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Retour vers le passé ? Tuchel réinvente l’Angleterre avec des vétérans !

Lionel Messi a débuté chez les Newell’s Old Boys, et vendredi, l’Angleterre a découvert les "Old Boys" de Thomas Tuchel. Pour sa première liste, le nouveau sélectionneur a choisi de rappeler des visages familiers, ressuscitant des joueurs que l’on croyait disparus du paysage international. Le retour de Marcus Rashford était attendu après ses débuts encourageants avec Aston Villa, mais personne ne s’attendait à revoir Jordan Henderson, 34 ans, ni à voir Kyle Walker bénéficier d’une nouvelle chance malgré ses erreurs répétées avec Manchester City cette saison.

Ce trio, qui évoluait déjà ensemble à l’Euro 2016, sera donc réuni à St George’s Park la semaine prochaine pour préparer les deux premiers matchs de qualification au Mondial 2026 face à l’Albanie et la Lettonie. Tuchel ne s’est pas limité aux vétérans puisque Dan Burn, 32 ans, a été convoqué pour la première fois, tandis que la jeunesse sera tout de même représentée avec Myles Lewis-Skelly, dont l’ascension fulgurante lui vaut une place chez les Three Lions.

Tuchel a justifié ses choix en insistant sur l’importance du collectif : "Le football, et encore plus au niveau international, repose sur l’esprit d’équipe. Il faut créer un groupe soudé, qui véhicule une vraie identité auprès des supporters et du pays. On ne peut pas se reposer uniquement sur des jeunes, ni uniquement sur des joueurs d’expérience. Il faut un équilibre."

Mais ce pari sur l’expérience a laissé plusieurs talents en grande forme sur le carreau. Le cas de Jack Grealish illustre parfaitement cette tendance : à Manchester City, il peine à convaincre Pep Guardiola et, désormais, il semble condamné à l’exil s’il veut retrouver l’équipe nationale.

GOAL analyse les gagnants et perdants de cette première liste de Tuchel…

  • FBL-ENG-PR-ASTON VILLA-LIVERPOOLAFP

    GAGNANT : Marcus Rashford

    Il y a moins de deux mois, Ruben Amorim lâchait une déclaration fracassante : il préférait aligner son entraîneur des gardiens Jorge Vital, 63 ans et en surpoids, plutôt que Marcus Rashford, en raison de son attitude à l'entraînement. Des propos qui semblaient signer l'arrêt de mort de la carrière du joueur au plus haut niveau. Pourtant, cette critique cinglante a eu l'effet inverse : elle a agi comme un électrochoc, déclenchant une renaissance spectaculaire pour l’attaquant, qui vient de valider son retour avec cette convocation en équipe d’Angleterre.

    Rashford a retrouvé une nouvelle dynamique sous le maillot d’Aston Villa. Plus impliqué, plus percutant, il a renoué avec sa vitesse foudroyante et impressionné ses coéquipiers à l’entraînement, ridiculisant ainsi l’évaluation d’Amorim. Son retour chez les Three Lions est une juste récompense et devrait l’aider à rester concentré et motivé. C’est aussi une excellente nouvelle pour les supporters anglais à plusieurs niveaux.

    Présent dans chaque grande compétition entre l’Euro 2016 et la Coupe du monde 2022, Rashford avait disparu des radars après sa non-sélection pour l’Euro 2024. Il n’avait pas grand-chose à redire, tant son niveau avait chuté l’an dernier. Mais depuis deux mois, il s’est retroussé les manches et a prouvé qu’il méritait une seconde chance. Devenu une arme précieuse en sortie de banc à Villa, il pourrait apporter ce coup d’accélérateur décisif à l’Angleterre lors des prochains matchs de qualification.

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  • Thomas Tuchel EnglandGetty

    PERDANT : Thomas Tuchel

    Un nouveau sélectionneur apporte généralement un vent de fraîcheur, tant sur le plan des idées que des joueurs sélectionnés. Pourtant, pour son premier groupe, Thomas Tuchel semble avoir choisi de faire un bond en arrière. Aucun supporter anglais n’attendait – ni ne souhaitait – revoir Jordan Henderson en sélection, tandis que le rappel de Kyle Walker a de quoi surprendre, surtout après ses prestations inquiétantes avec Manchester City en première partie de saison.

    Certes, Tuchel a injecté un peu de sang neuf avec les sélections de Myles Lewis-Skelly et Dan Burn. Mais ces rares nouveautés ne pèsent pas bien lourd face à la longue liste de joueurs en pleine forme qui ont été écartés (voir plus bas). Son arrivée en janvier avait déjà suscité des réserves, notamment en raison de son absence lors du dernier rassemblement et de plusieurs week-ends de Premier League, une période durant laquelle il travaillait à distance. Si certaines critiques à son égard ont pu sembler excessives, ses choix de joueurs, eux, prêtent davantage à débat.

    Et cette première liste soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.

  • Kyle Walker Jordan HendersonGetty

    GAGNANTS : Kyle Walker et Jordan Henderson

    Quitter la Premier League pour évoluer à l’étranger est souvent un pari risqué pour une carrière internationale en Angleterre, à moins bien sûr de jouer pour le Real Madrid. Dans ce contexte, Kyle Walker et Jordan Henderson doivent être agréablement surpris de retrouver la sélection malgré leur exil hors du pays.

