Le génie turc Arda Guler est très bon pour s'asseoir sur le banc du Real Madrid

Madrid a dû faire face à une forte concurrence pour obtenir la signature de Guler. Le grand rival Barcelone était également sur les rangs, tout comme Arsenal et Aston Villa en Premier League, ainsi que les géants allemands du Borussia Dortmund, mais les Madrilènes ont réussi à remporter la mise.

Ils ont conclu un accord avec Fenerbahçe pour Guler en juillet dernier pour un montant de 30 millions d'euros, soit près du double de sa clause libératoire initiale, et ont offert au jeune joueur un contrat exceptionnel de six ans. Les Madrilènes ont tout misé sur Guler, qui avait impressionné le public de son pays lors de sa saison exceptionnelle 2022-23, avec notamment une prestation ahurissante lors de la victoire de Fenerbahçe en finale de la Coupe de Turquie contre le Basaksehir d'Istanbul.

Guler est devenu "viral". Les vidéos de son jeu de jambes éblouissant attirant des milliers de vues sur les médias sociaux, mais il avait un produit final à la hauteur de son flair. Et Madrid a reconnu son immense potentiel. Il n'a jamais manqué de confiance en lui non plus et a cité Ronaldo, Mesut Ozil, Zinedine Zidane et Guti lorsqu'il a expliqué son désir de devenir une légende du club lors de sa présentation dans la capitale espagnole.

Mais l'engouement autour de Guler s'est vite transformé en frustration. Il se blesse au genou lors de la tournée de pré-saison de Madrid aux États-Unis, ce qui déclenche une série cauchemardesque de problèmes de condition physique qui retardent considérablement ses débuts en Liga.

Guler n'a fait ses débuts sous le maillot madrilène qu'en janvier, lors d'un match de Coupe du Roi contre Arandina. Il a été contraint de modifier sa posture après s'être abîmé le ménisque, et des problèmes musculaires persistants ont suivi. Ancelotti s'est évértué à adopter une approche patiente pour son retour sur le terrain en raison de la bonne forme de son équipe dans les différentes compétitions.

Le rêve madrilène de l'adolescent tournait au cauchemar et il aurait été facile pour lui de chercher à s'échapper par le biais d'un prêt. Mais Guler est fait d'une étoffe plus solide. Pendant quatre mois, il a fait profil bas afin de prouver sa forme et sa force mentale à Ancelotti, qui a toujours insisté sur le fait que Guler "sera un joueur important pour l'avenir".

Son travail acharné a porté ses fruits le 26 avril, lorsqu'Ancelotti l'a titularisé pour la première fois en Liga contre la Real Sociedad, et qu'il a marqué l'occasion d'un but. Guler a ensuite inscrit cinq autres buts lors de ses quatre apparitions suivantes, dont un doublé lors du match nul 4-4 contre Villarreal. Il est ensuite devenu le premier joueur turc à gagner la Ligue des champions, même s'il n'a pas participé à la victoire finale de Madrid sur le Borussia Dortmund. Compte tenu de la situation dans laquelle il se trouvait au début de l'année, il s'agit d'un retournement de situation tout à fait remarquable. Avec ce réveil, il a donné aux Madrilènes des raisons de croire en une éclosion encore plus remarquable dans le futur.

L'équipe nationale turque est un environnement complètement différent pour Guler, qui apprend maintenant ce que signifie être un gros poisson dans un petit étang, et il n'est pas surprenant qu'il accepte cette responsabilité supplémentaire. Cette expérience fera de lui un joueur encore meilleur, tout à fait capable de jouer un rôle de premier plan en club en 2024-25.

Malheureusement pour Guler, la concurrence pour les places dans l'équipe madrilène sera plus forte que jamais. Cela est principalement dû à l'arrivée imminente de Kylian Mbappé, qui achèvera officiellement son transfert gratuit tant attendu à Santiago Bernabéu après le Championnat d'Europe.

Le président Florentino Perez a joué un rôle essentiel dans ce processus. S'assurer qu'il s'intègre rapidement dans son nouvel environnement sera la priorité numéro un d'Ancelotti avant la nouvelle campagne. Ensuite, il y a la petite question de savoir où il doit jouer.

Une place d'attaquant central s'est libérée. Celle que Joselu n'a occupée que sporadiquement la saison dernière. Le PSG a régulièrement utilisé Mbappé dans le même rôle, et il n'aura aucun problème à jouer à nouveau dans l'axe, même si personne ne conteste le fait qu'il est le plus performant lorsqu'il déborde de la gauche.

À moins que les événements ne conduisent au départ de Vinicius Jr cet été, il est peu probable que Mbappé ait la possibilité de jouer dans sa position préférée, donc au moins pour commencer, il semble que le Français doive s'habituer à jouer en pointe chaque semaine. Mais la question de savoir qui se place derrière Mbappé et sur l'aile opposée est bien plus complexe, et l'inclusion de Guler risque de bouleverser l'équilibre d'Ancelotti.

Le chemin de Guler vers le onze de départ a jusqu'à présent été bloqué par Rodrygo. L'autre attaquant brésilien de Madrid, qui ne peut pas vraiment rivaliser avec Vinicius dans le dernier tiers, mais qui presse sans relâche et étire l'opposition grâce à ses courses intelligentes dans le dos.

