Le bouquet final, le PSG compte sur Kylian Mbappé pour éviter le fiasco en Ligue des Champions

L'histoire de Mbappé en Ligue des champions est mitigée. Les statistiques suggèrent qu'à 24 ans, il est déjà l'un des joueurs les plus performants de la compétition. Il a marqué 43 buts, soit plus que Wayne Rooney, Arjen Robben et Sergio Agüero, et autant que son ancien coéquipier Neymar. À son rythme actuel, sauf blessure ou déclin soudain, il pourrait atteindre le record de Cristiano Ronaldo de 140 buts dans la compétition.

Mais la Ligue des champions, ce n'est pas tant les buts que les moments de gloire. C'est Steven Gerrard à Istanbul, Zinedine Zidane à Glasgow ou Teddy Sheringham et Ole Gunnar Solskjaer à Barcelone. Pourtant, depuis qu'il est devenu une véritable star mondiale, Mbappé n'a jamais vraiment réussi à signer cette performance que l'on n'oublie pas en Ligue des champions.

On pense notamment à son premier but contre Manchester City alors qu'il était à la pointe de l'attaque monégasque en 2017, qui a permis d'éliminer l'équipe de Pep Guardiola de la compétition. Son triplé contre Barcelone en huitième de finale en 2020 n'est pas mal non plus. Mais depuis, l'attaquant français n'a pas vraiment fait preuve de virtuosité dans les matches les plus importants.

La majorité de sa carrière européenne a été marquée par son rôle dans les défaites célèbres, son manque d'effort défensif dans les matches décisifs s'étant avéré préjudiciable lors de quelques éliminations retentissantes.

Après que le PSG a été battu à plate couture par le Bayern Munich en quarts de finale la saison dernière, Mbappé a déclaré aux journalistes que le Bayern "a une équipe construite pour gagner la Ligue des champions" et que c'est ce qui manquait aux Parisiens. Pourtant, il avait Lionel Messi et Neymar à ses côtés dans l'effectif francilien.

Cette déclaration a servi d'avertissement, en quelque sorte. Mbappé flirtait déjà avec le Real Madrid en vue d'un éventuel transfert cet été, et le fait qu'il se lamente sur l'état de son club actuel a donc été perçu comme un signe d'un transfert inévitable.

Mais après que Mbappé a rejeté un transfert vers la Saudi Pro League pendant le mercato d'été - et que Madrid n'a pas réussi à conclure un accord - l'ancien Monégasque a été réintégré dans l'équipe. La condition principale, bien que tacite, de son retour était d'apporter au PSG la gloire européenne. Il l'a répété au fil des ans : son rêve est de remporter la Ligue des champions avec le club de sa ville natale.

Le propriétaire Nasser Al-Khelaifi et l'entraîneur Luis Enrique ont, chacun à sa façon, soutenu la demande de Mbappé. Bien que l'entraîneur ait reconnu que le PSG est peut-être "obsédé" par la victoire dans cette compétition, il a confirmé que l'objectif de son club est de la remporter. Al-Khelaifi n'a jamais caché son désir de soulever le trophée, le seul trophée collectif important qui manque à son musée depuis qu'il a acheté le club avec le QSI il y a plus de 12 ans.

Les rumeurs de départ de Mbappé ont récemment repris de plus belle. C'est pourquoi on pourrait penser à une dernière chance de remporter un succès européen dans la capitale française. Dans cette optique, les choses n'ont toutefois pas été faciles jusqu'à présent après que Paris se soit retrouvé dans le "groupe de la mort" de la compétition.

Le PSG a commencé sa campagne dans un confort relatif, en tenant Dortmund à distance lors d'une victoire 2-0 au Parc des Princes. Mais les choses ont totalement basculé avec le déplacement à St. James' Park. Luis Enrique ne commet pas souvent de grosses erreurs tactiques, mais il s'est trompé de dispositif dans le nord-est de l'Angleterre. Il a joué en 4-2-4 face à la puissance du milieu de terrain de Newcastle et a vu son équipe malmenée non seulement par trois grands hommes au milieu, mais aussi par le rugissement de 52 000 supporters en délire. Il n'a pas contesté la défaite 4-1, même s'il a affirmé, de manière déconcertante, que son équipe méritait le résultat.

Depuis, la constance n'a pas été au rendez-vous. L'équipe a battu l'AC Milan à domicile, avant de perdre 2-1 à San Siro après avoir mené 1-0. Plus récemment, lors de la cinquième journée, ils ont eu la chance d'arracher un match nul 1-1 à Paris contre Newcastle, blessé. L'équipe d'Eddie Howe a réalisé une performance magistrale avec une équipe décimée, mais une décision sévère concernant une main en fin de match a permis au PSG d'obtenir un penalty à la 98e minute. Mbappé l'a évidemment transformé.

Si le PSG ne gagne pas, il pourrait être bouté hors de l'épreuve bien plus tôt que prévu. Une victoire de Newcastle à domicile contre Milan signifierait que le PSG aurait besoin de trois points. Si Milan gagne ce match, les Parisiens peuvent se contenter d'un match nul. Mais pour une équipe dont les objectifs dépassent les limites de la phase de groupes, tout autre résultat qu'une victoire - même si elle se qualifie - sera considéré comme un échec.

