Ce but, il l'attendait. Près de quatre mois après son arrivée au PSG, Hugo Ekitike a donc ouvert son compteur face à Auxerre. Une délivrance pour le garçon originaire de Cormontreuil (Marne) dans la banlieue de Reims, qui attendait cet événement depuis de longues semaines. Jusqu'à ce dimanche de la mi-novembre, le parcours a pourtant été long. Il y a d'abord eu ce retard dû à une blessure contractée lors du tournoi Maurice Revello en juin dernier avec l'équipe de France U20 et ces matches démarrés sur le banc dans l'ombre de la « MNM », ponctués de quelques entrées généreuses mais inefficaces ou brouillonnes. Au choix.
A la sortie de cette période, Ekitike a d'ailleurs connu ses premiers moments de frustrations qu'il a pu traduire par un trop plein d'engagement lors de certaines séances d'entraînement. Malgré une première titularisation contre Nice, ce sentiment a fini par trouver un prolongement dans les semaines suivantes. D'abord à Reims, où l'attaquant, de retour devant son public auquel il a distribué quelques maillots, n'est finalement pas entré en jeu alors que Paris était réduit à dix après l'expulsion de Sergio Ramos. Mais aussi à Ajaccio, où il pensait avoir des chances de démarrer, comme semblait l'indiquer la mise en place de veille de match au camp des Loges.
Pour passer outre ce sentiment, Ekitike a pu s'appuyer sur le soutien de certains de ses partenaires, dont Kylian Mbappé avec qui il a noué une relation particulière durant l'été. Le champion du monde, dont il partage régulièrement le véhicule sur le trajet retour du centre d'entraînement, a pu lui distiller quelques conseils. « J'ai beaucoup parlé avec lui. Il m'a donné beaucoup de conseils. Parfois c'est dur à entendre mais c'est un énorme joueur. Quand je le vois travailler, ça me donne envie », confiait-il sobrement dans la zone mixte du Parc.
De la frustration après Reims et Ajaccio
L'un des moments-clés a aussi été cette discussion avec Christophe Galtier. Habitué à dialoguer régulièrement avec ses joueurs, ce dernier n'avait que très peu discuté avec sa recrue. Au cours de cet échange, initié par l'ancien joueur de Reims, le technicien parisien l'a de nouveau incité à être patient et a tenté d'apaiser sa frustration, lui expliquant que « dans un tel effectif, sa progression passait aussi par les séances d'entraînement. »
« Il rongeait son frein, il était dans la frustration. Je lui ai dit de profiter de chaque instant dans les séances au contact des meilleurs joueurs au monde, décryptait l'entraîneur parisien qui raconte avoir vu un jeune homme très mature et très structuré. Il avait lâché à ce moment-là, ça peut se comprendre. Le travail du staff et le mien a été de le remobiliser, qu'il puisse retrouver une grande détermination à s'entraîner. Et séance après séance il s'est remis dans l'exigence, dans l'intensité. »
Getty ImagesDans les jours qui ont suivi, Ekitike a donc remis le bleu de travail. Entré en jeu à Turin, il démarrait ensuite à Lorient, ouvrant son compteur statistique en délivrant une passe décisive à Neymar. Et s'il avait pourtant le but grand ouvert, son choix de donner au Brésilien était aussi une manière de se fondre un peu plus dans le collectif. Le Brésilien le lui avait d'ailleurs rendu mais l'ex-buteur champenois avait manqué le cadre. Une opportunité qui avait suscité chez lui des regrets.
Alors qu'une grande partie de l'effectif a profité de trois jours de repos après le retour de Bretagne, Ekitike s'est accordé un break le lundi avant de faire son retour au centre Ooredoo mardi et mercredi pour des séances individuelles. Quelques jours plus tard, le travail a fini par payer. D'abord en délivrant une passe décisive pour Renato Sanches (4-0, 80e), puis en venant récupérer le ballon dans les pieds de Julian Janvier avant de finir tranquillement face à Costil. « Ça montre le travail que je fais ces dernières semaines. Je suis content, je suis sur une bonne dynamique. Il faut travailler, ne rien lâcher, il faut avoir le mental et je l'ai », lâchait-il devant les journalistes qui avaient bien remarqué l'engouement que son but a pu susciter auprès de ses partenaires.
"J'ai une confiance absolue en moi"
Venu célébrer cette première réalisation tout près de ses proches, Ekitike fut vite rejoint par l'ensemble de ses partenaires présents sur le terrain. Des petites claques, des petits coups de pied amicaux (notamment Mbappé) alors qu'il était au sol mort de rire, témoignaient de la joie de tout un groupe à laquelle il a répondu avec humour. « Déjà ils m'ont fait mal. (Rires.) J'ai une relation particulière avec eux parce que je suis plus jeune (20 ans), il y a la pression autour du PSG. C'est un but que tout le monde attendait, surtout moi. On me chambre beaucoup. C'est pour ça qu'ils sont venus, ça fait plaisir. C'est un bizutage », déclarait-il.
Getty ImagesEt puis il y eut aussi cette accolade avec Galtier, dont le discours, il y a de cela trois semaines, a visiblement eu un effet et a été apprécié par l'avant-centre. « Il prend le rythme, les repères. Pour un attaquant, il avait été malheureux à Lorient même s'il est à l'origine du premier but, rappelait son entraîneur. Là, il est entré et a marqué. C'est très bien pour lui. Il attendait ce premier but au Parc et sous le maillot parisien. C'est un sentiment de satisfaction pour lui et pour l'équipe et j'ai vu ses partenaires très heureux pour lui et ça c'est bon signe. »
Un premier but et deux passes décisives, Ekitike ne compte pas s'arrêter là. Dans leur échange, Galtier lui a rappelé que le retour des mondialistes et le calendrier chargé qui s'ensuit lui permettra d'avoir un peu plus de temps de jeu. « C'est bien de marquer maintenant même si j'aurais pu le faire plus tôt. Comme je l'ai dit, j'ai une confiance absolue en moi et la semaine dernière, j'ai dit que quand je marquerais, il y aurait des buts à foison », affirmait le dernier buteur parisien. Ça sera donc pour la deuxième partie de saison.




