Lassana DiarraGetty Images

65 millions d'euros ? Lassana Diarra touche le jackpot

La saga judiciaire de Diarra remonte à un violent conflit avec son ancien club, le Lokomotiv Moscou, en 2014. Suite à un désaccord sur son salaire, son contrat a été résilié. Le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) l'a ensuite condamné à verser au Lokomotiv la somme faramineuse de 10 millions d'euros pour rupture de contrat. Cette décision, combinée au règlement de la FIFA, a créé ce que ses avocats ont qualifié de « risques financiers imprévisibles et potentiellement très élevés » pour tout club souhaitant le recruter. Ce démêlé judiciaire a de fait mis un terme à la carrière de Diarra, un transfert prometteur au Sporting Charleroi belge ayant été annulé, le privant de toute possibilité de jouer au football professionnel pendant plus d'un an.

Avec le soutien du syndicat mondial des joueurs, la FIFPRO, Diarra a porté l'affaire devant la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), arguant que les règles de transfert de la FIFA restreignaient illégalement son droit à la « libre circulation des travailleurs » en vertu du droit européen. Dans un arrêt historique, la CJUE a donné raison à Diarra, jugeant que les règles de la FIFA créaient des « risques financiers imprévisibles et potentiellement très élevés » pour les joueurs. Cet arrêt marque un tournant historique en droit du sport, car il vise le droit des joueurs à résilier prématurément un contrat – une nouvelle étape qui s'appuie sur l'arrêt Bosman de 1995, qui portait sur les transferts gratuits en fin de contrat.

Le principe juridique étant désormais établi, l'affaire entre dans une nouvelle phase : une demande d'indemnisation. Diarra réclame désormais 65 millions d'euros (56 millions de livres sterling/76 millions de dollars) de dommages et intérêts à la FIFA et à la Fédération belge de football. Soutenu par le syndicat mondial des joueurs, la FIFPRO, Diarra a souligné que son combat ne le concernait pas uniquement. Il s'est exprimé pour protéger « les joueurs prometteurs et moins connus qui n'ont pas les moyens financiers et psychologiques de comparaître devant la FIFA devant de véritables juges ». Ce sentiment a donné naissance au recours collectif « Justice for Players », qui se prépare à réclamer des milliards d'euros de dommages et intérêts au nom d'environ 100 000 footballeurs, eux aussi touchés par les règles restrictives de la FIFA depuis 2002.

Suite au refus de la FIFA de parvenir à un accord à l'amiable, l'affaire Diarra va maintenant être renvoyée devant les tribunaux nationaux belges pour exécution. Son représentant légal, Martin Hissel, espère une décision d'ici 12 à 15 mois. Pour Diarra, l'avenir immédiat est de recevoir enfin l'indemnisation à laquelle il estime avoir droit pour le préjudice subi par sa carrière. Cependant, son héritage durable est désormais assuré. Comme Jean-Marc Bosman avant lui, Diarra est devenu une figure révolutionnaire des droits des joueurs.

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