Mohamed Salah Liverpool 2018-19Getty Images

À un match de l'immortalité : les héros de Liverpool perdent le titre après une saison épique

On en demande toujours plus, non ? Trop, en fin de compte. Au terme d'une des semaines les plus inoubliables de l'histoire, il ne fallait pas demander un nouveau miracle à Liverpool.

En s'imposant 2-0 à Anfield face aux Wolves pour mettre un terme à une campagne de Premier League fantastique, les hommes de Jurgen Klopp ont rempli leur part du contrat et peuvent sortir avec les honneurs. Sans le succès de Manchester City à Brighton (1-4), il seraient champions.

City mérite les louanges. C'est une équipe qui a été chercher son destin en remportant 14 matches de suite et 18 de ses 19 dernières rencontres. Il fallait cela, vraiment, pour terminer devant ce Liverpool-là - ce qui situe le degré de performance du club de la Mersey.

En rembobinant un peu, on pourrait presque affirmer que tout s'est joué le 3 mars dernier. Le match nul face à Liverpool contre Everton à Goodison Park ce jour-là a été la dernière rencontre non soldée par une victoire. C'est ce jour-là que les hommes de Klopp ont lâché les commandes sans le savoir, malgré une incroyable série, derrière, pour eux aussi, avec neuf succès de rang.

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Le dénouement est brutal, cruel. Comment une équipe peut totaliser 97 points, gagner 30 matches, n'en perdre qu'un, et ne pas être sacrée ? La prochaine finale de la Ligue des champions atténue les souffrances de Liverpool, mais les Reds ont conscience qu'ils auraient été couronnés presque chaque année avec une telle performance. Ils n'ont perdu que 17 points sur la saison entière. Bien sûr, remuer le couteau dans la plaie ne leur servira à rien, mais tous vont avoir ces quelques mots qui raisonneront inéluctablement dans les têtes, cet été : "Et si ?"

Jurgen Klopp Liverpool 2018-19Getty Images

Et s’il Liverpool avait battu Leicester dans la neige le 31 janvier pour prendre 7 points d'avance ? Et si Liverpool avait trouvé l'ouverture à Goodison Park ? Et si Liverpool avait rencontré la mauvaise version de West Ham au lieu de se frotter à la bonne ? Et si Liverpool était revenu avec ne serait-ce qu'un petit point de l'Etihad Stadium le 3 janvier ? Et si, et si, et si...

Au bout du compte, c’est CE match qui a privé Liverpool du titre, en même temps qu'il a empêché les Reds de rester invaincus et d’atteindre la barre des 100 points. C’est ce match qui restera le point de bascule, avec les buts assassins de John Stones et Leroy Sané pour remettre une équipe de City sur les bons rails alors qu'elle balbutiait son football en début d'année.

Liverpool doit être fier. L'ovation que les joueurs ont reçue dit tout de ce que le peuple d'Anfield pense dans son équipe. Elle est aimée, adorée, et elle le mérite. Pour l'émotion qu'elle génère. Pour ses renversements de situation. Pour le plaisir qu'elle donne.

Guardiola a suggéré cette semaine que Liverpool avait eu la vie facile, que les Reds pouvaient jouer sans pression ces dernières semaines. De qui se moque-t-il ? "This Means More" est le slogan marketing des Reds. La pression ne cesse jamais à Anfield, où le désir de remporter un titre est plus grand que dans n'importe quel autre club.

Manchester City Liverpool Premier League 2018-19Getty

L’équipe de Klopp savait depuis le mois d’août qu’il fallait réaliser une saison hors-norme pour mettre un terme à cette attente interminable de 29 ans. Elle savait que cette équipe de City, rodée et implacable, conserverait le rythme soutenu de ces dernières années.

Dans ce contexte, Liverpool a disputé 38  finales, 38 "must-wins" comme on dit en Angleterre, cette saison, pour donner le change avec l’équipe la plus chère de l’histoire du football anglais. Liverpool a aussi beaucoup dépensé. Il fallait le faire pour concourir.

Ce dimanche, le temps d'un instant, on a bien cru que la magie de mercredi allait renaître. Quand City a été mené alors que Sadio Mané avait débloqué la situation, le bruit à Anfield était incroyable. Mais le plaisir n’a duré que 83 secondes. Après cela, tout est devenu inévitable.

À la fin, l'atmosphère était spéciale. Le message du kop ressemblait à de l'indifférence. "Nous ne pleurerons pas", chantait-il. La douleur était là, mais la fierté l'a emporté.

Ce n'est pas étonnant. Klopp et son staff ont bâti une équipe infernale, porté par un état d'esprit unique. Et malgré cette fin amère, cette saison de Premier League restera aussi la leur. Place maintenant à la suite, une finale de Ligue des champions, la deuxième consécutive, à Madrid, le 1er juin. Cette équipe mérite de grimper au sommet de l'Europe pour tout ce qu'elle a donné cette année. Ce sera un match pour l'éternité.
 

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