Cette saison, ce PSG a donc une spécialité : se faire peur, nous ennuyer puis s’imposer à l’arrachée. Depuis la reprise de la Ligue 1, la liste des rencontres dans lesquelles Paris a mis ces ingrédients s’allonge. On peut citer Troyes, Brest, Metz, Angers, Lyon et donc Lille vendredi soir. Sans oublier Leipzig à domicile en Ligue des champions.
Face aux champions de France, le club de la capitale a donc servi sa pièce en trois actes. D’abord subir, laisser des boulevards et concéder des occasions nombreuses. Trop nombreuses.
Et cela a commencé dès la 56e seconde, quand Ikoné plantait Kimpembe avant de servir Yilmaz qui obligeait Donnarumma a une superbe parade sur sa gauche. Le défenseur parisien se reprenait ensuite et empêchait le Turc d’obtenir un nouveau duel (12e) puis Kehrer laissait filer Ikoné qui manquait le cadre (14e), avant que David ne frappe de peu à côté (15e).
Messi sans doute pas à 100%
Trente minutes de flottement à tous les étages, avec des attaquants inoffensifs, des milieux pris dans leur dos et des latéraux en difficulté, à l’image de Kehrer débordé par Yilmaz, pas le plus rapide des attaquants lillois sur l’ouverture du score de Jonathan David (0-1, 31e).
Le deuxième acte, lui, eut lieu en même temps que le premier. Hormis un face-à-face de Di Maria, qui fut de loin le Parisien le plus actif, ce PSG n’a rien proposé. Alors qu’il aurait pu ouvrir la marque à la demi-heure de jeu, Messi n’a jamais trouvé la bonne inspiration, sans doute diminué par une douleur musculaire à une jambe et remplacé à la mi-temps, quand Neymar a offert un premier quart d’heure prometteur avant de disparaître.
Et au vu de la composition de départ, l’argument selon lequel les attaquants parisiens ont encore besoin de temps pour créer des automatismes ne tient pas ou presque. Messi et Neymar ont joué ensemble pendant plusieurs années au Barça. Idem pour les deux Argentins en sélection.
Pendant près de 20 minutes, le scénario s’est poursuivi. Lille a manqué deux balles de break par David (47e) et (55e) et puis Paris a brusquement changé de visage sous l’impulsion d’un coaching de Mauricio Pochettino, semblable à celui qu’il avait initié contre Leipzig.
Un système que Pochettino a utilisé face à Leipzig et dans ces clubs précedents
Le technicien parisien faisait entrer Dagba et Mendes et demandait à Danilo Pereira de reculer pour passer dans une défense à trois. Des latéraux plus haut, des attaquants plus à l’intérieur du jeu et un Marquinhos qui a presque joué en position de libero. Le troisième acte était lancé.
« Si vous avez suivi ce que l'on a fait à l'Espanyol Barcelone, Southampton ou Tottenham, on a déjà utilisé ce système à différentes périodes. On doit s'adapter à l'effectif et ses qualités. Contre Leipzig, on devait trouver une solution et c'est pour ça que l'on a choisi de l’utiliser », expliquait Pochettino juste avant le match face à l’OM.
Vendredi soir, ce changement tactique a donc tout changé : Marquinhos a d’abord égalisé sur un service parfait de Di Maria, lui-même lancé par Neymar (75e). Les deux se retrouvaient sur une combinaison subtile pour offrir la victoire à Paris. Le Brésilien servait l’Argentin qui ouvrait son pied. Aussi classique qu’efficace.
Dans cette période à trois défenseurs, le PSG aurait pu aussi marquer grâce à Icardi qui manquait un duel et plaçait une tête au-dessus. Mais surtout, c’est l’impression d’équilibre et la conviction que le club de la capitale allait renverser ce match qui a surpris. Et si c’était la clef pour gagner avec la manière ? A cette question, Pochettino s'est gardé de donner une réponse claire mais s'est dit content d'avoir une solutuon de rechange. "Il faut parfois trouver des différentes façons de jouer. On peut s’adapter à ce système. Mais c’est bien d’être flexible. Parfois, le plan de départ ne fonctionne pas et je suis content d’avoir cette option pour des joueurs avec de différentes caractéristiques. Mais il faut continuer à le travailler".




