Xabi Alonso : futur entraîneur de Tottenham (ou de Liverpool) ?

Alonso a eu un impact considérable depuis son arrivée à Leverkusen en octobre. Après avoir hérité d'une équipe occupant la 17e place de la Bundesliga, le technicien de 41 ans a remporté 17 des 32 matches qu'il a dirigés depuis, pour seulement huit défaites. Son équipe a battu des clubs comme le Bayern Munich et le RB Leipzig, et jouissait d'une série de 14 matches sans défaite, toutes compétitions confondues, avant sa défaite 2-1 à domicile contre le FC Cologne le week-end dernier.

Éliminés de la Ligue des champions en phase de groupes, les Schwarzroten se sont bien adaptés à la Ligue Europa, éliminant Monaco dans un match épique lors du tour de barrage, avant d'éliminer Ferencvaros et l'Union Saint-Gilloise en huitièmes et en quarts de finale, respectivement.

Aujourd'hui, seule la Roma leur barre la route, alors qu'ils tentent d'atteindre la troisième finale européenne de leur histoire, la première depuis 2002. "Pour l'équipe et le club, ce serait très bien", a déclaré Alonso cette semaine. "Le fait d'atteindre les demi-finales en Europe n'est pas arrivé souvent dans l'histoire du club, [donc] nous voulons faire en sorte que cela se passe le mieux possible".

Pour ceux qui ont travaillé avec Alonso tout au long de ses 18 années de carrière, il n'est pas surprenant de le voir réussir dans le management. Mourinho a certainement vu le potentiel, puisqu'il a entraîné le milieu de terrain pendant trois saisons au Real Madrid entre 2010 et 2013.

"Son père était manager, il a donc grandi comme moi", a-t-il déclaré en 2019. "Ensuite, il est devenu un joueur. Un joueur de haut niveau. Sa position sur le terrain et sa connaissance du jeu [étaient] très élevées.

"Il a joué en Espagne, en Angleterre et en Allemagne. Il a été entraîné par [Pep] Guardiola au Bayern Munich, par moi-même au Real Madrid, par [Carlo] Ancelotti au Real Madrid, par [Rafa] Benitez à Liverpool. Je pense donc que si vous mettez tout cela ensemble, Xabi a les conditions pour devenir un très bon entraîneur".

Alonso lui-même a parlé de ces influences clés et de la façon dont elles l'ont aidé à se former. "J'ai appris de chaque entraîneur", a-t-il récemment expliqué. "J'ai vécu de bons et de mauvais moments. J'ai essayé de comprendre pourquoi ils ont pris les décisions qu'ils ont prises afin de commencer à construire ma propre vision en tant qu'entraîneur et manager. Mais plus tard, après avoir pris le meilleur de chacun, il faut construire sa propre personnalité et son propre style, et ne pas se contenter de faire du copier-coller. Il s'agit d'être authentique.

Les joueurs de Leverkusen ont certainement répondu à son appel. "Quand il est arrivé, la première chose qu'il a faite a été de changer la mentalité de l'équipe", explique l'attaquant Moussa Diaby. "Il nous a demandé d'oublier ce qui s'était passé avant son arrivée et de jouer comme si nous commencions une nouvelle saison.

"Il a apporté son expérience au club, il se sert de ce qu'il a vécu en tant que joueur pour nous faire progresser au quotidien. Il s'est très bien débrouillé jusqu'à présent, et j'espère que cela va continuer. Nous sommes très heureux qu'il soit notre entraîneur principal, l'équipe joue bien et nous allons dans la bonne direction."

Ce qui est remarquable dans l'ascension d'Alonso, c'est le soin avec lequel il a choisi ses postes. En tant que joueur, il avait la réputation d'être quelqu'un qui voyait toujours les choses en grand, ce qui s'est vérifié jusqu'à présent dans sa carrière d'entraîneur.

