Ole Gunnar PSGoal

Portrait - Ole Gunnar Solskjaer, sur les traces d'un conquérant à Manchester United

Ce qui devait être un simple intérim s’est rapidement transformé en véritable idylle. Avec dix victoires en onze rencontres toutes compétitions confondues, Ole Gunnar Solskjaer est parvenu à vitesse grand V à redresser Manchester United. Moribonds en Premier League, les Red Devils sont devenus des candidats crédibles au Big Four. Toujours en lice pour la FA Cup, la formation mancunienne se présente ce mardi soir en huitième de finale contre le Paris Saint-Germain avec le plein de confiance. Du statut d’équipe prenable, United est devenu une équipe redoutée à travers ses solides arguments.

Le chemin n’a pourtant pas été simple pour celui qui a fait ses premières gammes au sein de l’équipe réserve des Red Devils où il croise pour la première fois la route de Paul Pogba, il obtient des résultats intéressants et décline même une proposition de la fédération norvégienne pour entraîner la sélection. C’est finalement au pays, du côté de Molde FK que sa première expérience professionnelle sur un banc débute. Son apprentissage du haut niveau s’accélère et de fil en aiguille, Ole Gunnar Solskjaer va faire de son équipe la référence du début des années 2010 en Norvège, devant Rosenborg. Avec deux titres de champion et une coupe nationale, il inaugure son palmarès et commence à se faire un nom, au-delà de son statut de remplaçant super efficace.

Un échec plein d'enseignements à Cardiff

Néanmoins, cette promenade bucolique va se heurter à un sacré obstacle nommé Cardiff City. Au coeur de la saison 2013-2014, il prend la tête de la formation galloise qui doit sauver sa peau en Premier League. Avec seulement trois victoires en 18 rencontres, sa mission échoue et il descend en Championship avant de définitivement quitter le club en septembre. Une expérience délicate qui va lui donner encore plus d’humilité et de recul par rapport à ce métier si singulier qui ne pardonne rien. Pour se refaire une santé, il décide de repartir un an après du côté de Molde, où il obtient de nouveau de bons résultats même si son armoire à trophées ne s’étoffe plus. Ole Gunnar Solskjaer a quitté son équipe avec le sentiment du devoir accompli, celui d’avoir bâti dans la durée sur le rivage nord du Romsdalsfjord. "Nous avons construit pierre après pierre à Molde. La fin de saison de cette année laisse espérer une autre bonne saison en 2019. Erling, Trond [entraîneur] et Per Magne [entraîneur des gardiens] feront beaucoup de travail pendant mon absence."

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Molde manager Ole Gunner SolskjaerGetty

Le technicien norvégien est loin d’être étranger au succès et à la sérénité retrouvée du côté de United. Après David Moyes, l’héritier rapidement déchu, Louis Van Gaal le révolutionnaire désabusé et enfin José Mourinho, victime de sa guerre d’égos, Old Trafford semble avoir enfin trouvé un entraineur à sa mesure. Joueur des Red Devils pendant 11 saisons (1996-2007), Ole Gunnar Solskjaer a rapidement compris ce que le poids de l’histoire et des responsabilités impliquait dans ce club. "Il reste encore quelques mois avant la fin de saison, a commenté l’intéressé en conférence de presse, avant ce rendez-vous européen. Moi, évidemment, je fais tout ce que je peux faire pour faire gagner le club. Depuis le premier jour, j'adore ce que je vis. Mais je savais qu'il y avait des défis : on était loin, on avait perdu contre Liverpool, mes joueurs avaient perdu confiance, mais ils ont très bien réagi."


Ashley Young : "J'ai presque eu l'impression que Sir Alex était revenu"


Les joueurs eux-mêmes perçoivent dans le natif de Kristiansund quelques similarités avec l’illustre entraîneur écossais. Dans un entretien accordé à l’Équipe, Ashley Young a décrit ce parallèle avec justesse. "Lorsqu’il est arrivé, d'une certaine manière, j'ai presque eu l'impression que sir Alex était revenu. Parce qu'il était accompagné de Mike Phelan et de Michael Carrick. Mais aussi parce qu’il sait exactement ce que ça signifie de jouer pour ce club. Il est à la fois obsédé par la victoire et par le fait que ses joueurs s'épanouissent sur le terrain, comme Sir Alex."  Alors que de nombreux noms prestigieux ont circulé fin décembre pour reprendre les rênes (Conte, Zidane, Blanc, Pochettino), le technicien norvégien fait clairement l'unanimité autour de lui.

Une équipe à son image, une équipe "Babyface Killer"

Le crédit accordé à l’histoire et aux symboles se répercute dans les propos d’Ole Gunnar Solskjaer, soucieux de façonner un Manchester United à son image : capable d’ère jovial mais aussi très froid dans son réalisme. Pour la première fois, une équipe Babyface Killer (son surnom quand il chaussait encore les crampons) prend tous son sens. Si le collectif prime toujours, ce Manchester United sait se reposer sur certaines individualités quand il le faut.

Ole Gunnar PSGoal

David De Gea, Paul Pogba et Marcus Rashford sont les trois joueurs qui se distinguent le plus dans cette période. Leur donner les clés du camion et les laisser interpréter le match à leur manière, c’est la philosophie développée par l’ancien attaquant. "Ma devise est de faire confiance aux joueurs et de croire en leurs capacités à jouer de la bonne manière, au bon moment. Essayer de dominer nos adversaires. De jouer comme nous le faisons actuellement avec Manchester United."

À lui seul, Ole Gunnar Solskjaer représente une curiosité puisque, fait très rare chez les entraîneurs, il a été cédé sous la forme d’un prêt payant (deux millions d’euros) assorti d’une option d’achat (dix millions d’euros). Mölde a eu le nez creux en fixant la barre très haut. D’ailleurs, l’entraîneur de 45 ans a confié au Telegraph que son président lui avait laissé carte blanche pour son avenir. "Il m’a dit de prendre du plaisir à United et de ne pas revenir !" Pour l'instant, rien n'indique qu'il doit prendre le chemin retour vers la Norvège en juin prochain. En tout cas, un succès contre le PSG lui donnerait encore plus d'envergure pour poursuivre l'aventure. Si ce n'est déjà le cas.

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