Il leur faudra donc prendre trois points sur le terrain de Dortmund pour assurer leur qualification. L'équipe allemande s'est déjà qualifiée pour les huitièmes de finale, mais elle voudra tout de même remporter le groupe pour s'éviter un 8e de finale compliqué. Si le PSG manque encore une fois de gagner à l'extérieur, il lui faudra donc prier pour rester en course.

Il ne peut être question que de Mbappé ce mercredi soir, l'homme qui a promis à plusieurs reprises de porter son équipe vers la gloire européenne. Jusqu'à présent, sur la scène nationale, il a fait ce qu'il fallait pour donner du poids à sa promesse. L'ailier connaît une nouvelle saison prolifique, avec 18 buts en 19 matches, toutes compétitions confondues, et un nombre de passes décisives en hausse.

En revanche, ses statistiques européennes ne sont pas aussi convaincantes. Le vice-capitaine du PSG a trouvé le chemin des filets à trois reprises en cinq rencontres, dont deux fois sur penalty. Les grands matches - les défaites à l'extérieur contre Newcastle et Milan - ont été parmi ses pires performances de la campagne. Que ça soit à Saint James Park ou à San Siro, il a erré comme un fantôme sur le terrain.

Les adversaires, semble-t-il, ont trouvé le moyen de le neutraliser. Sans Neymar et Messi dans l'équipe, le PSG est désormais plus facile à défendre pour les équipes de l'élite européenne. Auparavant, Mbappé se voyait systématiquement proposer des duels en un contre un en raison de l'importance de la concentration défensive qui devait être appliquée à ses coéquipiers. Aujourd'hui, Mbappé est régulièrement encerclé lorsqu'il reçoit le ballon, contraint d'éliminer plusieurs défenseurs à la fois et il est souvent mis à mal avant même de pouvoir essayer.

Il voit encore beaucoup le ballon, mais il le reçoit rarement dans la profondeur, avec un espace où il peut faire parler ses qualités. Il s'avère, sans surprise, qu'il est plus facile d'arrêter une superstar que trois.

Qu'en est-il de l'adversaire ? Bien que le PSG ait eu la tâche facile contre Dortmund à domicile lors de la première journée, le match qui se profile est loin d'être simple. Depuis cette rencontre au Parc, l'équipe d'Edin Terzic est invaincue en Europe et le Signal Iduna Park est un lieu redoutable. Dortmund n'a pas perdu un match de Ligue des champions à domicile depuis deux ans et a remporté de nombreuses victoires sur son terrain au fil des ans.

Les Schwarzgelben ne font peut-être pas feu de tout bois en Bundesliga - ils sont déjà cinquièmes à 11 points du leader, le Bayer Leverkusen - mais les soirées européennes semblent leur permettre de donner le meilleur d'eux-mêmes. C'est sans doute ce rendement européen qui a permis à Terzic de conserver son poste.

Pourtant, cette équipe présente des faiblesses. Elle n'est pas particulièrement prolifique cette année et n'est pas très dangereuse sur le plan offensif. Terzic ne semble toujours pas savoir quelle est sa meilleure configuration dans le dernier tiers, s'appuyant fortement sur un Niclas Fullkrug irrégulier. Marco Reus, quant à lui, n'est plus à son meilleur niveau, tandis que Karim Ademyimi n'est pas encore à la hauteur de l'immense battage médiatique dont il a fait l'objet.

L'équipe n'est pas non plus de classe mondiale en défense et son manque de vitesse en défense centrale pourrait être un vrai problème face à la ligne d'attaque athlétique du PSG. Si le PSG que Luis Enrique a essayé de faire monter en puissance se montre à la hauteur alors la qualification devrait être possible.

En conférence de presse d'avant-match, Luis Enrique a décrit ce match comme un exemple de "bonne pression". L'Espagnol devrait pourtant faire profil bas. Il n'a pas réussi à tirer le meilleur de cette équipe en Europe, et même après avoir demandé à ses joueurs de considérer le match contre Newcastle il y a deux semaines "comme une finale", il n'a pas été en mesure de leur faire réaliser une performance de haut niveau.

Aujourd'hui, il doit le faire. Les coachs du PSG qui échouent en Ligue des champions perdurent rarement à leurs postes. Laurent Blanc, Carlo Ancelotti, Unai Emery, Thomas Tuchel, Mauricio Pochettino et Christophe Galtier ont tous échoué à un moment ou à un autre, alors qu'ils disposaient d'équipes au talent indéniable.

Si Luis Enrique ne se qualifie pas mercredi, il pourrait être le prochain grand entraineur à succomber à la pression parisienne. Ce serait peut-être la dernière preuve qu'il s'agit d'un "impossible job". Si l'on en croit les rumeurs, l'Espagnol n'était pas le premier choix du conseiller en football Luis Campos, et il pourrait donc ne pas y avoir beaucoup de sentiments si les choses tournent mal. Une épée de Damoclès sera brandie au dessus de sa tête.

Il serait inacceptable que le PSG joue l'Europa League, malgré l'état actuel de sa reconstruction, et il est presque certain que cela entraînera le départ de Mbappé à la fin de la saison - ou peut-être même avant. Le même joueur à qui il incombe d'offrir le titre qui manque tant au club.