Mauricio Pochettino s'est assis devant l'assistance et a rappelé à tout le monde que cinq ans se sont écoulés depuis qu'il avait été nommé manager de Tottenham Hotspur. C'était le 27 mai dernier, et il se trouvait au centre de formation de Tottenham situé à Hotspur Way, à Bulls Cross. Le même endroit où il avait lâché ses premiers mots dans son nouveau costume en 2014 quand il avait été nommé successeur de Tim Sherwood.
Rien qu'en mentionnant le nom de Sherwood, on se rend compte de tout le chemin parcouru par les Londoniens depuis cette fameuse date. Le technicien anglais incarne l’ancienne façon de faire des Spurs avant que ceux-ci ne deviennent des prétendants récurrents au podium de la PL, un challenger occasionnel pour le titre et, à présent, un finaliste de la Ligue des champions.
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La métamorphose s'est faite à l'ancienne. En travaillant, en améliorant les joueurs et en leur inculquant la conviction que de meilleurs jours sont à venir. "Je pense aujourd'hui que je vis ma meilleure période ici", a déclaré lundi Pochettino. "Il y a cinq ans, j'avais signé mon contrat ici et tout ce qu'on a vécu depuis a été incroyable pour nous."
Les Londoniens se sont hissés vers le sommet, et ce sans que leur direction ne produise beaucoup d'efforts sur le marché des transferts. C’est un fait bien connu à ce stade que les Spurs n’ont pas recruté un seul joueur depuis janvier 2018 et l'arrivée de Lucas Moura du Paris St-Germain.
Au cours des cinq années passées dans la capitale anglaise, Pochettino s'est mis en évidence notamment en misant sur des jeunes de l’académie et en leur permettant de s’épanouir dans la première équipe, à l'instar de l'actuel capitaine, Harry Kane. "Il a été énorme, a déclaré l'attaquant à propos de son manager en début de semaine. Depuis qu'il a pris ses fonctions, il souhaitait que l'on devienne l'une des meilleures équipes d'Europe et nous ne sommes plus loin du plus grand match d'Europe de l'histoire de notre club. Il a fait un travail fantastique, c'est un excellent manager. Tous les joueurs veulent se battre, jouer et tout faire pour lui."
"Ce sont les normes qu'il a établies, vous voyez la façon dont le club est maintenant géré, le terrain d'entraînement, le stade, disputant les finales de la Ligue des Champions, c'était le plan et maintenant on veut gagner, et continuer à gagner encore plus. Ça commence samedi" a ajouté le buteur anglais.
Le premier trophée viendra effectivement peut-être samedi, mais cela invite aussi à se demander si au lieu du début d’une ère dominante, cette finale de la Ligue des champions représenterait le point culminant du travail de Pochettino dans ce club.
Lors de la dernière conférence de presse avant la finale de la Ligue des Champions. Pochettino n'était pas d'humeur à accepter la demande d'un journaliste italien de savoir s'il allait ou non entraîner en Serie A dans un proche avenir. Mais le fait qu'il est resté discret laisse place aux doutes quant à ses intentions à court terme.
"Je pense que nous avons encore beaucoup à faire", a déclaré Pochettino à propos du match de samedi. "Je n'ai rien à craindre. Je ne suis pas plus important que la Ligue des champions ou la possibilité de gagner un trophée. Vous posez des questions sur moi mais aujourd'hui, l'accent est mis sur la finale à 200%. Ce sont des rumeurs. Après la finale, nous aurons le temps de parler, mais aujourd’hui je me suis engagé à 200% à Tottenham ”.
Une déclaration retentissante comme «Je reste» aurait été mieux accueillie par les partisans des Spurs. Là, le suspense reste entier. Un suspens né notamment après le match retour de la demi-finale contre l’Ajax quand Pochettino a déclaré aux journalistes que le fait de remporter la Ligue des champions serait la clôture parfaite d’un chapitre de cinq ans avec les Spurs.
