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Ancelotti sur la sellette ? Le vrai mal du Real est ailleurs

La saison 2024-2025 du Real Madrid est en train de dérailler. Les Merengue ont perdu du terrain sur le Barça dans la course au titre après une défaite 2-1 à domicile contre Valence, avant d’être balayés 3-0 par Arsenal à l’Emirates Stadium lors du quart de finale aller de la Ligue des champions. Et Carlo Ancelotti, logiquement, commence à montrer des signes d’agacement.

« Pourquoi ai-je du mal à insuffler de l’ambition à ces joueurs ? » s’est-il interrogé après le revers face aux Gunners. « C’est un peu le problème récurrent cette saison : on a du mal à rester compacts, aussi bien dans les bons que dans les mauvais moments. » En effet, les Londoniens ont trouvé trop facilement la faille dans une défense madrilène souvent dépassée lors des grands rendez-vous.

Comme toujours au Real Madrid, c’est l’entraîneur qui trinque en premier. Selon Relevo, si Ancelotti ne parvient pas à décrocher un trophée majeur d’ici la fin de saison — malgré une finale de Coupe du Roi à venir face au Barça — il sera sacrifié.

Le club aurait même déjà coché le nom de Xabi Alonso, l’entraîneur du Bayer Leverkusen, pour lui succéder. Mais congédier l’illustre technicien italien ne suffira pas à résoudre les problèmes de fond.

Ancelotti fait les frais d’un mercato incohérent, et les lacunes structurelles de l’effectif sont désormais impossibles à ignorer. Peu importe l’identité de l’homme sur le banc : tant que l’effectif ne retrouvera pas un minimum d’équilibre, Madrid restera une équipe trop dépendante des exploits individuels, sans véritable plan B.

  • Antonio Rudiger Real Madrid 2024Getty Images

    Pas de profondeur en défense

    Le Real Madrid n’a réalisé qu’un seul recrutement majeur l’été dernier : la superstar française championne du monde, Kylian Mbappé. L’arrivée tant attendue de l’ancien attaquant du Paris Saint-Germain a été perçue comme une nouvelle démonstration d’ambition de la part du club, après le doublé Liga-Ligue des champions décroché lors de la saison 2023-2024. Il représentait sans conteste une énorme montée en gamme par rapport à Joselu, nettement sur le déclin, et parti rejoindre Al-Gharafa au Qatar.

    Mais des lacunes bien plus évidentes n’ont pas été comblées. Le milieu emblématique Toni Kroos a pris sa retraite, tandis que le capitaine polyvalent Nacho a filé en Arabie saoudite, laissant un vide criant dans le secteur défensif.

    Ancelotti a donc été contraint de débuter la saison avec seulement deux véritables défenseurs centraux de métier : Antonio Rüdiger et Éder Militão, David Alaba étant toujours en convalescence après sa rupture des ligaments croisés intervenue en décembre 2023. Sur le flanc droit, Dani Carvajal était le seul spécialiste du poste, tandis qu’à gauche, la tâche devait se partager entre Ferland Mendy et Fran García.

    Sans réelle profondeur défensive, le Real s’exposait à des problèmes… et ils ne se sont pas fait attendre.

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    Un hiver discret… et fatal

    Lors de la victoire 2-0 du Real Madrid face à Villarreal au Bernabéu en octobre, Dani Carvajal a été victime d’une rupture du ligament croisé antérieur, nécessitant une opération. Le mois suivant, c’est Éder Militão qui a connu la même mésaventure lors du large succès contre Osasuna (4-0) — une rechute dramatique, puisqu’il revenait tout juste d’une blessure similaire qui l’avait éloigné des terrains pendant huit mois en 2023-2024. Face à l’urgence, Carlo Ancelotti a dû faire appel au jeune Raúl Asencio, issu du centre de formation.

    Si les Merengue ont relativement bien géré la période des fêtes, une défaite 2-1 à Bilbao puis un nul spectaculaire 3-3 contre le Rayo Vallecano ont sérieusement compromis leurs ambitions en Liga. Il était évident que des renforts défensifs devenaient indispensables lors du mercato hivernal. D’autant plus après la gifle reçue en Supercoupe d’Espagne le 12 janvier : un cinglant 5-2 infligé par le Barça, pourtant réduit à dix pendant les 34 dernières minutes du match à Riyad.

