La tragique disparition d'Emiliano Sala et du petit avion privé "Piper Malibu" qui le ramenait vers Cardiff (Pays de Galles), son nouveau club, dans la nuit du 21 au 22 janvier 2019, feront à jamais partie des pages noires de l'histoire du football. De notre football, celui de France, au sein duquel le buteur argentin avait élu domicile en 2010 lors de son arrivée à Bordeaux.
Enfant du projet de la formation bordelaise "Proyecto Crecer" en Argentine, Emiliano Sala n'avait pas encore 20 ans lorsqu'il était arrivé dans le Sud-Ouest pour y démarrer sa carrière européenne. Entre ses premiers pas en France et ses adieux à Nantes, "Emi" - comme l'appellent ses proches - a disputé 265 matches dont 159 en Ligue 1. Alors que les recherches se poursuivent pour tenter de le retrouver, l'espoir est aujourd'hui infime. À Bordeaux, Orléans, Niort, Caen, Nantes et partout dans le pays, l'Argentin laisse le souvenir d'un grand homme qui, par ses valeurs d'abnégation et de partage, était aussi un joueur à part.
Les hommages du monde du football pour Emiliano Sala
Une source d'inspiration pour les autres
On pourrait évoquer d'autres chiffres pour parler d'Emiliano Sala, car tous les buteurs y sont soumis. Mais l'essentiel est ailleurs chez le jeune homme de 28 ans qui était bien plus qu'un des meilleurs attaquant de notre championnat. Il n'était pas le plus technique ou le plus élégant, ce qui lui valait bien quelques critiques de temps à autres. Mais il était à coup sûr l'un des plus méritants. L'incarnation de ce que le sacrifice et la loyauté envers ses coéquipiers signifient, dans un sport collectif où les individualités peuvent parfois l'oublier.
"Un grand joueur, un énorme homme, écrivait son ancien entraîneur Sergio Conceiçao en réaction à sa disparition. Quelqu’un qui donne tout, sur le terrain comme dans la vie. Dévouement et détermination incroyables...". Parce qu'il ne renonçait jamais, qu'il continuait à se battre, tout le temps. La simple caractéristique d'un joueur, le reflet du caractère de l'homme qui inspirait sans même prendre la parole. "Il fait des efforts sans arrêt, il se replace tout le temps et garde toujours sa lucidité pour marquer, nous racontait Abdoulaye Touré dans une interview où il était question de son coéquipier et ami. En plus, la manière dont il joue a un impact sur nous. Quand on le voit, on se dit qu’on n’a pas le droit de lâcher".
Il n'y avait jamais de rédition chez Emiliano Sala et le jeu de ballon n'était qu'un moyen d'exprimer qui il était profondément. Un homme qui donnait sans relâche le meilleur de lui-même pour servir les siens. Un homme qui, de l'aveu de tous ceux qui le connaissaient, souriait sans cesse, avait toujours un mot ou une attention. Grâce à l'expression de ses célébrations et la rage de vaincre qui en émanait, Emiliano Sala transmettait. À ses coéquipiers, à ses supporters, à ses adversaires... et à tous ceux qui à travers le football parvenaient à voir ce qu'il montrait vraiment.
Quelques heures après sa disparition, sur la place Royale de Nantes, ils étaient plusieurs milliers à marcher, pleurer et communier en son nom. Ce soir (mercredi), à l'occasion de la rencontre face à Saint-Étienne et au retour à la compétition du FC Nantes, toute la Beaujoire lui rendra un vibrant hommage, à la hauteur de ce qu'il donnait sans compter pour le maillot des Canaris. Peu d'hommes peuvent en rassembler autant d'autres autour de valeurs qu'ils incarnent, de symboles qu'ils représentent ou de souvenirs qu'ils chérissent. Joueur de football admirable, Emiliano Sala est surtout de ces hommes-là.
.png?auto=webp&format=pjpg&width=640&quality=60)