    Le cas d’Henderson est le plus difficile à justifier. Depuis son départ précipité de Liverpool pour rejoindre Steven Gerrard en Arabie saoudite, sa carrière a pris une trajectoire chaotique. Son retour en Europe traduisait une volonté de retrouver une place en sélection, mais son début catastrophique à l’Ajax, combiné à la perte de confiance de Gareth Southgate, semblait avoir définitivement scellé son sort. Pourtant, malgré l’incompréhension d’une grande partie des supporters et des observateurs, il réintègre les Three Lions, une récompense pour son exemplarité en dehors du terrain. Thomas Tuchel a d’ailleurs mis en avant le « caractère, la personnalité et l’énergie » du joueur de 34 ans pour justifier son choix.

    Walker, lui, peut également se réjouir de cette convocation après avoir été l’un des principaux boucs émissaires de la saison compliquée de Manchester City. Son choix de rejoindre l’AC Milan en prêt semble ainsi validé. En dehors du terrain, sa vie privée a souvent fait la une des journaux ces derniers mois, notamment après ses frasques dans une boîte de nuit milanaise. Cette sélection lui permet donc de faire parler de lui pour ses performances sportives plutôt que pour ses écarts extra-sportifs.

  • Jack Grealish Man CityGetty

    PERDANT : La carrière internationale de Jack Grealish

    En apprenant que Thomas Tuchel rappelait certains cadres de l’équipe nationale, Jack Grealish a probablement espéré recevoir lui aussi un coup de fil du sélectionneur. Mais l’indulgence du technicien allemand ne s’est pas étendue à l’ailier de Manchester City, qui pourrait bien avoir disputé son dernier match sous le maillot des Three Lions.

    Son absence à l’Euro 2024 avait déjà été un immense coup dur, d’autant plus qu’il semblait encore capable d’apporter à l’équipe nationale après une performance éclatante contre l’Irlande lors des débuts de Lee Carsley, suivie d’un but face à la Finlande. Pourtant, depuis, Grealish n’a cessé d’accumuler les petits pépins physiques et de voir son rôle à City se réduire comme peau de chagrin. L’émergence de Savinho, la montée en puissance de Jérémy Doku et l’arrivée d’Omar Marmoush ont encore plus compliqué son temps de jeu. Désormais, sa seule véritable opportunité de titularisation se limite à la FA Cup.

    Son absence de la liste de Tuchel devrait être un ultime signal d’alarme : s’il veut relancer sa carrière, il doit suivre l’exemple de Marcus Rashford et quitter Manchester City cet été. Un départ à l’étranger, à l’image de Kyle Walker et Jordan Henderson, pourrait être une solution pour retrouver de la confiance, du rythme et tenter de regagner une place en sélection.

  • Arsenal FC v Manchester City FC - Premier LeagueGetty Images Sport

    GAGNANT : Myles Lewis-Skelly

    Quand Erling Haaland avait lâché un rageur « Who the f**k are you? » à Myles Lewis-Skelly après un match nul entre Manchester City et Arsenal en septembre, nombreux étaient ceux qui se posaient la même question que le Norvégien. Mais six mois plus tard, le jeune latéral des Gunners n’a plus rien d’un inconnu. Il s’est imposé en Premier League et s’apprête désormais à découvrir l’équipe d’Angleterre.

    Sa convocation n’a rien d’une surprise tant ses performances ont été impressionnantes ces derniers mois, malgré quelques excès d’engagement qui lui ont valu des ennuis avec les arbitres. À seulement 18 ans, il affiche une confiance remarquable et possède déjà les qualités physiques nécessaires pour briller dans le football moderne. Son arrivée dans le groupe anglais est donc une bonne nouvelle.

    Cette sélection lui offrira une précieuse expérience et lui permettra de s’inspirer des conseils de joueurs plus chevronnés. Certains d’entre eux pourraient d’ailleurs lui souffler l’idée d’éviter de provoquer les stars comme Haaland à l’avenir. De son côté, l’Angleterre profitera de l’énergie et de l’audace d’un jeune talent prometteur, un atout rafraîchissant au sein d’un groupe marqué par le retour de plusieurs cadres.

  • Morgan Gibbs-White Nottingham Forest 2024-25Getty Images

    PERDANTS : Les joueurs en forme ignorés

    Si cette première liste de Thomas Tuchel fait la part belle aux cadres de l’équipe d’Angleterre, elle laisse aussi sur le carreau plusieurs joueurs en pleine forme, qui auraient pu espérer rejoindre St George’s Park pour cette trêve internationale. Quatre d’entre eux, en particulier, peuvent nourrir une vraie frustration : Jarrad Branthwaite, James Maddison, Morgan Gibbs-White et Adam Wharton.

    Branthwaite, véritable pilier défensif d’un Everton transformé sous David Moyes, devra attendre au moins jusqu’en septembre pour espérer honorer sa première sélection en match officiel. Une attente frustrante, d’autant plus que Jarell Quansah a, lui, été convoqué malgré un temps de jeu limité en Premier League cette année.

    Maddison, lui, avait déjà entamé des discussions avec Tuchel dans l’espoir de retrouver les Three Lions. Avec 18 contributions décisives cette saison pour Tottenham, il pouvait légitimement prétendre à un retour. Gibbs-White, capitaine et leader technique d’un Nottingham Forest en pleine ascension, a encore plus de raisons d’être perplexe, surtout après avoir goûté à la sélection sous Lee Carsley. Enfin, Wharton, revenu à son meilleur niveau depuis son retour de blessure, a été un artisan majeur des cinq victoires en six matchs de Crystal Palace, mais cela n’a pas suffi à convaincre Tuchel.

    Ces absences soulignent une première sélection qui, plus que jamais, semble donner la priorité aux cadres établis plutôt qu’à la forme du moment.