simple de l'équipe arbitrale initialement désignée. Face au tollé provoqué, le Real a même dû piteusement démentir des rumeurs persistantes selon lesquelles les dirigeants envisageaient sérieusement de boycotter purement et simplement la finale.
Face à cette campagne de dénigrement ciblée et d'une rare violence psychologique, De Burgos Bengoetxea a littéralement fondu en larmes lors d'une conférence de presse d'avant-match organisée par la fédération. Au bord de la rupture, il a révélé l'impact dévastateur de cette cabale orchestrée par le Real Madrid sur sa vie personnelle et familiale. « Quand votre enfant va à l'école, qu'on lui répète à longueur de journée que son père est un 'voleur' et qu'il rentre systématiquement à la maison en pleurant... c'est vraiment, vraiment très dur à vivre », a-t-il confié aux journalistes présents, la voix brisée par l'émotion. « Ce que j'essaie de faire au quotidien, c'est d'éduquer mon fils du mieux que je peux, de lui expliquer que son père est un homme honnête, qu'il fait parfois des erreurs sur le terrain, comme n'importe quel autre sportif de haut niveau. Mais c'est une vraie souffrance psychologique, et sincèrement, je ne souhaite à personne de vivre ça. »
L'arbitre espagnol a poursuivi, visiblement très affecté : « Le jour où j'arrêterai ma carrière, je veux que mon fils soit fier de ce que son père a été et de ce que représente réellement l'arbitrage, un rôle qui, malgré tout, nous a inculqué tant de valeurs humaines fondamentales. Ce que beaucoup de nos collègues arbitres subissent actuellement, et je ne parle pas seulement du football professionnel mais aussi et surtout au niveau amateur chaque week-end, est profondément injuste. Chacun dans le monde du football devrait prendre le temps de réfléchir sérieusement à la direction que l'on veut collectivement prendre, à ce que l'on attend vraiment du sport et du football. »
Naturellement, ces agissements intolérables du Real Madrid ont été largement et quasi unanimement condamnés par l'ensemble du monde du football. Pourtant, comment imaginer une seconde que De Burgos Bengoetxea ait pu aborder ce match couperet dans des conditions psychologiques normales ? On peut légitimement penser qu'il ait pu être influencé, même inconsciemment, dans certaines de ses décisions par cette pression externe malsaine. Et qui pourrait sincèrement oser le lui reprocher après un tel traitement ? Mais le plus ironique dans cette histoire sordide, c'est que même en dépit de cette pression éhontée mise sur l'arbitrage, l'équipe de Carlo Ancelotti a perdu cette finale à la régulière, sans contestation possible. Et elle a quand même réussi l'exploit peu glorieux d'accumuler trois cartons rouges directs durant la rencontre. Bien joué, les gars. Vraiment.