Jurgen Klopp, Pep GuardiolaGetty

Premier League - Combien de temps la rivalité entre Klopp et Guardiola peut-elle rester amicale ?

Le bruit est monté rapidement. Un ronronnement devenu de plus en plus fort. Des encouragements et des sifflets, une vague d'applaudissements. Suffisant pour détourner l'attention de l'homme à l'avant de la pièce.

Pep Guardiola tenait une conférence de presse d'après-match au MetLife Stadium dans le New Jersey, mais plus personne ne l'écoutait. Sans s'en rendre compte, Jurgen Klopp lui avait volé la vedette. L'apparition surprise de l'entraîneur allemand à l'extérieur de la salle de presse suscita une telle agitation que, une fois la porte ouverte, Guardiola invita le boss de Liverpool sur scène avec lui.

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Les deux hommes s'embrassèrent chaleureusement, mais alors que Klopp s'asseyait, Guardiola se dirigeait droit vers la sortie. "Oh... au revoir !" souriait un Klopp déconcerté et peut-être un peu gêné.

Cette scène date de l'été 2018, dans la foulée d'une rencontre amicale remportée par les Reds. Seize mois plus tard, Klopp espère une nouvelle fois voler la vedette à son homologue, cette fois avec un enjeu bien plus élevé. Et avec une rivalité entre les deux clubs - et les deux managers - qui a elle aussi beaucoup cru.

Manchester City arrive à Anfield ce dimanche en sachant qu'une défaite les mettrait en grande difficulté dans la quête d'un troisième tritre national consécutif. Une victoire offrirait aux Reds pas moins de neuf points d'avance en tête du classement, un écart difficilement imaginable à ce stade de la saison.

Jurgen Klopp Pep Guardiola 2018-19Getty Images

"Un match très, très important". Voilà comment Klopp a qualifié la rencontre lors de sa conférence de presse de vendredi. "Ce ne sera pas terminé en novembre", a pour sa part assuré Guardiola, qui devra se passer des services de son gardien, Ederson.

Deux conférences empreintes de respect. Klopp a assuré que Guardiola était "le meilleur manager du monde", lequel a affirmé que son équipe de City allait affronter "la plus forte équipe de la planète". Les deux hommes connaissent parfaitement la force de frappe dont l'autre dispose.

Il y a clairement une profonde admiration entre les deux hommes. Comment pourrait-il en être autrement au vu des succès de Guardiola et de la capacité de Klopp à remettre en cause sa suprématie ? Aucun entraîneur n'a plus battu l'Espagnol que Klopp dans sa carrière.

Dans le football, le respect peut rapidement se transformer en inimitié. Tout le monde s'entend jusqu'à ce qu'il y ait quelque chose pour lequel il faut rivaliser, et Liverpool et City sont clairement en compétition pour tout - dans le Royaume comme sur la scène européenne. Ils sont parmi les équipes les plus complètes du football mondial en ce moment.

Guardiola a peut-être fait partie des premiers à féliciter Klopp pour la victoire en Ligue des champions en juin dernier, mais il sait aussi sortir de sa réserve. Ses déclarations concernant Sadio Mané et sa supposée propension à plonger la semaine dernière ressemblent fortement à la manière José Mourinho de mettre la pression avant une rencontre décisive.

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En réponse, Klopp a mis sur la table les "fautes tactiques" que commetrait son adversaire, critiqué pour cela par le passé. Provoquant une réaction défensive de Guardiola. "Si je pouvais revenir en arrière, je ne le dirais pas, a affirmé plus tard Klopp. Croyez cela, et vous croirez tout."

Cela peut paraître puéril - et les deux managers, Guardiola en particulier, ont tendance à faire preuve d'un grand sarcasme - mais c'est ce qui arrive lorsque deux managers et deux équipes se retrouvent en compétition. Vous vous souvenez de Sir Alex Ferguson et Arsene Wenger ? Ou Wenger et Jose Mourinho ? Ferguson s'en est pris à Roberto Mancini lorsque ce dernier est apparu comme une véritable menace, tout comme il l'avait fait avec Kevin Keegan et Sir Kenny Dalglish dans les années 1990.

Jurgen Klopp, Pep GuardiolaGetty

Espérons que le duel entre Klopp et Guardiola n'atteindra pas le même niveau de mesquinerie que Mourinho et Wenger, mais il n'y a aucun doute que la rivalité est bonne pour le football anglais. Klopp a écraté l'idée d'une "bataille" avec les autres entraîneurs lors d'une interview à Goal en juillet dernier.

"Je n'en ai pas besoin, avait-il déclaré. Je n'ai pas besoin de cette émotion négative quand je vois mon collègue à quelques mètres. Je peux toujours vouloir gagner le match avec tout ce que j'ai, sans avoir besoin de ça."

Guardiola, bien sûr, a eu une grande rivalité avec José Mourinho lorsque les deux étaient en charge respectivement du Barça et du Real. Certains en Espagne sont d'ailleurs persuadés que le style Mourinho a été l'un des facteurs du départ de Guardiola en 2012, épuisé par le conflit constant imposé par son rival.

Klopp n'est évidemment pas Mourinho, mais c'est intéressant de voir comment Guardiola juge cette équipe de Liverpool. En mai, il assurait que c'était l'une des seules équipes qu'il avait affrontées qui lui avaient fait dire "wow" - le Barça de Luis Enrique étant la seconde.

Il avait également déclaré que gagner la Premier League devant l'équipe entraînée par Jurgen Klopp était "la plus grosse satisfaction qu'[il ait] eue comme entraîneur". Il ne fait aujourd'hui aucun doute que les hommes de la Mersey ont une place dans la tête des Citizens. "Ils me font peur", avouait Guardiola à son assistant, Carlos Planchart dans le documentaire d'Amazon, All or Nothing, et c'était avant la fin de saison dernière.

Ce dimanche, il va devoir faire face à ces peurs. Il doit trouver un moyen de faire taire Mo Salah, Mané et Firmino, tout en trouvant un chemin parmi la défense des Reds. Il a les joueurs, mais City n'a plus gagné à Anfield depuis 2003, quand Keegan était sur le banc, Peter Schmeichel dans les buts et Robbie Fowler devant. Une autre époque.

Klopp a l'habitude d'inviter l'entraîneur adverse pour un verre après les matches à domicile et il n'y aura pas d'exception. Les poignées de main d'avant-match seront au rendez-vous également. Mais après cela, ce sera la guerre. Il n'y a pas d'amis tout en haut, que des rivaux.

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