Le procès historique visant à faire la lumière sur d’éventuelles négligences médicales dans la mort de Diego Maradona se poursuit en Argentine. Ce mardi, des policiers ayant été parmi les premiers à entrer dans la chambre où la légende du football est décédée ont livré des témoignages troublants. Ils affirment avoir été surpris par l’absence totale de matériel médical dans un espace censé être adapté à une hospitalisation à domicile. Ces révélations viennent renforcer les accusations pesant sur les sept membres de l’équipe soignante jugés pour homicide avec dol éventuel, une qualification juridique impliquant une négligence consciente des risques encourus.
(C)Getty Images
AFPUne chambre sans matériel médical
Les premiers policiers à être entrés dans la chambre de Diego Maradona ont fait part de leur étonnement face à la pénurie d’équipements médicaux pourtant nécessaires à la convalescence de l’ex-footballeur.
« Je n'ai pas vu d'éléments médicaux dans la chambre. Je n'ai pas vu de sérums qu'il doit, je pense, y avoir lors d'une hospitalisation à domicile », a déclaré le commissaire-adjoint Lucas Farias, l’un des agents témoignant au procès.
Son collègue, le commissaire Lucas Borge, partage cette surprise en précisant que Maradona n’était même pas installé sur un lit médicalisé. « Ce n'était pas un lit d'hospitalisation, c'était un sommier ordinaire, courant », a-t-il expliqué, ajoutant qu’aucun défibrillateur n’était disponible sur place.
AFPUne équipe médicale dans le viseur de la justice
Le procès, qui se tient à San Isidro (près de Buenos Aires), vise sept professionnels de santé, dont des médecins, une psychiatre, un psychologue et des infirmiers. Ils sont jugés pour « homicide avec dol éventuel », un crime passible de 8 à 25 ans de prison.
Le parquet accuse l’équipe soignante d’avoir manqué à ses responsabilités et d’avoir laissé Maradona dans une situation médicale déplorable, malgré son état critique après une opération au cerveau. Toutefois, les accusés rejettent toute responsabilité, affirmant avoir suivi les protocoles nécessaires.
AFPUne scène chaotique à la résidence de Maradona
Les policiers ont également décrit une situation chaotique en arrivant sur place le 25 novembre 2020. Lucas Borge a révélé avoir été alerté vers 13 heures, envoyant immédiatement son adjoint Lucas Farias, qui lui a rapidement confirmé le décès de Maradona.
À son arrivée, il a été frappé par la présence massive de personnes dans la résidence. « Il y avait énormément de monde dans le patio : les sœurs, l'ex-épouse, les filles de Maradona, mais aussi l'infirmière et la psychiatre », a-t-il relaté.
AFPUn état physique alarmant
Le témoignage des policiers a renforcé la thèse d’une négligence grave de la part du personnel médical. Ils ont décrit un Maradona méconnaissable, avec une condition physique inquiétante.
« J'ai été surpris de voir Maradona comme ça. Je n'aurais jamais pensé me trouver face à cette image (...) avec tout ce qu'il représente », a confié Lucas Farias.
L’un des détails les plus glaçants concerne l’apparence de son ventre, qui, selon les descriptions, était anormalement gonflé : « Le ventre très gonflé, prêt à exploser », ont confirmé les agents.
AFPUne négligence dénoncée par le parquet
Lors de l’ouverture du procès, le procureur Patricio Ferrari avait déjà mis en avant une défaillance totale dans la prise en charge du champion du monde 1986. Il avait même évoqué une convalescence transformée en « théâtre de l’horreur », qualifiant la situation de véritable « assassinat ».
Avec ces nouveaux témoignages, l’affaire prend une tournure encore plus accablante pour l’équipe médicale de Maradona. Le procès, qui doit se poursuivre jusqu’en juillet, pourrait marquer un tournant dans la quête de vérité sur la fin tragique du Pibe de Oro.