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Ousmane Dembélé : L'histoire d'une rédemption spectaculaire qui pourrait finir en Ballon d'Or

A l'entame de cette année 2025, l'ancien international français Ludovic Giuly soulignait sur le plateau de Téléfoot la chance qu'avait la Ligue 1 de pouvoir compter dans ses rangs un joueur du calibre d'Ousmane Dembélé.« C'est un dribbleur absolument incroyable, qui possède à la fois une vivacité déconcertante dans les pieds et une pointe de vitesse phénoménale », déclarait alors avec admiration l'ancien ailier de Monaco et du Paris Saint-Germain.

Cependant, le même Giuly reconnaissait volontiers que, malgré toutes les qualités techniques excitantes et le potentiel indéniable de Dembélé, le rendement de l'attaquant parisien dans le dernier geste, sa finition, laissait encore trop souvent à désirer. « S'il était seulement un peu meilleur et plus constant dans la finition », avait alors ajouté l'ancien ailier, aujourd'hui consultant, « il pourrait sans aucun doute être l'un des plus grands joueurs de l'histoire de la Ligue 1. Et, plus important encore peut-être, il pourrait légitimement prétendre au Ballon d'Or. »

Six mois à peine se sont écoulés depuis cette déclaration, et c'est pourtant exactement la position dans laquelle Ousmane Dembélé se trouve aujourd'hui. Car celui qui fut longtemps considéré comme l'un des plus grands talents inachevés et parfois frustrants du football mondial n'a pas seulement, cette saison, enfin réglé ses problèmes récurrents de finition devant le but. Il semble aussi et surtout avoir finalement réussi à mettre de l'ordre dans sa tête et à trouver la constance qui lui manquait tant...

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    Un talent brut reconnu par tous (mais...)

    Ousmane Dembélé a, depuis toujours, possédé un talent footballistique absolument hors du commun, une palette technique et des qualités naturelles qui sortent de l'ordinaire. Mikaël Silvestre, l'ancien directeur sportif du Stade Rennais (son club formateur), l'a un jour décrit comme étant l'adolescent le plus naturellement doué qu'il ait jamais vu évoluer depuis l'époque où il jouait lui-même aux côtés d'un certain Cristiano Ronaldo sous le maillot de Manchester United. Un compliment pour le moins élogieux. Thomas Tuchel, qui fut son entraîneur au Borussia Dortmund, a quant à lui souvent répété que c'était un véritable plaisir quotidien de voir Ousmane Dembélé étaler ses "incroyables qualités techniques" et sa créativité lors des séances d'entraînement. Plus tard, Martin Braithwaite, son coéquipier au FC Barcelone, fut tout simplement époustouflé par le talent brut du jeune Français lorsqu'il le découvrit à son arrivée en Catalogne en 2020.

    « Je n'ai jamais, jamais vu quelqu'un avec un tel talent. Et je suis très sérieux en disant cela ! »avait ainsi confié l'attaquant danois au média catalan Tot Costa. Il avait ajouté : « Bien sûr, Leo Messi, c'est quelque chose d'autre, il est à part. Mais, honnêtement, après lui, je n'ai jamais vu un joueur qui ressemble de près ou de loin à Ousmane Dembélé. Ce gamin est vraiment spécial, il a quelque chose en plus. » Des éloges qui en disent long.

    Même Lionel Messi en personne, excusez du peu, a un jour qualifié Ousmane Dembélé de « véritable phénomène sur le terrain ». Le problème, et c'est là que le bât blesse depuis le début de sa carrière, c'est qu'en dehors des terrains, le Français fut trop souvent, et pendant trop longtemps, un véritable désastre en termes de discipline et d'hygiène de vie.

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    « Une vie désordonnée » : les errements barcelonais de Dembélé

    Même en tenant compte du fait qu'il n'était encore qu'un adolescent lorsqu'il a débarqué en grande pompe en Espagne, Ousmane Dembélé a lui-même admis, avec une lucidité tardive, qu'il avait littéralement "gâché cinq années de sa carrière" au FC Barcelone, principalement en raison de son manque quasi total de professionnalisme et d'une hygiène de vie inadaptée au plus haut niveau. Durant son passage en Catalogne, il était en effet constamment et notoirement en retard aux entraînements et aux réunions d'équipe. Une ponctualité défaillante souvent attribuée à sa passion dévorante pour les jeux vidéo, auxquels il jouait parfois jusqu'aux petites heures du matin. Son régime alimentaire était également considéré comme une véritable honte pour un athlète professionnel de son calibre. Une source proche du club avait d'ailleurs raconté à GOALavoir découvert d'innombrables emballages de fast-food et de sodas à son domicile, tandis qu'un plat de poisson sain et équilibré, spécialement préparé pour lui par son ancien chef cuisinier personnel, avait été retrouvé intact, jeté à la poubelle.

