Mathys Tel n'oubliera pas ces trois jours d'août 2021. Le 15, face à Brest, le jeune garçon (17 ans) effectuait ses premières minutes en Ligue 1 à 16 ans et 110 jours et battait au passage le record de précocité sous le maillot rennais d'Eduardo Camavinga (11e joueur le plus précoce de l'histoire de la L1). Trois jours plus tard, le 18, celui qui est originaire de Villiers-le-Bel (Val d'Oise) signait son premier contrat professionnel avec le club breton.
Depuis, l'attaquant, qui a aussi évolué en tant que défenseur central ou milieu de terrain, avant son arrivée à Rennes, est aussi apparu contre Reims, Clermont et Tottenham. Tout cela avant de montrer ses qualités sur le front de l'attaque. Comment expliquer cette précocité ? Elle s'illustre du côté de Montrouge, quand Mathys Tel rejoint, en octobre 2019, ce club de la petite couronne parisienne, répertorié parmi les meilleures préformations de la région, après avoir quitté l'INF en cours de route.
Thomas Berlette, son entraîneur d'alors, se souvient parfaitement de sa rencontre avec le Rennais pour un entretien avec lui et ses parents. « Quand je l'ai reçu, mon équipe était deuxième de son championnat (U17 Nationaux) et je n'avais pas forcément de besoin à son poste. Et il m'a répondu : ''Pas de problème, je vais prouver et travailler'' », confie celui qui est aujourd'hui entraîneur adjoint de la réserve du Stade de Reims.
Jamais en retard et jamais blessé
Et d'ajouter : « La semaine d'après, je le vois en séance, le reste du groupe le prenait un peu de haut car il a 15 ans mais lui, il était à fond. Il avait envie de progresser et d'apprendre. A la fin, je voyais les autres jeunes dire qu'il était trop déterminé. »
Malgré les plus de 30 kilomètres et les nombreux bouchons qui séparent cette ville des Hauts-de-Seine du domicile parental, son entraîneur se souvient d'un joueur toujours à l'heure, qui ne manquait pas un entraînement et n'était jamais blessé.
Mathys Tel s'entraîne quatre fois par semaine avec les 17 ans nationaux et joue le haut du tableau tous les week-ends. De quoi l'aider à sauter cette case en Bretagne. Pour se tenir au courant, Rennes demande des vidéos de ses performances tous les lundis et sait rapidement qu'il jouera sa première saison avec les U19, voire avec la réserve.
Il change aussi radicalement de poste, ce qui ne refroidit pas le SRFC qui l'avait pourtant signé pour évoluer comme défenseur central. « Avec mon staff, on trouvait qu'il avait des qualités de dribbles et de rapidité et que c'était un gâchis de ne pas pouvoir en profiter, donc on l'a fait jouer sur un côté », se rappelle Thomas Berlette. Rennes a même pu constater les dégâts puisque son équipe U17, à la lutte avec Montrouge pour l'accession en playoffs, s'est inclinée sur un but... de sa future pépite.
"Programmé pour le haut niveau mais à quel poste ?"
Durant sa formation, il a même joué en tant que milieu défensif ou relayeur et poursuit actuellement au poste de numéro 9, comme en équipe de France U18 où il a inscrit 5 buts en 4 sélections. « Aujourd'hui, il ne jouera plus sur les postes à vocation défensive. Par contre, que ce soit en position de numéro 8, sur un côté, en attaque ou en soutien, tout est ouvert », décrypte un de ses proches.
« Je l'avais trouvé bon sur un poste de milieu de terrain, capable de répéter les efforts, les courses, techniquement juste, juge un observateur d'un grand club européen. Mais même en attaque, il est sans arrêt en mouvement pour proposer des solutions ou faire la liaison avec le milieu de terrain. Je pense qu'il sera un joueur de très haut niveau mais quel poste sera le meilleur pour lui ? Je n'ai pas la réponse. »
Dès son arrivée à Rennes, il évolue en U19, joue même Youth League contre l'Inter Milan en août 2020 alors qu'il n'a que 15 ans. Mais il n'est pas immédiatement surclassé avec la N3, car les équipes du centre de formation souhaitent le voir travailler sa première touche de balle avant de continuer son ascension, car sur le plan athlétique, physique et mental, le garçon est déjà prêt.
Un an plus tard, le voilà avec les pros après avoir démarré la reprise de la saison avec la réserve. Au cœur de la préparation bretonne Bruno Genesio, l'entraîneur du stade rennais identifie un besoin de renfort au milieu de terrain et fait appel à Mathys Tel, qui rejoint le groupe professionnel en Espagne. L'ancien technicien lyonnais se fait rapidement une opinion positive et décide de le faire jouer durant les matchs de préparation. Il ne le laissera plus repartir à l'étage inférieur.
Malgré quelques apparitions en pro et un Euro U17, dont il est sorti vainqueur avec l'équipe de France, le Bayern Munich a été séduit par le potentiel de Mathys Tel et négociait déjà son arrivée le jour où Sadio Mané était officialisé en Bavière. Un mois plus tard, le jeune rennais va le rejoindre et s'engager pour cinq ans avec le champion d'Allemagne.
Après un peu plus de deux semaines de négociations et trois offres, Rennes et le Bayern Munich se sont accordés sur une indemnité légèrement inférieure à 30 millions d'euros bonus compris et un important pourcentage à la revente pour son (désormais) ancien club. En début de semaine, Mathys Tel sera à l'entraînement chez l'un des ténors européens. De Montrouge à Munich en trois ans, l'ascension continue.