Dembélé Ballon d'Or ? Pas si vite : pourquoi Vitinha et Hakimi le méritent plus

Soyons clairs : Ousmane Dembélé serait un beau vainqueur, et son histoire est magnifique. Celui qui fut longtemps considéré comme le pire transfert de l'histoire du Barça a enfin réalisé son immense potentiel à Paris. L'« idée du siècle » de Luis Enrique, qui a eu le génie de le repositionner dans l'axe, y est pour beaucoup. C'est là qu'il a fait plus de dégâts que jamais.

Mais il y a aussi eu ce que Kylian Mbappé a appelé un « déclic mental ». À 28 ans, Dembélé a enfin grandi. Il a enfin compris l'importance du travail et a réalisé que pour briller sur le terrain, il fallait d'abord être irréprochable en dehors.

À Barcelone, on doit encore grincer des dents en se souvenant de la manière dont ce joueur, de son propre aveu, a « gâché cinq ans de sa carrière » au Camp Nou, avant de quitter le club dans des conditions peu avantageuses pour les Catalans. Mais cette histoire de rédemption est une narration puissante, qui séduira sans aucun doute de nombreux jurys. C'est une belle histoire. Mais est-ce suffisant pour être le meilleur joueur du monde ?

Les statistiques de Dembélé la saison dernière sont, il est vrai, impressionnantes. Il a terminé l'exercice 2024-2025 avec 37 buts et 16 passes décisives, club et sélection confondus. Et ce total inclut des buts cruciaux contre Manchester City, Stuttgart, Liverpool et Arsenal lors de la campagne victorieuse en Ligue des Champions. Il a su répondre présent dans les moments décisifs, c'est indéniable.

Cependant, il ne faut pas oublier qu'il n'a véritablement pris feu qu'à partir de janvier. 35 de ses 51 contributions décisives en club ont été réalisées après le Nouvel An. Luis Enrique en a même plaisanté : « Il faudrait demander à Ousmane ce qu'il a mangé à Noël ! ».

Dans l'euphorie de sa renaissance, on oublie aussi un peu vite qu'il a été écarté du groupe pour le match contre Arsenal en Ligue des Champions pour des raisons disciplinaires, et qu'il a été expulsé lors de la défaite contre le Bayern Munich en novembre, une défaite qui a failli coûter l'élimination au PSG. Une saison exceptionnelle, certes, mais qui n'a véritablement duré que six mois.

Mais au-delà de tout, Ousmane Dembélé n'a tout simplement pas atteint le même niveau d'excellence et de régularité que Vitinha ou Achraf Hakimi. Alors que ces deux derniers peuvent légitimement prétendre être les meilleurs joueurs du monde à leur poste, ce n'est absolument pas le cas de Dembélé. D'autres attaquants en Europe ont été plus constants que lui la saison dernière. Mohamed Salah, Raphinha, Harry Kane et Kylian Mbappé ont les statistiques pour le prouver. Et jamais Dembélé n'a produit ces éclairs de génie avec lesquels un Lamine Yamal a ébloui la planète.

De plus, si Dembélé a souvent été à la conclusion des actions et a mené le pressing avec brio, il était loin d'être le seul attaquant parisien à briller. Khvicha Kvaratskhelia et Désiré Doué ont également été exceptionnels.

Non, la vérité est ailleurs. Vitinha et Achraf Hakimi, eux, étaient les véritables rouages essentiels de la machine à gagner de Luis Enrique. Les architectes de l'ombre, sans qui les exploits de Dembélé n'auraient pas été possibles.

Trent Alexander-Arnold a beau dire qu'il veut devenir le premier arrière droit à remporter le Ballon d'Or, si quelqu'un doit réaliser cet exploit, ce sera Achraf Hakimi. Car il n'évolue tout simplement pas dans la même dimension que ses pairs. La saison dernière en Ligue des Champions, par exemple, le Marocain a été le joueur qui a récupéré le plus de ballons (110). Il a aussi été le défenseur le plus décisif d'Europe, avec neuf contributions directes (buts ou passes).

Hakimi est l'incarnation du footballeur total, parfaitement à l'aise dans n'importe quelle zone du terrain, avec ou sans le ballon. Il est devenu un élément absolument essentiel, non seulement de la défense du PSG, mais aussi de son attaque.

« Hakimi n'est pas vraiment un latéral », a admis Luis Enrique le mois dernier.« Il a une totale liberté. Avec le ballon, il peut être tout ce qu'il veut ». En résumé, il n'existe pas aujourd'hui de défenseur plus créatif, plus complet ou plus influent que lui dans le monde.

Mais s'il y a bien un joueur qui fait tourner le PSG, c'est Vitinha. Bien sûr, le meneur de jeu portugais est admirablement entouré par son compatriote João Neves et l'élégant Fabián Ruiz. Mais c'est bien lui qui est le liant de toute l'équipe, le véritable patron du milieu de terrain.

La saison dernière en Ligue des Champions, il a été le joueur qui a réussi le plus de passes (1294), avec un taux de réussite ahurissant de 93,6 %. Une statistique d'autant plus impressionnante pour un joueur qui prend autant de risques et qui cherche constamment à casser les lignes. Car Vitinha n'est pas un simple métronome. Il a créé autant d'occasions que Jude Bellingham ou Vinícius Jr (23).

Mais son influence ne s'arrête pas là. Il se classe également troisième pour les ballons récupérés (86) et les interceptions (21). Et il a été élu "Homme du match" à trois reprises lors de la phase à élimination directe, plus que n'importe quel autre joueur.

On comprend mieux pourquoi Luis Enrique est tombé sous son charme. Il le décrivait déjà comme le meilleur joueur du PSG alors que Mbappé était encore au club, et son importance n'a fait que croître. « Il est unique », déclarait le coach en février. « Il gère le ballon à la perfection, ne le perd pas. Il est fort physiquement, mentalement, et il incarne le milieu de terrain parfait ».

Ousmane Dembélé, malgré toutes ses qualités, est encore loin d'être parfait. Et bien que sa transformation depuis le début de l'année mérite d'être saluée, Achraf Hakimi et Vitinha ont joué des rôles bien plus importants dans le sacre européen tant attendu du PSG.

Bien sûr, ce fut avant tout le triomphe du collectif, d'un club qui a enfin compris la valeur de l'équipe plutôt que celle des individualités. Par conséquent, le PSG présente plusieurs candidats crédibles au Ballon d'Or. Et c'est peut-être là que le bât blesse pour Dembélé, Hakimi et Vitinha. Le risque qu'ils se cannibalisent et se prennent des points les uns aux autres est réel, ce qui pourrait faire les affaires du chouchou des médias, Lamine Yamal.

Le rédacteur en chef de France Football l'avait d'ailleurs souligné l'année dernière : « Vinícius a probablement souffert de la présence » de ses coéquipiers Jude Bellingham et Dani Carvajal dans le top 5, ce qui a divisé le "vote madrilène".

Alors, aurons-nous un vainqueur surprise en 2025 ? Avec Hakimi et Vitinha qui présentent des candidatures plus solides que le favori Dembélé, c'est tout à fait possible. Mais nous ne le saurons que le soir de la cérémonie... ou peut-être un peu plus tôt, si le PSG décide d'imiter le Real Madrid et de bouder l'événement !