Privé de l'Euro 2024, Jack Grealish doit quitter Manchester City pour relancer sa carrière internationale

La décision de Gareth Southgate d'exclure Grealish de son groupe final de 26 joueurs pour le tournoi a peut-être laissé le joueur dévasté et choqué ses coéquipiers, en particulier Declan Rice. Mais l'inclure était toujours un risque après la saison décevante qu'il a connue, qui contraste avec la forme régulière de ses collègues du secteur offensif.

Southgate a souvent été critiqué pour sa loyauté envers la vieille garde et pour ne pas toujours choisir les joueurs les plus en forme, mais cette année, il n'a rien fait de tel. Il n'a pas eu de pitié pour Marcus Rashford et Jordan Henderson après leurs saisons décevantes en les bannissant de la sélection élargie, après avoir déjà écarté Raheem Sterling et Kalvin Phillips.

Grealish a joué un rôle important dans les campagnes de l'Angleterre à la Coupe du monde 2022 et au précédent Championnat d'Europe, et Southgate a déclaré après le match contre la Bosnie qu'il était « un joueur que nous aimons avoir dans le groupe [...] un grand personnage avec lequel travailler ».

Mais Grealish est à la traîne par rapport à ses concurrents au poste cette saison. Il n'a débuté que 10 matches de Premier League pour City, inscrivant trois buts et délivrant une passe décisive. Il n'a contribué qu'à quatre buts sur l'ensemble de la saison, soit autant que les défenseurs de City Nathan Ake et Kyle Walker, et moins que Josko Gvardiol.

Jarrod Bowen a été décisif sur 22 buts pour West Ham, qui a terminé neuvième du championnat. Anthony Gordon a marqué 21 buts pour Newcastle, ce qui lui a permis d'entrer dans les plans de Southgate, tandis qu'Eberechi Eze, qui a joué un rôle important dans la résurrection de Crystal Palace, a terminé la campagne avec 15 buts.

Phil Foden, que Grealish avait devancé dans l'équipe de City la saison précédente, a contribué à hauteur de 27 buts, ce qui lui a valu d'être nommé meilleur joueur de la saison en Premier League. Bukayo Saka, quant à lui, en a marqué 25, tandis que Cole Palmer en a inscrit 33.

Contrairement aux tournois précédents, où des joueurs comme Phillips et Henderson ont conservé leur place en raison d'un manque de concurrence, la barre pour intégrer l'équipe d'Angleterre a été élevée au niveau au plus haut. Grealish n'a pas été en mesure de suivre le rythme et devra se retrousser les manches pour réintégrer l'équipe nationale.

Le début de saison de Grealish a été gachée par un duel trop engagé avec Ollie McBurnie, joueur de Sheffield United, en août. Il a alors qualifié ce coup pris de « pire blessure que j'aie jamais eue ». Ce coup dur qu'il a subi l'a mis sur la touche pendant six matches, et il a succombé à deux blessures musculaires plus tard dans la campagne, contre Copenhague et Luton Town, ce qui a encore perturbé son retour au meilleur de sa forme.

Il tombe également malade en novembre et, en décembre, il doit faire face à un cambriolage traumatisant à son domicile alors qu'il joue à l'extérieur à Everton. Il serait tentant de considérer la dernière saison comme une panne sèche, une anomalie qui ne se reproduira pas.

Mais il est peu probable qu'il suffise de rester à l'abri des blessures la saison prochaine pour retrouver sa place dans l'équipe de City et, par extension, au sein de l'équipe d'Angleterre.

Même après avoir surmonté ses problèmes de blessure, Grealish n'était qu'un joker de luxe pour Guardiola en fin de saison, ne jouant que 10 minutes lors des cinq derniers matches de City. Il a manqué le déplacement à Fulham et n'a pas été utilisé lors des deux derniers matches contre Tottenham et West Ham, ainsi que lors de la défaite en finale de la FA Cup contre Manchester United.