Au cours de cette période, il a contribué à transformer l’ensemble de l’éthique du club et à faire adhérer tout le monde à ses méthodes et à une identité collective assidue.
Les Spurs n’ont peut-être pas eu raison de tous leurs adversaires en Ligue des champions cette saison, par exemple, mais ils étaient là quand cela comptait. Qu'il s'agisse d'un arrêt reflèxe de Hugo Lloris, d'un tir de la hanche de Fernando Llorente ou d'un coup du chapeau de Lucas Moura, ils ont maîtrisé les moments clés et c'est un triomphe de la mentalité.
"Dans la vie ou dans votre carrière, il y a toujours des rencontres extraordinaires en ce qui concerne une personne, et cela a été le cas avec Mauricio", a déclaré le capitaine et vainqueur de la Coupe du Monde, Lloris, en évoquant l'influence importante qu'a eue son entraîneur sur lui. "Il a été important pour moi et pour tout le monde", a déclaré de son côté le compatriote de Pochettino, Erik Lamela. "Je pense que l'équipe a tellement grandi quand il est arrivé. Je n'ai pas besoin de dire ça. les résultats disent que c'est vrai. "
Grâce à Pochettino, la passivité de la direction sur le marché des transferts est passée inaperçue
L’union et la stabilité des Spurs a été une composante essentielle de la saison. Il y a bien sûr des joueurs clé et toute équipe dans le monde serait touchée par l'absence d'un Kane ou d'un Dele Alli. Mais plus qu’un recours à des individus, Pochettino a réussi à créer une unité à partir de l’ensemble de son équipe, chacun prêt à intervenir et à faire un travail bien précis.
Il y a eu tellement de changements dans le onze des Spurs en Ligue des champions - aucun joueur n'a été épargné par une blessure ou une suspension à une période ou une autre de la saison - et pourtant, ils sont là. En finale de la Ligue des Champions.
Un effectif inchangé, c'est l'un de secrets de la réussite de cette équipe. Et, il est évident que Pochettino a joué un rôle dans le fait que tout le monde soit resté, repoussant constamment les sollicitations extérieures.
Christian Eriksen n'a pas encore signé de prolongation de contrat et son bail actuel prend fin dans un an. Toby Alderweireld pourrait également partir cet été. Les mandats de Jan Vertonghen expirent l’année prochaine et aucun renfort n’a été enregistré.
Le fait que Pochettino ait négligé de couvrir le départ de Mousa Dembele en janvier avec un remplaçant - malgré la disponibilité de joueurs - pourrait bien indiquer qu'il considère le recrutement comme un travail pour le prochain manager.
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"Évidemment, nous ne connaissons pas les tenants et aboutissants et la raison pour laquelle le club n’a recruté personne", a déclaré Danny Rose. "Vous pouvez soit considérer que le responsable a pleinement confiance en son travail au cours des deux dernières années, qu'il croit en vous et qu'il ne veut amener personne à contester votre position, ou vous pouvez le prendre comme personne ne veut rejoindre Tottenham, ou le club n'a pas été en mesure de fournir les fonds nécessaires pour acheter qui que ce soit."
Le latéral anglais étale les hypothèses possible concernant la passivité sur le marché des transferts, mais personnellement il croit plus que cette stabilité a été voulue et décidée par l'entraineur : "Toute l'équipe a compris que le responsable croit en nous, malgré ce qui est dit dans les médias et ce que j'ai pu dire par le passé, que le manager doit faire venir des recrues. Le manager croit en sa façon de travailler, nous sommes tous derrière lui et regardez ce que cela nous a apporté. "
Gagner la Ligue des champions pourrait bien être le moyen idéal de faire ses adieux. Après avoir supervisé la reconstitution totale de l'équipe première, le déménagement dans le nouveau stade et laisser les Spurs sur le sommet de l'Europe, que pourrait-on vraiment demander de plus à Pochettino ?