Yuri Alberto : le "talent caché" du Corinthians qui séduit la Premier League

Né dans l'État de São Paulo, Yuri Alberto a très vite attrapé le virus du football. Son père, Carlos Alberto, joueur amateur, fut son premier entraîneur et lui a très tôt inculqué une exigence : lui, le droitier, devait absolument perfectionner son pied gauche. Cette capacité à marquer des deux pieds, alliée à une intelligence de jeu remarquable, a rapidement fait de lui un talent à suivre. Et pour polir ce diamant brut, il a intégré l'une des meilleures écoles du monde : le centre de formation de Santos.

Il est arrivé à la Vila Belmiro en 2013. Pour financer le rêve de leur fils, son père a dû cumuler les emplois et même vendre sa moto, son outil de travail. Un sacrifice qui a payé. Chez les jeunes de Santos, aux côtés d'un certain Rodrygo, Yuri impressionne et attire déjà l'œil d'Arsenal et de Manchester United. Mais le passage chez les professionnels s'est révélé bien plus compliqué.

Promu en équipe première en 2017, à 16 ans à peine, il est devenu l'un des cinq plus jeunes joueurs de l'histoire du club, derrière des légendes comme Coutinho, Pelé ou Gabriel Barbosa. Mais les buts qu'il empilait chez les jeunes ne sont pas venus. Les opportunités se sont raréfiées, et l'instabilité du club, qui changeait d'entraîneur comme de chemise, n'a rien arrangé. Yuri a fait l'ascenseur entre l'équipe première et la réserve. Le temps passait, et son contrat avec Santos arrivait à son terme.

Insatisfait de son faible temps de jeu, Yuri Alberto a décidé de quitter Santos pour rejoindre l'Internacional en 2020. Un choix qui n'a pas plu aux supporters de son club formateur, qui en ont fait l'une de leurs cibles favorites depuis. Mais ce fut la bonne décision.

Dès sa première saison, ses 10 buts ont permis à l'Inter de se battre pour le titre, qui leur a échappé de très peu. L'année suivante, il a inscrit 19 buts toutes compétitions confondues. Des performances qui ont convaincu le Zénith Saint-Pétersbourg de débourser 25 millions d'euros pour s'offrir ses services.

Son passage en Russie, sa seule et unique aventure européenne à ce jour, fut bref : six buts et trois passes décisives en 15 matchs. Le début de la guerre en Ukraine l'a poussé à vouloir rentrer au Brésil, où il espérait aussi avoir plus de visibilité pour atteindre son rêve : la sélection nationale. C'est ainsi qu'en juin 2022, il a signé aux Corinthians. D'abord en prêt, puis de manière définitive.

Avec les Corinthians, Yuri Alberto a déjà inscrit 70 buts, devenant le meilleur buteur du club au XXIe siècle. Le titre de champion de l'État de São Paulo remporté en 2025 l'a définitivement fait entrer dans la catégorie des idoles. Mais tout n'a pas été facile. Ses deux premières années ont été marquées par des hauts et des bas, à l'image du club, qui a dû se battre pour éviter la relégation en 2022 et 2023. Les critiques des supporters ont été nombreuses.

En 2024, le joueur a même avoué avoir « atteint ses limites » et pensé à quitter le club. « J'étais convaincu que je voulais partir. Je n'en pouvais plus », a-t-il déclaré. Le déclic est venu avec l'arrivée de l'entraîneur Ramón Díaz. Cette même saison, Yuri a inscrit 31 buts, terminant meilleur buteur du Brésil. Un retour en grâce spectaculaire, qui a ravivé l'intérêt des clubs européens.

Sous les ordres de Dorival Júnior, il reste le principal espoir offensif des Corinthians. Droitier, il n'hésite pas à utiliser son pied gauche et son jeu de tête. Sa présence se fait surtout sentir dans la surface de réparation, même s'il est aussi capable de créer des occasions s'il le faut. Mais sa plus grande qualité est sans doute sa générosité. Il entre sur le terrain pour tout donner. Ses courses à haute vitesse lors des contre-attaques sont également devenues l'une de ses marques de fabrique. Un profil d'attaquant moderne, à la fois finisseur et premier défenseur.

Bien qu'il ait avoué rêver de jouer un jour en Premier League, Yuri Alberto a récemment renouvelé son contrat avec les Corinthians jusqu'en 2030, indiquant vouloir s'inscrire sur le long terme. Sa clause libératoire pour les clubs étrangers a été fixée à 100 millions d'euros. Une somme qui protège le club brésilien de la possibilité que personne ne souhaite envisager : perdre son meilleur buteur.

Cependant, dans le football, tout va très vite. Si un club anglais venait à faire une offre conséquente, il serait difficile, pour le joueur comme pour le club, de la refuser. Le feuilleton Yuri Alberto est donc loin d'être terminé. Le "talent caché" pourrait bien, un jour, ne plus l'être du tout.