Lors de certains de ces matches, Guardiola s'est passé des ailiers traditionnels, utilisant Gvardiol comme arrière latéral inversé et poussant Foden à l'intérieur. À d'autres occasions, lorsqu'il souhaitait un ailier gauche percutant, il s'est tourné vers Jeremy Doku.

Le Belge a participé à l'ensemble des cinq derniers matches, débutant et délivrant une passe décisive contre West Ham et faisant la différence lors de son entrée en jeu contre United à Wembley, marquant et manquant de peu de ramener City à égalité.

Guardiola s'est montré prudent lorsqu'on lui a demandé, après la finale de la FA Cup, pourquoi il utilisait si peu Grealish. Le manager de City a répondu : "Il reviendra. Il a eu du mal cette saison et Jeremy [Doku] a fait un pas en avant incroyable, comme tout le monde l'a vu lors des derniers matches. Mais Jack retrouvera son niveau de la saison dernière, j'en suis presque sûr"

Mais il est de plus en plus clair que City n'est pas le lieu idéal pour Grealish s'il aspire à devenir plus qu'un complément au sein d'une équipe, ce qui est nécessaire pour gagner sa place dans l'équipe d'Angleterre.

Les exigences extrêmement élevées de City et de Guardiola ont été illustrées par le fait qu'alors que Grealish s'était enfin installé dans l'équipe deux ans après son transfert d'Aston Villa pour 100 millions de livres et qu'il avait joué un rôle important dans la conquête du triplé, le club a décidé de dépenser 55,5 millions de livres pour Doku, un concurrent direct à son poste.

Grealish est loin d'être le seul joueur de City à perdre sa place dans l'équipe si tôt après une excellente saison, comme peut en témoigner Joao Cancelo. Mais il est trop talentueux et trop influent pour gâcher ses meilleures années en se battant pour une place de titulaire à l'Etihad Stadium.

"Pour moi, il est à la croisée des chemins dans sa carrière à City. Jack a 28 ans. Il doit se remettre en question. Il devrait être à son apogée", a déclaré Graeme Souness sur Talksport en décembre. "Entre 26 et 30 ans, vous avez les connaissances, vous êtes plus fort physiquement et mentalement. Il ne va pas s'améliorer. C'est son heure. Donc, si j'étais lui, je serais très inquiet".

Aujourd'hui, après avoir été exclu de l'équipe d'Angleterre pour un tournoi qui aurait dû être le point culminant de sa carrière, le besoin de Grealish de s'éloigner de City et de rejoindre un club qui le chérit vraiment est devenu nécessaire.

Southgate a déclaré que Grealish était « dévasté » par sa mise à l'écart, mais c'est à lui de décider comment il va réagir. Il peut soit bouder et passer l'été à noyer son chagrin, renforçant ainsi son image de fêtard, soit s'en servir comme d'un rappel à l'ordre et préparer son retour dans l'équipe d'Angleterre, avec la Coupe du monde 2026 comme objectif principal.

L'an dernier, alors qu'il célébrait le triomphe de City, Grealish est devenu viral en déclarant à la foule de supporters en délire : « Je suis une dinde et la dinde a besoin d'être nourrie », avant de se faire verser de la vodka dans le gosier. Cette image a été comparée à celle de Paul Gascoigne buvant de l'alcool allongé sur la fameuse « chaise du dentiste » dans un bar de Hong Kong, alors qu'il était encore une star de l'équipe d'Angleterre en 1996.

Les frasques de Grealish ont été acclamées par les médias et les experts, mais ce qui est arrivé à Gascoigne n'a rien de réjouissant, et Grealish se retrouve aujourd'hui dans la même situation que « Gazza », qui a été exclu de l'équipe d'Angleterre pour la Coupe du monde 1998. Ce fut également un choc à l'époque, mais avec le recul, cela aurait été facile à prévoir. La carrière de Gascoigne était sur la pente descendante et il jouait alors à Middlesbrough, au niveau inférieur.

La carrière de Grealish risque également de lui échapper, mais il a encore le temps de la remettre sur les rails. Et pour cela, il doit quitter City et devenir plus connu pour ses exploits sur le terrain que pour ses célébrations débridées.