Julien Stephan Olivier Stephan

Stade Rennais - Le cas Ben Arfa, symbole de la crispation entre Létang et Stéphan

Hatem Ben Arfa n'est pas du genre à gaspiller son temps médiatique. Chaque fois qu'il décide de se mettre en face des caméras ou des micros, la star rennaise prend soin de lâcher une ou deux 'punchlines' qui ne manqueront pas d'alimenter l'actualité des jours suivants. C'est ainsi que, après le match nul face à Guingamp (1-1, 36ème journée de Ligue 1) le week-end dernier, sa nouvelle sortie est vite devenue virale : "Ce match et les précédents me permettent d’avancer dans mon cheminement (par rapport à son avenir, ndlr) parce que je suis orienté par le jeu et ce qu’on nous propose, niveau jeu, c’est limité quand même, donc ça m’oriente", avait-il commenté au milieu d'une ribambelle d'autres déclarations mettant en cause le jeu de son équipe et donc, par ricochet, le travail de son entraîneur, Julien Stéphan, sous contrat jusqu'en 2020. Ce jeudi, en conférence de presse, le coach est revenu sur les propos de son joueur en pointant du doigt plusieurs responsabilités. 

"Hatem est libre de penser ce qu’il veut, a-t-il asséné. Même si je remarque que ces dernières semaines, à plusieurs reprises, il a dit tout le contraire... Ces propos peuvent diviser un vestiaire et ne sont pas sans conséquence, parce qu’ils ne sont pas partagés par les joueurs." Un premier tacle envers son numéro 18 sans doute moins engagé que le suivant. Car après avoir repris Ben Arfa, qui est venu conseiller les U19 du club ce jeudi, Julien Stéphan s'est occupé de sa direction dont l'absence de réaction suscite de vraies interrogations. "[L'absence de réaction] m’interpelle, parce que ça met l’unité collective à mal. Ça m’interpelle et je m’interroge. Mon avenir ici ? Il faudra discuter. Pour mener à bien un projet, il faut être sûr de pouvoir le porter de manière efficace. Il faut que je discute avec mes dirigeants pour voir comment ça va se passer."

En filigrane, le technicien soulève les crispations qui existent dans la relation de travail qu'il entretient avec son président Olivier Létang, qui n'a pu être joint jeudi, et dont les relations avec l'ancien entraîneur Sabri Lamouchi avaient elles aussi pris du plomb dans l'aile, avant l'éviction devenue inévitable de celui qui avait pourtant été choisi par le dirigeant en personne.

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Létang veut contrôler, Stéphan veut plus de responsabilités

Revenons au cas Ben Arfa, car il est le symbole le plus prononcé des oppositions qui peuvent exister dans la gestion des événements. Selon nos informations, Julien Stéphan avait en tête de ne pas aligner l'ancien parisien face à Guingamp et se serait vu rétorquer de la part d'Olivier Létang que l'option n'était pas envisageable. Dans les coursives du Roazhon Park, dimanche, le coach a d'ailleurs eu une discussion avec Sylvain Armand qui disait en substance : "Vous avez voulu qu'il joue, il a joué tout seul et voilà ce que ça a donné." Et si le cas Ben Arfa est au centre de l'histoire, il n'en reste pas moins qu'une simple illustration. 

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En réalité, le problème est plus étendu que la simple gestion du cas Ben Arfa. Dans son mode de fonctionnement, Olivier Létang se calque en caricature sur le modèle de Jean-Michel Aulas, en incarnant les pleins pouvoirs exercés sur toutes les strates du club. De son côté, Julien Stéphan souhaiterait que son président n'interfère pas sur le côté purement sportif, à savoir le management de l'équipe première. Ce qu'il lui a déjà fait savoir il y a plusieurs semaines.

L'entraineur rennais réclame plus de responsabilités et une implication moins partielle dans les décisions liées à l'orientation sportive de son équipe. Alors que le Stade Rennais signe une saison historique avec son premier titre en 48 ans, des discussions devront avoir lieu en fin de saison pour que les acteurs de ce renouveau continuent sur la même longueur d'ondes. Et que les sourires affichés par les deux hommes, bras dessus, bras dessous, dans les rues de Rennes après la victoire en Coupe de France ne deviennent pas prématurément de l'histoire ancienne.

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