    Mais au moment où le marché s’est refermé, aucune recrue n’était arrivée. Le retour tant espéré de David Alaba a été brandi comme un renfort suffisant, malgré ses 399 jours passés à l’infirmerie et une condition physique encore loin du niveau requis.

    Il n’est donc pas surprenant de voir le Real craquer dans le sprint final. Ancelotti a poussé son effectif à bout, repositionnant certains cadres loin de leurs zones de confort, tout en piochant dans la Cantera : Jacobo Ramón, Lorenzo Aguado, Chema Andrés ou encore Gonzalo García ont tous été appelés en renfort… sans illusion.

  • Real Sociedad v Real Madrid -  Copa del ReyGetty Images Sport

    Le Real a besoin d’un miracle

    Comme si cela ne suffisait pas, Carlo Ancelotti a également perdu un autre élément fiable en la personne de Dani Ceballos, victime d’une blessure aux ischio-jambiers en février. Ferland Mendy, de son côté, est à l’infirmerie depuis un mois pour une blessure similaire. Résultat : ils ne sont que neuf joueurs de champ à avoir véritablement la confiance du coach italien cette saison, alignés presque systématiquement : Rüdiger, Lucas Vazquez, Valverde, Tchouaméni, Modric, Bellingham, Camavinga, Rodrygo, Vinicius Junior et Mbappé.

    Dans ces conditions, il faudrait un véritable miracle pour que le Real réussisse à renverser Arsenal en Ligue des champions ou doubler le Barça dans la course au titre en Liga. Cette situation pèse visiblement sur Ancelotti, qui passe depuis trop longtemps son temps à tâtonner, à modifier ses compositions et ses systèmes pour compenser le déséquilibre criant de son effectif.

    Le banc n’apporte aucune solution concrète. Le technicien n’est toujours pas convaincu par les jeunes prodiges Endrick et Arda Güler, qu’il juge encore un peu tendres pour le plus haut niveau. Quant aux joueurs issus de la Cantera, Marco Asensio est le seul à avoir laissé une trace notable — mais son départ a laissé un vide non comblé.

    Bien sûr, tout n’est pas encore perdu. Mais si le Real veut rêver encore, il va falloir que quelque chose change… et vite.

  • Vinicius MbappeGetty

    Vinicius et Mbappé montrés du doigt

    Le principal problème du Real Madrid en ce moment, c’est qu’il encaisse beaucoup trop de buts. Et cela ne s’explique pas uniquement par la malchance liée aux blessures ou une mauvaise gestion du mercato.

    D’après The Athletic, certains membres du staff madrilène s’inquiètent depuis le début de saison du manque d’efforts défensifs de la ligne offensive. Ce reproche a pris tout son sens face à Arsenal, où Mbappé et Vinicius ont été coupables d’un pressing timide et désorganisé, au grand dam de l’ancien milieu de terrain du club, Álvaro Benito.

    « Cours, serre les fesses ! Un joueur qui veut être champion, comme Vinicius ou Mbappé, doit montrer l’exemple. Ils ne se battent pour rien », a-t-il déclaré sur Cadena SER. « Il y a eu des matchs où ils laissaient les adversaires se retourner librement. Si tu ne veux pas faire les efforts, au moins empêche ton vis-à-vis de se retourner ! Même Ronaldo Nazario le faisait. »

    Selon Radio Marca, Ancelotti aurait déjà convoqué Vinicius, Mbappé et Rodrygo après la lourde défaite en Supercoupe d’Espagne contre le Barça pour les mêmes raisons. Une rencontre au cours de laquelle Mbappé n’avait parcouru que 5 kilomètres, soit moins, selon l’ironie d’Ancelotti, que le gardien Thibaut Courtois.

