Man City mentality GFXGetty/GOAL

De la machine à gagner à l'équipe de Haaland et Foden : le déclin insidieux de City

Le but victorieux de Phil Foden à la 91e minute contre Leeds United a eu des airs de miracle, un geste de ballet qui a sauvé les apparences après une seconde période calamiteuse où City avait dilapidé une avance de deux buts. Une lecture optimiste y verrait une résilience de champion. Une lecture réaliste, celle qui prévaut aujourd'hui, y voit une équipe devenue fébrile, dépendante d'exploits individuels pour masquer un effondrement collectif. Si City espère rattraper Arsenal dans la course au titre, cette habitude de saborder ses propres matchs devra cesser immédiatement.

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    Guardiola ne s'y trompe pas

    L'entraîneur catalan n'a d'ailleurs pas cherché à enjoliver la réalité avant le déplacement à Fulham. Loin de saluer le caractère de ses troupes, il a livré une analyse morose, conscient que le résultat ne tenait qu'à un fil. « Tout dépend du fait que Phil mette le ballon au fond ou non », a-t-il lâché, refusant de voir dans ce succès un déclic psychologique. « Je ne sais pas si une victoire peut définir la mentalité d'une équipe. Je ne crois pas à ce genre de choses. »

    Phil Foden, auteur de six buts et trois passes décisives cette saison, s'est montré plus lucide, tirant la sonnette d'alarme : « Nous étions en contrôle total, puis nous avons vraiment souffert. Si nous continuons à entamer les matchs ou les mi-temps comme ça, nous allons perdre le championnat. Nous devons régler ça. »

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    L'art de se saborder

    Ce scénario contre Leeds n'est pas un accident, c'est une tendance lourde. C'était la sixième fois cette saison que City laissait filer un avantage au score. Les exemples s'accumulent : une défaite à Brighton après avoir mené 1-0, une égalisation concédée à la 90e contre Arsenal, deux avantages gâchés contre Monaco en Ligue des champions, ou encore cette victoire poussive contre Bournemouth où Gianluigi Donnarumma a dû s'employer. Même lors des victoires apparentes en Europe contre Villarreal (2-0) ou Dortmund (4-1), les secondes périodes ont révélé une gestion de match défaillante, indigne des standards habituels de l'ère Guardiola.

    Cette incapacité à "tuer" les matchs expose une vérité crue : City n'est plus invincible. Les défaites contre Tottenham, Aston Villa et Newcastle, où ils ont concédé l'ouverture du score, montrent une équipe qui ne fait plus peur. Foden l'a admis à demi-mot : enchaîner après deux défaites consécutives (Newcastle et Leverkusen) a entamé la confiance du groupe. « Nous voulions juste retrouver cette sensation de la victoire », a-t-il confié, comme un aveu que la machine s'est grippée.

  • Sporting Clube de Portugal v Manchester City - UEFA Champions League 2024/25 League Phase MD4Getty Images Sport

    L'impossible succession des légendes

    Le problème est peut-être structurel. Guardiola ne peut plus compter sur la certitude de gagner, ni sur la capacité de son équipe à verrouiller un résultat. Cela n'a rien d'étonnant quand on regarde l'hémorragie de leadership qu'a subie le vestiaire. Sept membres clés de l'équipe du triplé de 2023 sont partis. Les départs de Kevin De Bruyne, Ilkay Gündogan, Kyle Walker et Ederson ont laissé un vide immense. Julian Alvarez est parti chercher du temps de jeu, tandis que Jack Grealish et Manuel Akanji ont été prêtés.

    City a remplacé les jambes, mais pas les têtes. L'insatiable culture de la gagne incarnée par Gündogan ou De Bruyne s'avère irremplaçable. Parmi les dix recrues arrivées depuis l'été 2024, seul Donnarumma a déjà remporté un championnat majeur européen. Nico González ou Tijjani Reijnders n'ont qu'une coupe nationale à leur palmarès. Dans le onze aligné contre Leeds, seuls Haaland, Foden, Bernardo Silva et Ruben Dias avaient déjà soulevé plus d'un titre de Premier League avec le club.

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    L'ombre de Rodri et le carnet de chèques

    L'absence de Rodri, blessé pour deux mois, pèse une tonne sur cet effectif rajeuni et moins expérimenté. Le manque de confiance de Guardiola envers son banc est criant : après avoir effectué dix changements contre Leverkusen (et perdu), il a fustigé ses remplaçants qui « n'ont pas essayé » et a remis ses cadres contre Leeds.

    Face à ce constat d'échec dans la construction de l'effectif, la solution envisagée semble être, encore une fois, financière. Les rumeurs d'un transfert d'Antoine Semenyo pour 75 millions d'euros (65 M£) en janvier se font insistantes. L'ailier de Bournemouth est certes brillant, mais son arrivée porterait les dépenses de City à plus de 500 millions d'euros (422 M£) en 13 mois.

    Or, l'argent n'achète pas tout. Il peut offrir le talent de Semenyo pour soulager Haaland et Foden, mais il ne garantit pas cette haine de la défaite nécessaire pour coiffer au poteau un Arsenal qui n'a perdu qu'un seul match cette saison. Pour retrouver les sommets, City a besoin de plus qu'un chèque : il a besoin de retrouver une âme.