    « C'est une vie totalement désordonnée, sans aucune structure », avait ainsi confirmé à l'époque Michael Naya, son ancien chef, dans les colonnes du Parisien. « Je ne l'ai jamais vu boire d'alcool, c'est vrai. Mais il ne respecte absolument pas les périodes de repos et de récupération qui sont pourtant cruciales à ce niveau. Il n'y a aucune véritable structure ni discipline autour de lui pour le guider. » Conséquence inévitable de ce laisser-aller : Ousmane Dembélé a lutté de manière quasi constante pour trouver une forme physique acceptable et une régularité dans ses performances durant la quasi-totalité de son long et tumultueux passage sous le maillot du Barça.

    « Il est clair aujourd'hui que si vous ne travaillez pas sérieusement, si vous ne faites pas tous les sacrifices nécessaires, vous ne pouvez pas prendre de plaisir durable au football », admettra d'ailleurs bien plus tard Dembélé lui-même au quotidien sportif espagnol Mundo Deportivo, comme une prise de conscience douloureuse. « Parce que si vous ne faites pas ces efforts, vous n'allez tout simplement pas beaucoup jouer, et surtout, vous allez vous blesser constamment. » Une lucidité acquise au prix de nombreuses années perdues.

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    Le départ au PSG : une "trahison" pour Xavi et le Barça ?

    Cependant, même lorsqu'Ousmane Dembélé était en pleine possession de ses moyens physiques, épargné par les blessures, il a toujours peiné à justifier pleinement et sur la durée la confiance immense et parfois aveugle que le FC Barcelone plaçait obstinément en lui. Il est toujours resté un personnage déroutant, une véritable énigme footballistique : capable de fulgurances géniales un jour, et de prestations fantomatiques le lendemain. L'ancienne gloire du club, Andrés Iniesta, avait certainement vu juste en affirmant un jour que le Français avait indéniablement« du génie dans les pieds ». Mais il était, et reste encore parfois, bien difficile de comprendre ce qui pouvait bien se passer dans sa tête, tant son jeu manquait de constance et de lecture collective.

    Le président du club, Joan Laporta, l'a pourtant maintes et maintes fois défendu publiquement face aux critiques, insistant sur le fait qu'un talent aussi spécial que le sien méritait un « traitement de faveur », une patience particulière. Malgré ces innombrables chances qui lui ont été offertes de prouver enfin sa valeur et de s'inscrire dans la durée comme un joueur clé du Barça, Ousmane Dembélé a, aux yeux de beaucoup en Catalogne, effectivement "trahi" le club en décidant de rejoindre le Paris Saint-Germain à l'été 2023, alors que des négociations pour une prolongation étaient en cours.

    « Honnêtement, cela me fait vraiment mal, parce que je pense sincèrement qu'ici, au Barça, nous avons pris grand soin de lui, que nous avons tout fait pour le mettre dans les meilleures conditions », avait alors admis avec amertume Xavi Hernandez, son entraîneur de l'époque, visiblement très affecté par ce départ perçu comme une forme d'ingratitude.

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    « Je préfère les joueurs engagés » : dézingué par le bras droit de Laporta

    Ce fut également, et il faut le souligner, un désastre absolu pour le FC Barcelone d'un point de vue purement financier. Le club catalan avait fini par débourser la somme astronomique de 148 millions d'euros au Borussia Dortmund pour s'attacher les services d'Ousmane Dembélé. Pourtant, lors de son départ au PSG, le Barça n'a finalement récupéré que la moitié des 50 millions d'euros de la clause libératoire activée par le club parisien. L'autre moitié, soit 25 millions d'euros, revenant directement au joueur lui-même, selon les termes de l'accord négocié lors de sa dernière prolongation de contrat. Une bien mauvaise affaire pour les finances déjà exsangues du Barça, qui avait pourtant désespérément tenté, jusqu'au bout, de convaincre Dembélé de signer une nouvelle prolongation avant son départ – mais en vain. L'ailier français avait déjà fait son choix.

