Ruben Amorim et la mission impossible : redonner vie à un Manchester United en crise

En neuf matchs sous la direction d’Amorim, les chiffres ne plaident pas en faveur d’une transformation spectaculaire. Manchester United occupe la 13ème place en Premier League, à peine mieux que sous Erik ten Hag lors de son licenciement en octobre. Avec sept points en six matchs de championnat, les statistiques sont similaires à celles enregistrées sous l’intérim de Ruud van Nistelrooy.

En revanche, l’équipe affiche une meilleure cohésion dans le jeu et une légère amélioration en attaque, avec une moyenne de 1,8 but par match contre 1,5 sous Ten Hag. Cependant, les défaillances sur coups de pied arrêtés restent une source majeure de préoccupation, sept buts ayant été concédés dans ces situations. Le point positif réside dans les performances en Ligue Europa, où United semble mieux maîtriser son sujet, notamment avec des victoires contre Bodo/Glimt et Viktoria Plzen.

La victoire contre Manchester City dans le derby reste l’un des rares moments d’éclat de cette période. Ce succès face à un rival historique a permis de raviver un peu l’espoir chez les supporters. Cependant, il souligne également l’irrégularité des performances de l’équipe, incapable de maintenir un niveau de jeu constant.

L’une des principales différences entre Amorim et son prédécesseur est la manière dont le Portugais gère l’effectif pour prévenir les blessures. En effectuant des rotations régulières, même au détriment de la qualité immédiate de l’équipe, il espère éviter les problèmes physiques qui ont plombé la deuxième saison de Ten Hag. « Je sais qu’à long terme, nous devons préparer l’avenir, mais dans un grand club, vous n’avez pas beaucoup de temps et vous devez gagner des matchs », a-t-il expliqué. Cette approche pragmatique contraste avec celle de Ten Hag, qui avait souvent minimisé l’impact de ses propres choix sur les nombreuses blessures de l’équipe.

Pour Amorim, la prévention des blessures passe également par une gestion précise des charges de travail. Cette stratégie vise à préserver des joueurs clés tout en permettant à des remplaçants de gagner en expérience. Ce pari est risqué, mais il pourrait porter ses fruits à long terme.

Amorim a également imposé une discipline plus stricte. Contrairement à Ten Hag, dont les sanctions envers des joueurs comme Cristiano Ronaldo ou Marcus Rashford étaient souvent perçues comme symboliques, le Portugais n’hésite pas à exclure des joueurs clés pour insuffisance d’engagement. Rashford, par exemple, a été écarté du groupe pour le derby contre Manchester City et le match contre Bournemouth, une décision qui a alimenté les débats sur son avenir au club.

Amorim a été clair sur ses attentes : « Si vous avez un grand talent, vous devez montrer une grande responsabilité et un engagement total. Ce moment difficile est l’un des plus bas pour le club, et chaque joueur doit se montrer à la hauteur. » Ces paroles résonnent avec les supporters frustrés par un manque de responsabilité chez certains cadres de l’équipe.

Cette rigueur s’étend également aux jeunes joueurs, à qui Amorim offre des opportunités tout en exigeant une implication totale. Cette approche vise à créer une culture de responsabilisation qui pourrait transformer l’état d’esprit global de l’équipe.

La détermination d’Amorim à rester fidèle à ses idées contraste fortement avec les compromis effectués par Ten Hag. Dès ses premiers matchs, le Néerlandais avait abandonné ses principes de jeu basés sur la possession et la construction depuis l’arrière, optant pour une approche plus prudente et réactive. Cette stratégie avait permis à United de finir troisième en championnat et de remporter une Coupe de la Ligue, mais elle était insuffisante pour assurer une évolution durable.

Amorim semble déterminé à éviter les erreurs du passé. « Je fais les choses à ma manière. C’est la seule que je connaisse. Si je ne le fais pas, je me perdrai, et cela n’arrivera pas », a-t-il affirmé. Cette conviction dans ses méthodes pourrait être cruciale pour reconstruire une équipe en crise.

Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour Manchester United. Après un déplacement à Wolverhampton, l’équipe affrontera Newcastle et Liverpool avant un duel en FA Cup contre Arsenal. Ce calendrier exigeant pourrait aggraver la situation, mais il pourrait également fournir une opportunité de renforcer les bases posées par Amorim.

Le mois de février s’annonce plus abordable, avec des matchs contre Southampton, Brighton et Crystal Palace. D’ici là, il sera possible de juger si les méthodes du Portugais portent leurs fruits.

Amorim devra également trouver des solutions pour revitaliser des joueurs cadres comme Bruno Fernandes et Casemiro, dont les performances ont été en deçà des attentes. Leur réveil pourrait être déterminant pour la suite de la saison.

Malgré les difficultés actuelles, Amorim affiche une confiance inébranlable dans sa vision à long terme. Il comprend les défis structurels du club, des problèmes financiers aux lacunes de l’effectif, et sait que les résultats ne viendront pas du jour au lendemain. Cependant, son engagement à maintenir des standards élevés et à responsabiliser les joueurs est un signal positif pour l’avenir de Manchester United.

« Nous ne pouvons pas laisser cette situation devenir normale. Je comprends que c’est un moment difficile, mais je sais quoi faire », a-t-il déclaré après la défaite contre Bournemouth. Ces mots résument la détermination d’un homme qui, malgré les obstacles, est prêt à relever l’immense défi de redonner à Manchester United sa gloire perdue.

Pour les supporters, l’important sera de faire preuve de patience et de soutenir un entraîneur qui, malgré les tempêtes, semble être la personne idéale pour naviguer dans ces eaux troubles.