    Il est probable qu’ils aient de nouveau entendu parler du pays après la déroute à l’Emirates, puisque le Real a parcouru 12,7 km de moins qu’Arsenal durant les 90 minutes. La faillite défensive est collective, mais ce sont Mbappé, Vinicius et Rodrygo qui sont censés initier le pressing haut. Et leur implication est tout simplement insuffisante.

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    Ancelotti vers une sortie par la petite porte ?

    À l’heure actuelle, la carrière d’entraîneur de Carlo Ancelotti semble se diriger vers une sortie en douceur. L’Italien de 65 ans a été fortement pressenti pour prendre la tête de la sélection brésilienne, désormais vacante après le limogeage de Dorival Junior. Mais il a déjà reconnu que le football international ne l’enthousiasme pas particulièrement.

    S’il reste fidèle à sa parole, Ancelotti prendra sa retraite à l’expiration de son contrat avec le Real Madrid en 2026, ou bien plus tôt s’il venait à être licencié. « Cette étape au Real Madrid mettra fin à ma carrière », avait-il déclaré au journal Il Messaggero en 2022. « Après le Real Madrid, je prendrai ma retraite. Le Real est le sommet du football. Il est logique de tirer sa révérence après une telle expérience. »

    Dans cette même interview, Ancelotti livrait aussi une réflexion révélatrice sur son évolution en tant qu'entraîneur : « Il y a encore quelques années, ma priorité, c’était la tactique. Désormais, je me concentre davantage sur les relations humaines, sur la connaissance des gens et des nouvelles générations. » Une posture qui aujourd’hui semble se retourner contre lui.

    Le Real Madrid a besoin d’un tacticien pur et dur pour aller de l’avant, surtout si Florentino Perez continue de serrer les cordons de la bourse. C’est d’ailleurs probablement la raison pour laquelle le club cible Xabi Alonso, qui a bâti la meilleure équipe de l’histoire du Bayer Leverkusen avec un budget restreint.

    Ancelotti reste un excellent gestionnaire d’hommes, avec un palmarès impressionnant et un vrai talent pour sublimer les stars. Mais il n’est pas un stratège du calibre d’Alonso ou de Pep Guardiola. Et même si certaines critiques à son encontre sont exagérées, il n’a jamais réussi cette saison à construire un onze de départ cohérent. Le conserver une saison de plus sans modèle de jeu durable n’aurait tout simplement aucun sens.

  • Ancelotti Real HIC 2:1Getty

    Un grand ménage s’impose

    Cela ne veut pas dire que Xabi Alonso, ou n’importe quel autre successeur de Carlo Ancelotti, pourra transformer magiquement le Real Madrid en meilleure équipe du monde du jour au lendemain. Le gigantesque chantier de rénovation du Bernabeu, évalué à un milliard de livres sterling, continuera de primer sur les investissements dans l’effectif, ce qui laisse présager un été une fois de plus très calme sur le marché des transferts.

    Les supporters madrilènes accueilleront avec enthousiasme un nouveau « Galactique » avec l’arrivée de Trent Alexander-Arnold, en fin de contrat à Liverpool. Mais il reste à savoir si d'autres opérations onéreuses seront réalisées. Bien que l’international anglais devrait résoudre en grande partie le casse-tête du poste de latéral droit, le Real a également besoin de deux nouveaux défenseurs centraux et d’au moins un milieu de terrain, alors que le contrat de Luka Modric, 39 ans, n’a toujours pas été prolongé.

    Impossible, dans ces conditions, pour les Merengue de conserver leur domination sur la Ligue des champions ou de rester dans l’ombre d’un Barça de plus en plus impressionnant sous Hansi Flick. Un constat appuyé par un chiffre glaçant : le Real a déjà perdu 11 matchs toutes compétitions confondues en 2024-2025, soit neuf de plus que sur l’ensemble de la saison précédente.

    Le départ d’Ancelotti au profit d’un entraîneur plus jeune et plus audacieux semble inévitable. Mais ce ne sera pas la décision la plus déterminante. Tant que les lacunes de l’effectif ne seront pas comblées, les humiliations contre les poids lourds européens – comme celle subie à Londres contre Arsenal – risquent de se multiplier, et les grands trophées de s’éloigner inexorablement.