Rodrygo peut évoluer en tant qu'ailier droit ou plus au centre en tant qu'attaquant dédoublé, comme il l'a fait avec Vinicius lors de la finale de la Ligue des champions. C'est un dribbleur rapide et intelligent qui se montre rarement en deçà des attentes de l'équipe d'Ancelotti, mais force est de constater que ses statistiques en termes de buts et de passes décisives restent relativement modestes.

Vinicius représente la plus grande menace de Madrid, et Rodrygo est son lien. Mais Guler a quelque chose de différent à offrir. L'as turc veut toujours le ballon et se projette vers l'avant dès qu'il en a l'occasion, contournant les défenseurs grâce à son centre de gravité bas et cherchant toujours à faire une passe décisive. Guler a également de la glace dans les veines devant le but. Il s'appuie un peu trop sur son pied gauche, mais c'est une véritable arme et il n'a besoin que de la plus petite ouverture pour faire mal.

Ancelotti a dit que "le ballon est amoureux de lui", et c'est bien l'impression qu'on a en voyant Guler pénétrer le terrain. Il a une élégance qui ne s'apprend pas. Rodrygo est un excellent footballeur, mais Guler est clairement un cran au-dessus.

Pour Guler, le plus judicieux est de viser un poste de latéral droit, d'autant plus qu'il joue également à ce poste en Turquie. Mais il est suffisamment polyvalent pour évoluer n'importe où sur la ligne de front, y compris en tant que numéro 10 ou faux neuf, où il peut vraiment faire des miracles dans les espaces les plus étroits et ouvrir les défenses.

Jude Bellingham a souvent joué un rôle de soutien aux côtés de Vinicius et Rodrygo la saison dernière, et a surpris le monde entier par son efficacité offensive. L'ancien joueur de Dortmund s'est forgé une réputation de milieu de terrain complet en Allemagne, mais il s'est transformé en buteur à Bernabeu, et il donne le ton à Madrid grâce à son travail acharné en dehors du ballon.

Pour que Guler puisse jouer plus au centre, il faudrait qu'il déloge Bellingham, ce qui n'est pas une mince affaire. Cela dit, l'Anglais est également à l'aise en profondeur et dans un rôle de meneur de jeu, et Ancelotti pourrait lui demander de le faire plus régulièrement avec l'arrivée de Mbappé.

Bellingham est également un grand fan de Guler. Il a qualifié le jeune homme de "phénomène" après l'avoir vu se produire pour la première fois au centre d'entraînement du club à Valdebebas, et il fera certainement tout ce qui est en son pouvoir pour contribuer à son développement.

Ancelotti a désormais le luxe de disposer d'un certain nombre de combinaisons différentes en attaque, mais garder Guler comme un simple remplaçant n'aurait aucun sens. Même si tous les regards seront tournés vers Mbappé lorsque la Liga reprendra en août, Guler a également le potentiel d'amener Madrid à un niveau encore plus élevé et pourrait même avoir un impact similaire à celui de Bellingham maintenant qu'il est de nouveau en pleine possession de ses moyens.

Martin Odegaard et Takefusa Kubo sont les deux exemples les plus marquants de jeunes prodiges qui n'ont jamais réussi à s'imposer à Bernabeu.

Les deux hommes ont été prêtés à plusieurs reprises et n'ont jamais bénéficié d'une période de continuité solide avec Madrid. Rien ne garantit que les choses auraient été différentes pour Odegaard ou Kubo si le club avait adopté une autre attitude, mais il ne veut certainement pas laisser échapper un autre diamant.

Guler fait de nouveau objet de rumeurs d'un départ en prêt. Un retour potentiel à Fenerbahçe a même été évoqué depuis la nomination surprise de José Mourinho en tant que nouvel entraîneur du club. Mourinho a toutefois donné une réponse honnête et claire lorsqu'il a été interrogé sur Guler, en déclarant aux journalistes : "S'il aime le club où il a grandi et qu'il veut venir, dans le cadre d'un transfert gratuit, et si le Real Madrid lui verse 75 % de son salaire, nous ne dirons pas non".

L'AC Milan a également été cité comme courtisan de Guler, et il est facile de l'imaginer faire des ravages en Serie A, mais il n'y a aucune raison pour qu'il envisage un séjour ailleurs, pas après avoir reçu un vote de confiance de la part d'Ancelotti. "Il s'est battu. Il restera l'année prochaine, cela ne fait aucun doute", a déclaré l'entraîneur madrilène en avril. "Il est très jeune. Petit à petit, il aura son rôle".

Le travail de Guler consiste désormais à faire en sorte qu'Ancelotti ne puisse plus l'écarter de l'équipe madrilène. Amener la Turquie dans les dernières phases de l'Euro aiderait sa cause, et l'équipe de Vincenzo Montella aura une chance contre toute opposition uniquement grâce à sa seule présence.

Le Bernabeu pourrait rapidement devenir le terrain de jeu de Guler, tout ce que les Madrilènes ont à faire est de le laisser courir librement. Le premier acte de Guler a été impressionnant, le second promet d'être un véritable show.