Il a pris sa retraite en 2017, mais plutôt que de se jeter à l'eau avec un poste de haut niveau, il a d'abord travaillé avec les moins de 13 ans du Real Madrid, puis avec l'équipe B d'un autre ancien club, la Real Sociedad, avant de finalement, après mûre réflexion, faire le grand saut avec Leverkusen à l'automne dernier.

Roberto Olabe, le directeur sportif de la Real Sociedad, estime qu'une telle approche patiente sera bénéfique à Alonso à long terme. "Avec Xabi, il faut savoir qu'il réfléchit très attentivement à chaque décision qu'il prend", expliquait Olabe à GOAL en janvier dernier. "Quand il choisit d'aller à Leverkusen, c'est parce qu'il se sent prêt.

"Il s'est tenu au plan jusqu'à présent dans sa carrière d'entraîneur, et maintenant il a fait ce grand pas, et je lui souhaite bonne chance. Je ne doute pas qu'il réussira". Jusqu'à présent, tout va bien dans ce domaine.

Quel genre d'entraîneur est donc Alonso ? Vous ne serez pas surpris d'apprendre que Leverkusen est devenu une équipe basée sur la possession du ballon depuis qu'il en a pris les rênes. Le Leverkusen est l'une des sept équipes de Bundesliga à posséder en moyenne plus de 50 % du ballon et il est le cinquième meilleur passeur du championnat. Ils ont également le quatrième meilleur taux de buts attendus (xG), ce qui suggère qu'ils sont plutôt doués pour se créer de bonnes occasions de but.

"Xabi est un milieu de terrain, quand même ! a répondu Olabe à GOAL lorsqu'on l'a interrogé sur le style d'entraînement d'Alonso. "Je pense que les milieux de terrain veulent avoir le contrôle du jeu. S'ils ne le font pas, ils souffrent beaucoup. Il veut que son équipe ait le ballon, qu'elle soit équilibrée, qu'elle contrôle l'espace avec la possession du ballon. Il veut construire cette zone de milieu de terrain, et il veut ce joueur d'axe qui peut l'aider à le faire".

Pour y parvenir, Alonso utilise généralement une défense à trois et un milieu de terrain pivot en profondeur, s'appuyant sur ses latéraux pour assurer la largeur de l'équipe et sur deux numéros 10 qui cherchent à récupérer le ballon et à créer dans les zones centrales les plus avancées.

En règle générale, ce système fonctionne bien. Depuis la reprise de la Bundesliga en janvier, Leverkusen n'a manqué de marquer que quatre fois en 22 matches, et a inscrit deux buts ou plus dans 15 de ces rencontres. Leverkusen est donc loin d'être ennuyeux.

"Nous sommes peut-être une jeune équipe, mais nous sommes aussi très matures", déclare Diaby. "Les joueurs savent ce qu'ils veulent faire, mais aussi ce qu'il ne faut pas faire. Les jeunes joueurs ont parfois besoin qu'on leur dise ce qu'ils doivent faire, et c'est pour cela que leurs aînés sont là".

L'Espagnol a hérité d'une équipe de Leverkusen composée de plusieurs jeunes joueurs très doués, qu'il a su faire progresser rapidement, ce qui n'est pas une coïncidence compte tenu de la carrière soigneusement choisie par Alonso.

Plusieurs d'entre eux sont d'ores et déjà pressentis pour un transfert. Le défenseur latéral international néerlandais Jeremie Frimpong, qui a déjà joué à Manchester City, est lié à Manchester United, tandis qu'Arsenal et Newcastle suivent notamment l'attaquant international français Diaby, âgé de 23 ans. Des joueurs comme le défenseur équatorien Piero Hincapie (21 ans), l'attaquant Adam Hlozek (20 ans), le défenseur Edouard Tapsoba (24 ans) et l'attaquant Amine Adli (23 ans) ont également obtenu de bons résultats depuis l'arrivée d'Alonso.

