A picture taken on May 28, 2010 shows FrAFP

Knysna : faut-il encore ressasser le fiasco de 2010 ?

Quinze ans après l’un des plus grands fiascos du football français, Nicolas Anelka lâche une révélation surprenante. Invité dans Le Club des 5, il affirme qu’il voulait quitter l’équipe de France avant même le début du Mondial 2010. Il savait que sa présence serait un cauchemar sportif, que le système mis en place par Raymond Domenech ne fonctionnerait pas, et que ce tournoi, censé être son premier en Coupe du monde, ne lui offrirait aucune chance de briller.

Anelka : “Je voulais partir, mais les mecs m’ont dit de rester”

Des mots qui, rétrospectivement, résonnent comme une prédiction funeste. S’il était parti, Knysna aurait-il pu être évité ? L’équipe de France aurait-elle simplement reculé l’échéance de son implosion ? Ou bien le problème était-il bien plus profond que la simple présence d’Anelka ?

Si l’aveu d’Anelka est frappant, il ne doit pas masquer une réalité plus large. La Coupe du monde 2010 n’a pas basculé à cause d’un seul homme. C’est tout un système qui était en faillite.

Knysna : l’échec de tout un système

Le sélectionneur Raymond Domenech savait que son équipe n’avait ni leader, ni plan de jeu, ni unité. Il savait aussi que son vestiaire était fracturé depuis l’Euro 2008. Les joueurs eux-mêmes ressentaient une absence totale de direction, un vide tactique, une atmosphère de défiance. Ils n’étaient pas venus pour gagner. Ils étaient là parce qu’ils n’avaient pas d’autre choix.

Et pourtant, tout le monde s’est tu. On a laissé la machine avancer, alors même que le crash était inévitable. Aujourd’hui, Anelka met en lumière une pièce du puzzle. Mais ce puzzle, on le connaissait déjà, et chaque nouveau témoignage ne fait que renforcer l’idée que cette équipe n’aurait jamais dû poser un pied en Afrique du Sud dans ces conditions.

France's captain Patrice Evra (C) meetsAFP

Pourquoi encore parler de Knysna ?

Alors que le documentaire Netflix consacré à cette mutinerie sortira dans quelques mois, avec les témoignages de Raymond Domenech, Patrice Evra et d’anciens chefs de presse des Bleus, une question se pose : Pourquoi revenir encore et encore sur cet épisode ?

Que reste-t-il à apprendre ? La vérité n’a-t-elle pas déjà été disséquée sous toutes ses coutures ? Qui a encore besoin d’entendre Domenech se justifier, Evra raconter la fronde des joueurs, ou la presse refaire l’histoire ?

Knysna restera un traumatisme indélébile, un souvenir douloureux, un symbole d’échec collectif. Mais à un moment, il faut savoir avancer. Le football français ne peut pas éternellement se regarder dans le rétroviseur, surtout lorsque le présent offre des perspectives bien plus enthousiasmantes.

FBL-WC2010-FRA-TRAINING-EXPEL-LETTERAFP

Tourner la page : le football français a mieux à offrir

Aujourd’hui, la France peut regarder vers l’avenir. Quatre clubs sont encore engagés en Ligue des champions, et la nouvelle génération tricolore semble bien plus saine et structurée que celle de 2010. À force de creuser Knysna, ne risque-t-on pas d’oublier que l’histoire du football français ne se résume pas à ses échecs ?

Un documentaire de plus sur 2010 n’apportera rien de nouveau, mais il offrira aux spectateurs l’occasion de replonger dans une époque révolue. Libre à chacun d’y voir un intérêt. Mais le plus important, c’est que l’équipe de France, elle, ne se définisse plus par ce désastre.

L’histoire de Knysna est écrite. Maintenant, il est temps d’en raconter une autre.

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