Pedri renaît enfin : le maestro du Barça prouve qu'il est un incontournable

Il est difficile de mesurer à quel point Pedri a marqué les esprits dès son arrivée au FC Barcelone à l'été 2020. Recruté pour seulement 5 millions d’euros en provenance de Las Palmas – l’un des meilleurs coups de l’histoire du club – il était censé n’apparaître qu’épisodiquement lors de sa première saison. Pourtant, en quelques mois à peine, il est devenu un titulaire indiscutable.

Même Lionel Messi a été bluffé par le talent du jeune Espagnol. Une scène marquante illustre parfaitement cette admiration : lors d’une victoire 3-0 contre le Real Valladolid, l’Argentin venait de battre un record historique en devenant le meilleur buteur pour un seul club dans toute l’histoire du football. Pourtant, au lieu de savourer son exploit, il a immédiatement pointé du doigt Pedri, l’auteur d’une passe décisive magistrale en talonnade.

Cette complicité sur le terrain a illuminé la saison du Barça et certains ont même espéré qu’elle suffirait à convaincre Messi de rester en Catalogne. Mais alors que la légende argentine s’envolait vers Paris, Pedri, lui, entamait une série de galères physiques qui allaient freiner son ascension.

En 2021, Barcelone et l’Espagne ont littéralement épuisé Pedri. À seulement 18 ans, il a enchaîné 52 matchs avec son club et a disputé à la fois l’Euro et les Jeux Olympiques durant le même été. Un rythme infernal qui, sans surprise, a fini par avoir raison de son corps.

Dès la saison suivante, son physique a lâché. Deux blessures aux ischio-jambiers, distinctes mais évidemment liées à cette surcharge, l’ont tenu éloigné des terrains pendant presque toute l'exercice 2021-2022. Le moment le plus marquant de cette descente aux enfers reste sans doute le 5 mars 2023 : face à l’Athletic Club, Pedri s’effondre, contraint d’abandonner ses coéquipiers à cause d’un nouveau pépin musculaire. En larmes, il réalise peut-être à ce moment-là que son corps ne suit plus.

À l’époque, beaucoup craignaient que son développement soit irrémédiablement compromis. Certains allaient même jusqu’à redouter un destin à la Ansu Fati, autre immense espoir du Barça dont la carrière a été freinée par des blessures récurrentes.

Barcelone a mis en place une stratégie ultra-précise pour aider Pedri à enfin surmonter ses soucis physiques. Une analyse génétique réalisée aux États-Unis a révélé que son corps nécessitait un travail de renforcement musculaire quotidien.

L’arrivée de Hansi Flick et de son staff a également joué un rôle clé. Si certains craignaient que l'exigence physique du technicien allemand – adepte d’un pressing intense – ne pose problème à un joueur au passé médical fragile, c’est finalement tout l’inverse qui s’est produit.

« Physiquement, je me sens beaucoup mieux, capable de faire des choses différentes »,a confié Pedri à Mundo Deportivo. « On travaille bien plus dur qu’avant au club, et les préparateurs physiques font un travail remarquable. On met beaucoup d’intensité à l’entraînement, et cela se ressent en match. L’équipe ne relâche pas l’effort après la 70e ou la 80e minute, elle garde le même niveau d’intensité. »

Tout ce travail acharné porte ses fruits, tant pour Pedri que pour Barcelone. À 22 ans, le milieu de terrain n’a manqué qu’un seul match cette saison – et uniquement à cause d’une maladie.

S’il reste un joueur au gabarit plus proche de Cesc Fabregas que de Yaya Touré, il affiche une solidité physique inédite. Seuls Jules Koundé et Pau Cubarsí ont disputé plus de rencontres que lui, tandis que seul Raphinha compte plus de titularisations. On n’avait pas vu autant Pedri sur le terrain depuis la saison 2020-21, et son influence sur le jeu blaugrana est indéniable.

Hansi Flick y est pour beaucoup. Non seulement il a amélioré la condition physique générale de l’équipe, mais il a également apaisé l’atmosphère délétère qui régnait après la gestion chaotique du départ de Xavi par Joan Laporta.

« Il est très proche des joueurs, il aime discuter avec nous », a confié Pedri au sujet du coach allemand. « Derrière son sérieux apparent, il sait plaisanter et ne se montre pas toujours aussi rigide qu’il en a l’air. Il nous aide énormément, surtout les jeunes. Il est toujours attentif à nos besoins, et ça fait plaisir. Mais quand il faut être sérieux, il l’est. Il a ce petit côté sergent, mais il sait aussi se montrer humain dans ses échanges avec les joueurs. »

Flick a opéré un ajustement tactique majeur qui libère enfin tout le potentiel de Pedri. Plutôt que de l’aligner dans un rôle offensif avancé pour exploiter sa qualité de passe, il l’a repositionné plus bas, dans un double pivot aux côtés d’un milieu plus défensif comme Marc Casado ou Frenkie de Jong.

L’idée derrière ce changement était simple : Pedri est le meilleur technicien de l’équipe, alors pourquoi ne pas lui donner un maximum de responsabilités dans la construction du jeu ? Mais l’impact de cette décision dépasse largement les attentes initiales. Non seulement le jeune Espagnol a inscrit cinq buts et délivré six passes décisives cette saison, mais il est surtout devenu l’élément central du jeu blaugrana, assurant la parfaite transition entre la défense et l’attaque dans une équipe pourtant remplie de stars.

Ses statistiques en font l’un des joueurs les plus influents d’Europe. Il a récupéré plus de ballons que n’importe quel joueur des cinq grands championnats cette saison (233 fois). Seul Raphinha a créé plus d’occasions pour le Barça (61), et Pedri est celui qui réussit le plus de passes vers le dernier tiers du terrain.

Défensivement, son activité est tout aussi impressionnante : il est deuxième du club en duels remportés (177) et en tacles réussis (45), tandis qu’il partage la première place des interceptions (23) avec Casado. Une influence omniprésente qui en fait, aujourd’hui, l’un des joueurs les plus indispensables du Barça.

Flick ne cesse de le répéter : il n’existe aujourd’hui aucun joueur comparable à Pedri. L’ancien coach du Bayern Munich souligne à quel point l’Espagnol est un milieu de terrain incroyablement complet, au sommet de son art, au moment où le Barça s’apprête à retrouver la Ligue des champions face à Benfica la semaine prochaine.

"Je me sens libéré", a indiqué Pedri. "Flick m’a aussi transmis cette liberté : jouer sans pression, faire ce que je sais faire, et je me sens beaucoup plus détendu désormais." Une sérénité qui découle sans aucun doute de son état de forme optimal, enfin débarrassé de ses pépins physiques.

Le Barça et la sélection espagnole devront bien évidemment continuer à gérer avec prudence son temps de jeu, dans un calendrier toujours plus chargé. Mais il est impressionnant de voir à quel point Pedri est désormais capable d’enchaîner les rencontres avec une intensité constante.

Après près de quatre ans de galères, Pedri est enfin épargné par les blessures – et cela change tout. Avec un nouveau contrat jusqu’en 2030 et une nouvelle dynamique, il joue avec un plaisir retrouvé.

"Cela faisait longtemps que je n’avais pas autant apprécié le football", a-t-il confié après avoir prolongé avec le Barça. "Je suis là où je veux être. Nous avons une équipe très jeune, qui dans quelques années sera encore plus forte."

Pedri n’est donc plus seulement redevenu intouchable au Barça : il est peut-être tout simplement inarrêtable.