Le joyau de la couronne de Leverkusen est cependant le milieu de terrain offensif Florian Wirtz, qui travaille depuis janvier à retrouver sa forme et son efficacité, après une absence de 10 mois due à une blessure au ligament croisé antérieur (LCA).

Le jeune homme de 20 ans, qui a déjà été sélectionné six fois en équipe d'Allemagne, a été associé à Barcelone, au Real Madrid et à Manchester City, entre autres. Alonso l'a comparé à Lionel Messi, et même si cela n'est peut-être pas judicieux, Wirtz, qui est très fort techniquement et qui court beaucoup, sera sans aucun doute un élément clé si Leverkusen veut battre Mourinho et ses coéquipiers.

Il ne fait aucun doute que Mourinho et Alonso s'embrasseront chaleureusement avant le match de jeudi, et ce sera, incroyablement, la quatrième fois que les deux hommes s'affrontent en demi-finale d'une compétition majeure. Alonso s'est imposé à chacune des trois occasions précédentes, son équipe de Liverpool ayant battu le Chelsea de Mourinho en deux demi-finales de Ligue des champions et une fois en FA Cup au cours d'une période remarquable entre 2005 et 2007.

"C'était comme si, chaque année, nous devions nous affronter quatre fois", a récemment déclaré Alonso. "J'ai adoré ces matches. C'était de superbes batailles".

Alonso et Mourinho ont ensuite travaillé l'un avec l'autre, passant trois saisons ensemble au Real Madrid. Ils y ont notamment battu le légendaire FC Barcelone de Guardiola au titre de champion d'Espagne en 2012, tout en remportant une Copa del Rey et une Supercoupe d'Espagne. Mourinho a fini par quitter Madrid après s'être brouillé avec plusieurs joueurs clés, mais Alonso n'en faisait pas partie.

"Les joueurs croient en lui - vous voulez jouer et vous battre sur le terrain pour lui", a déclaré Alonso. "J'ai eu l'occasion de travailler avec différents entraîneurs, mais José a quelque chose d'un peu différent. La façon dont il transmet et communique avec les joueurs est différente, tout comme sa façon de faire preuve d'empathie.

Il n'est pas exclu, bien sûr, que Mourinho et Alonso soient tous deux sur le départ cet été. Selon les médias français, Mourinho est pressenti pour remplacer Christophe Galtier au Paris Saint-Germain, après avoir refusé la possibilité d'un retour fracassant à Chelsea en début de semaine.

Alonso, quant à lui, a été identifié par Tottenham comme un candidat potentiel pour succéder à Antonio Conte, limogé en mars. Le président des Spurs, Daniel Levy, serait prêt à payer l'indemnité nécessaire pour faire venir Alonso à la fin de la saison.

"Les rumeurs sont normales", a déclaré Alonso lorsqu'on l'a interrogé à ce sujet la semaine dernière. "Mais nous avons encore beaucoup de choses à accomplir. C'est pourquoi ma tête est à 100 % ici depuis quelques mois. Et ma tête est également à 100 % pour la saison prochaine".

Les anciens clubs d'Alonso suivront également de près ses progrès. Le Real Madrid pourrait avoir besoin d'un nouvel entraîneur la saison prochaine si Carlo Ancelotti accepte de prendre la tête de l'équipe nationale brésilienne, tandis que le Bayern Munich compte sur Thomas Tuchel, nouvellement nommé, pour surmonter des débuts difficiles en Bavière.

Liverpool est également conscient de l'évolution d'Alonso. Les Reds savent toutefois que la planification de la succession à Anfield sera essentielle dans les années à venir et ils observeront avec intérêt la façon dont Alonso navigue dans les premières étapes de sa carrière d'entraîneur.

Quoi qu'il arrive, cette semaine et les suivantes, il ne sera pas surprenant de le voir monter en puissance. Et il ne sera pas du tout surprenant de voir Alonso entraîner en Premier League avant qu'il ne soit beaucoup plus âgé.