    « J'aime les bons joueurs, les joueurs talentueux, évidemment. Mais, personnellement, je préfère par-dessus tout les joueurs qui sont réellement engagés envers le club et le projet », a ainsi récemment fustigé Enric Masip, conseiller influent du président Joan Laporta, lors d'une interview au quotidien sportif catalan SPORT. « Ousmane Dembélé avait déjà amplement démontré son manque d'engagement et de loyauté lorsqu'il a refusé de renouveler son contrat dans des conditions raisonnables. C'est toujours très facile d'embrasser l'écusson du club avec emphase quand on marque un but, ou de vendre du rêve et de la fausse modestie sur les réseaux sociaux. Il est légitime pour un joueur de vouloir gagner plus d'argent, c'est normal. Mais quand vous êtes vraiment engagé, vous ne regardez pas uniquement l'aspect financier et, surtout, vous ne dites pas une chose un jour pour faire exactement le contraire le lendemain. Donc, pour être honnête, je préfère de loin aligner sur le terrain un jeune joueur issu de La Masia, qui a faim et qui veut prouver sa valeur, ou un joueur comme Raphinha, qui se donne corps et âme à chaque entraînement, plutôt que quelqu'un capable de vous sortir une performance de 9/10 un jour et une autre de 3/10 le match suivant. » Des mots très durs qui reflètent une certaine amertume.

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    La mise à l'écart qui a tout changé

    Cependant, à l'époque de son départ du FC Barcelone, le sentiment général qui prévalait en Catalogne était que le club se porterait finalement mieux sans un joueur aussi talentueux certes, mais aussi et surtout aussi frustrant par son irrégularité chronique et son manque d'implication. La nature de son transfert au PSG avait certainement piqué au vif l'orgueil barcelonais, mais le consensus était alors qu'Ousmane Dembélé devenait désormais "le problème du PSG". Et c'est un problème que le club parisien et ses différents entraîneurs ont mis très longtemps à essayer de résoudre, avec plus ou moins de succès.

    Pas plus tard qu'en septembre dernier, on avait encore le sentiment persistant que Dembélé n'était tout simplement pas assez discipliné ou suffisamment déterminé mentalement pour enfin exploiter au maximum son immense talent naturel. Pour rappel, il n'avait inscrit que trois petits buts en Ligue 1 lors de sa première saison complète sous le maillot du Parc des Princes (2023-2024). Et bien qu'il ait pourtant réalisé un début de deuxième saison (2024-2025) plutôt prometteur et encourageant, Luis Enrique, son nouvel entraîneur, a estimé qu'il n'avait d'autre option que d'écarter l'attaquant français de son groupe pour le choc crucial de Ligue des Champions face à Arsenal, le 1er octobre dernier. Une décision forte et pour le moins surprenante.

    L'entraîneur espagnol avait alors refusé d'expliquer précisément les raisons de cette mise à l'écart, déclarant seulement en conférence de presse que « si un joueur ne se conforme pas aux règles ou ne respecte pas les attentes et les exigences collectives de l'équipe, cela signifie tout simplement qu'il n'est pas préparé ou apte à jouer ». Pour beaucoup d'observateurs, tout cela ressemblait étrangement et fâcheusement au type de frasques et de comportements non professionnels qui avaient tant émaillé et plombé le passage de Dembélé à Barcelone. Certains commençaient même à évoquer à voix haute la possibilité que cette nouvelle incartade puisse sonner le glas de sa carrière au plus haut niveau européen. Mais comme l'histoire nous l'a appris par la suite, ce fut en réalité tout le contraire : cet épisode fut un véritable tournant, le déclic qui allait tout changer pour Ousmane Dembélé.

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    Recentré et libéré : comment Dembélé est devenu une machine à buts

    Ousmane Dembélé avait déjà retrouvé une certaine forme et un certain allant vers la toute fin du mois de décembre dernier. Mais depuis le début de l'année civile 2025, il est tout simplement magnifique, étincelant, transformé. Pour preuve, aucun joueur évoluant dans les cinq grands championnats européens n'a été directement impliqué sur plus de buts que lui depuis le 1er janvier (pas moins de 31 contributions directes, dont 25 buts personnels !). Un bilan statistique absolument ahurissant et remarquable pour un joueur qui, rappelons-le, n'avait marqué au total que 24 petits buts lors de ses six saisons complètes passées en Espagne sous le maillot du FC Barcelone. Un changement de position "génial", opéré par son entraîneur, s'est avéré être l'élément pivot et la clé de cette transformation spectaculaire. Luis Enrique lui-même s'est d'ailleurs montré agréablement surpris par l'efficacité et l'aisance avec lesquelles Ousmane Dembélé s'est adapté à ce nouveau rôle plus axial sur le front de l'attaque parisienne.

