Alors que la Ligue 1 traverse une période critique sur le plan financier et médiatique, tous les regards se tournent vers Canal+, diffuseur emblématique du championnat. Mais la chaîne cryptée, longtemps considérée comme un potentiel sauveur, vient de clarifier définitivement sa position. Un coup dur pour la Ligue de football professionnel (LFP) qui espérait relancer les discussions afin de stabiliser l’avenir du football français.

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Un différend qui dure depuis 2021
La fracture entre Canal+ et la LFP remonte à l'été 2021, lorsqu'Amazon Prime Video s'est vu attribuer, à un tarif inférieur, les huit matchs orphelins du fiasco Mediapro. Un choix qui a profondément irrité le groupe de Maxime Saada, alors que Canal+ payait plus cher pour seulement deux rencontres. Depuis, la chaîne cryptée n’a jamais véritablement envisagé de reprendre les négociations, préférant observer de loin les difficultés rencontrées par les diffuseurs successifs.
Le fiasco Mediapro, prévisible selon Maxime Saada, avait déjà marqué un tournant. En 2020, le groupe espagnol promettait près de 800 millions d’euros, séduisant la LFP et poussant Canal+ hors du jeu. Depuis cette rupture, le football français navigue entre incertitudes et crises financières.
AFPUn contexte économique fragile
Alors que DAZN, diffuseur principal de la Ligue 1 avec un contrat de 400 millions d’euros par saison, rencontre des difficultés à équilibrer ses comptes, les tensions demeurent. Si un apaisement temporaire est intervenu via le paiement de la dernière échéance et le retrait d’un recours judiciaire de la LFP, le climat reste tendu.
La situation se complique avec la procédure lancée par DAZN, qui réclame 573 millions d'euros à la Ligue : 309 millions pour « tromperie sur la marchandise » et 264 millions pour « manquement observé ». Dans ce contexte incertain, beaucoup voyaient Canal+ comme la planche de salut. Mais le groupe vient de fermer la porte.
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Canal+ persiste et signe
Dans un entretien accordé à Le Figaro, ce mardi, Maxime Saada, le président du directoire du groupe Canal+, a balayé les derniers espoirs : « Les conditions ne sont absolument pas réunies pour un retour de Canal dans ce dossier ».
Des propos qui confirment la stratégie du groupe : rester à l’écart tant que les circonstances économiques et contractuelles ne sont pas alignées.
Lors d’une précédente intervention devant le Sénat, en janvier dernier, Saada avait déjà exprimé ses doutes : « Actuellement, c'est très compliqué pour DAZN de retrouver une équation économique avec le montant investi aujourd'hui ».
Et d’ajouter : « Je crois qu'il faut déjà remercier DAZN d'avoir consenti à investir 400 millions d’euros par saison et beIN Sports 100 millions parce que sinon... Mais je pense hélas que la situation va continuer à se dégrader. À un moment, la réalité économique s'impose à tous les acteurs, y compris DAZN. Donc je ne pense pas qu'on soit au bout de l'histoire ».
AFPLabrune avait tenté le tout pour le tout
En coulisses, le président de la LFP, Vincent Labrune, avait même envisagé de se retirer afin de favoriser un éventuel retour de Canal+. À la fin février, il déclarait dans L’Équipe : « Personnellement, j'ai tout essayé pour les mettre autour de la table ».
Et d’ajouter : « Si demain, Canal+ souhaite diffuser la L1 à sa juste valeur, ils seront évidemment les bienvenus. Mais aujourd'hui, ils n'ont pas souhaité ».
Visiblement, rien n’a évolué depuis ces propos. La crise des droits TV de la Ligue 1 se poursuit donc sans perspective claire, tandis que les acteurs majeurs se renvoient la responsabilité d’un modèle en difficulté.