Zinedine Zidane n'est définitivement pas un humain. Il est fait d'une autre matière que le commun des mortels. On le savait pour Zidane le joueur, mais on n'en était pas encore totalement convaincus pour Zidane le coach. Désormais, il n'y a plus l'ombre d'un doute. Avec trois Ligues des Champions à son actif, trois de rang et acquises en seulement 30 mois passés à la tête du Real, le Français confirme qu'il est un technicien hors pair. Et digne du grand génie qu'il était autrefois sur le terrain.
La victoire contre Liverpool, ce samedi à Kiev, n'était peut-être pas la plus compliquée qu'il a eue à valider depuis qu'il s'est installé sur le banc merengue en janvier 2016. Néanmoins, réussir la passe de trois a été assurément le plus compliqué des défis. Surtout en cette saison qui a vu sa formation passer à côté de tous ses objectifs domestiques, et aussi échouer à 17 points du rival barcelonais en championnat. Beaucoup plus que lors des précédentes campagnes, son Real jouait son exercice sur cette finale de C1. Et un échec aurait été très dur à encaisser.
Mais, Zidane sait ce que c'est les grands rendez-vous. Il en avait l'habitude comme joueur, et il en est aussi devenu un spécialiste en tant qu'entraineur. Et le revers, il ne connait pas lors de ce genre d'évènements. Ni le doute. Pourtant, la première demi-heure du match n'avait pas été très encourageante de la part de sa formation. Et ses invectives et gesticulations incessantes sur le bord du terrain auraient pu laisser penser qu'il avait perdu sa maitrise, en même temps que la réussite qui l'a toujours accompagnée.
C'était mal connaitre le maitre Zidane. Si cette finale s'est jouée sur certains faits de matches et des coups de pouce de destin qui n'ont pas été de trop (sortie de Salah, les erreurs de Karius), force est de reconnaitre que l'ancien meneur des Bleus a encore une fois montré son aptitude à faire les bons choix et à redonner un nouveau souffle aux siens quand le besoin se fait sentir. L'entrée de Gareth Bale était prévisible, mais encore fallait-il le lancer au moment idoine. Le Gallois est bien sûr le premier à féliciter en raison de l'inspiration et l'adresse qu'il a eue suite à son incorporation, mais comment ne pas applaudir Zidane pour avoir fait en sorte que les remplaçants soient aussi impliqués que les titulaires, si ce n'est plus. Et aussi d'être repassé avec succès au 4-3-3 quand Liverpool commençait à se rebiffer.
Il laisse son groupe cueillir tous les éloges
Il y aura certainement toujours des sceptiques pour affirmer que ZZ n'a pas révolutionné le jeu, et que la trace que son Real laisse dans les mémoires n'est pas aussi prégnante que celles qu'ont eues l'Ajax de Michels, le Barça de Guardiola ou le Milan de Sacchi. Mais, il n'empêche ; en allant conquérir sa troisième Coupe aux grandes oreilles consécutive, l'ancien Ballon d'Or a réalisé un exploit que personne n'avait encore accompli. Trois de suite, un hat-trick exceptionnel et pour l'éternité.
En attendant peut-être d'accrocher une quatrième étoile l'année prochaine, et devenir par la même occasion l'entraineur le plus titré de l'histoire de la compétition, Zidane tient déjà à savourer. Et surtout à ne surtout pas s'accaparer tout le mérite de ce triomphe. Louer plutôt le travail des siens. En somme, un Zidane fidèle à sa personnalité : humble, modeste et soucieux de rester en retrait pour mieux mettre en valeur son groupe. "Forcément, c'est le bonheur. C'est un moment historique. Le faire trois fois d'affilée, c'est un truc de fou pour les joueurs, a-t-il déclaré au micro de BeIn Sports. On y croit, on y pense, quand on travaille fort avec une équipe comme celle-là, mais trois de rang c'est un truc de fou. Là, il faut profiter du moment, ne penser à rien, si ce n'est à ce qu'on a fait. C'est fantastique". Des mots simples, mais qui résonnent tellement forts dans la bouche de ce grand champion. Un champion que la France de football est bien chanceuse d'avoir.