    « Alors que la saison dernière, nous le voyions principalement démarrer ses actions depuis l'aile, nous le voyons maintenant évoluer et agir beaucoup plus comme un véritable numéro 9, un finisseur », a ainsi récemment expliqué le technicien espagnol à RMC Sport. « Et c'est quelque chose dont toute l'équipe bénéficie grandement aujourd'hui, et dont nous sommes tous évidemment très heureux. Mais ce qui est peut-être le plus surprenant et le plus impressionnant chez lui dans ce nouveau rôle, c'est son mouvement constant et son intelligence de déplacement dans la surface de réparation. Il est toujours là où il doit être, au bon endroit au bon moment. Il est ensuite capable de recevoir le ballon dans de bonnes conditions et de marquer en une seule touche de balle. » Une adaptation express et réussie.

    Le résultat net de cette métamorphose est que les buts de Kylian Mbappé, parti l'été dernier au Real Madrid, n'ont finalement pas du tout manqué au PSG cette saison – du moins, pas autant qu'on aurait pu le craindre. Et le meilleur buteur de tous les temps du Paris Saint-Germain n'est d'ailleurs pas le moins du monde déçu ou amer de ce constat. Bien au contraire, Kylian Mbappé s'est montré absolument ravi pour son ancien coéquipier en club et en sélection, et vieil ami de longue date. « Je suis son premier supporter, son fan numéro un »,a ainsi déclaré avec enthousiasme l'attaquant du Real Madrid lors d'une récente interview accordée au journal L'Équipe. « Je connais ses immenses qualités depuis que nous avons 14 ans et que nous jouions ensemble en équipes de jeunes. Je pense aussi, et c'est très important, qu'il a eu une sorte de déclic mental cette saison, ce qui signifie qu'il est désormais beaucoup plus calme et détendu devant le but, plus lucide dans le dernier geste. C'est un top joueur, un joueur de classe mondiale ! » Peut-être même, tout simplement, le meilleur joueur du monde à l'heure actuelle.

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    Dembélé : Ballon d'Or, C1... L'heure de la consécration suprême ?

    Désormais, et de manière tout à fait légitime, le Ballon d'Or tend les bras à Ousmane Dembélé. Il a d'ailleurs déjà été logiquement nommé Joueur de l'Année en Ligue 1 cette saison, après avoir littéralement porté le Paris Saint-Germain vers un nouveau titre de champion de France grâce à ses performances individuelles éblouissantes. Et ce samedi, il aura l'occasion unique d'aider enfin le club parisien à remporter sa toute première Coupe d'Europe, lors de la grande finale de la Ligue des Champions qui se disputera à Munich face à l'Inter Milan. Un rendez-vous avec l'histoire.

    Luis Enrique, son entraîneur, a rapidement tenu à souligner, avec justesse, qu'Ousmane Dembélé avait énormément bénéficié cette saison d'être entouré par des coéquipiers véritablement exceptionnels qui ont su le mettre dans les meilleures conditions. Mais, comme le joueur de 28 ans l'a lui-même brillamment prouvé sur le terrain, que ce soit à Anfield face à Liverpool ou à l'Emirates Stadium contre Arsenal lors des tours précédents de la phase à élimination directe, il est aujourd'hui devenu le talisman offensif incontesté et incontestable du Paris Saint-Germain. Le joueur capable de faire basculer un match sur un éclair de génie.

    « À l'époque où je jouais à la PlayStation quand j'étais gamin », confiait récemment Luis Enrique avec un sourire, « Ousmane, c'est typiquement le genre de joueur que vous choisissiez quand vous aviez absolument besoin de quelqu'un pour faire la différence, pour changer le cours du match d'une accélération ou d'un dribble. Il faudrait d'ailleurs lui demander ce qu'il a bien pu manger à Noël dernier, parce que s'il était déjà très bon l'année passée, il est encore bien meilleur et plus décisif en 2025. Et surtout, son attitude est absolument irréprochable au quotidien. » Des mots qui sonnent comme une validation définitive.

    Alors, qu'il remporte ou non le Ballon d'Or à la fin de cette année, une chose semble désormais certaine et acquise : l'ancien "enfant terrible" si souvent décrié du football français a enfin grandi, mûri, et atteint sa pleine maturité de joueur et d'homme. Une transformation spectaculaire.