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Trop, c'est trop ! Gianni Infantino et la FIFA doivent agir et imposer des défaites sur forfait aux clubs dont les supporters sont coupables de racisme

Samedi après-midi, le milieu de terrain de Coventry City, Kasey Palmer, a été victime d'insultes racistes de la part de certains supporters de Sheffield Wednesday. L'international jamaïcain d'origine anglaise a été à la fois choqué et peu surpris par les chants de singe, la force de sa détermination n'ayant d'égale que son sentiment de résignation.

"Je suis noir et fier et j'élève mes trois enfants dans le même esprit", a-t-il écrit sur les réseaux sociaux après le match à Hillsborough. "Je vais être honnête, cependant, j'ai l'impression que les choses ne changeront jamais, quels que soient les efforts que nous déployons".

Et il a raison. Quelques heures seulement après les scènes honteuses de Sheffield, le gardien de but de l'AC Milan, Mike Maignan, a subi le même traitement déplorable de la part des supporters de l'Udinese, ce qui montre bien que les incidents liés aux abus raciaux ne feront que se poursuivre parce que le problème n'est toujours pas traité de manière adéquate.

  • Aucun moyen de dissuasion

    De toute évidence, le racisme dépasse largement les limites du terrain de football. Il s'agit d'un problème de société profondément enraciné qui touche toutes les régions du monde.

    Mais le football ne joue pas son rôle. Il y a beaucoup de signes et de slogans, mais jamais d'actions significatives. Les fermetures de stades sont soit partielles, soit beaucoup trop courtes. Les peines sont souvent assorties de sursis et les amendes sont toujours dérisoires. Il n'y a donc pas d'effet dissuasif sur les racistes.

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  • Maignan Udinese MilanGetty Images

    "On ne peut pas jouer comme ça"

    Comme l'a déclaré Maignan à Milan TV, "ce [comportement] ne devrait pas exister dans le monde du football, mais malheureusement, depuis de nombreuses années, c'est une récurrence. Nous devons tous réagir. Nous devons faire quelque chose parce qu'on ne peut pas jouer comme ça".

    Pendant une longue période, on a attendu des joueurs de couleur qu'ils fassent exactement cela, qu'ils se contentent de jouer. L'idée erronée était que les racistes ne devaient pas avoir la satisfaction de voir à quel point leurs insultes blessaient d'autres êtres humains, et que la meilleure façon pour les victimes de réagir était de laisser leurs pieds parler à leur place.

    Mais comme l'a souligné la légende d'Arsenal Ian Wright, "faire comme si de rien n'était" n'a pas du tout fonctionné.

  • "Donnez un sens à tout cela"

    Souvenez-vous, Moise Kean et Romelu Lukaku ont été vilipendés pour avoir osé exprimé leur dégout. Kean a été accusé par son propre coéquipier, Leonardo Bonucci, de provoquer les supporters de Cagliari qui l'ont insulté, tandis que Lukaku a même reçu un deuxième carton jaune pour avoir littéralement tenu tête aux supporters de la Juventus.

    "Quelqu'un peut-il donner un sens à tout cela, s'il vous plaît ?" a écrit Common Goal après le carton rouge du Belge à Turin. "Cela fait trop longtemps que des voix s'élèvent pour réclamer de vraies sanctions contre le racisme dans le football et trop longtemps qu'elles sont ignorées."

    "Il est tout à fait clair que l'on ne fait pas assez pour lutter contre le racisme dans le football, [qui] a fait les gros titres dans le monde entier cette année, les attaques contre Vinicius Jr illustrant le travail que le football doit encore accomplir...

    "L'ensemble du monde du football - des clubs aux fédérations en passant par les supporters - doit prendre le racisme au sérieux. Il ne devrait pas incomber uniquement à ceux qui sont victimes d'abus racistes de les faire cesser."

  • Maignan Udinese Milan Serie AGetty

    Les fans silencieux sont des complices

    Il a souvent été avancé (généralement par les présidents de clubs qui ont lamentablement échoué à s'attaquer à l'élément raciste de leur base de supporters) qu'il n'était pas juste de punir la majorité des supporters à cause des actions d'une petite minorité.

    Mais Maignan a balayé cet argument le lendemain du match à Udine, en déclarant : "Les spectateurs qui étaient dans les tribunes, qui ont tout vu, tout entendu mais qui ont choisi de se taire, vous êtes complices."

  • Ce n'est pas aux joueurs de résoudre cela

    Il est vrai qu'il n'est jamais facile de prendre position, surtout contre ceux qui sont généralement aussi intimidants qu'ignorants. Mais Kick It Out a raison lorsqu'il affirme que "ce n'est pas aux joueurs de résoudre ce problème. Nous aimerions que ce ne soit pas le cas, mais ils font déjà preuve de courage dans des conditions de détresse et de traumatisme émotionnel extrêmes".

    La véritable responsabilité incombe aux autorités, bien sûr, mais il est indéniable qu'il incombe aux supporters de s'exprimer chaque fois qu'ils entendent l'un des leurs agresser un joueur, et la meilleure façon d'encourager l'autosurveillance parmi les supporters est non seulement d'arrêter les matchs, mais aussi d'accorder immédiatement la victoire à la victime ou à l'équipe de la victime.

  • Gianni Infantino 2023Getty

    Il est temps pour Infantino d'agir

    Il est encourageant de constater que le président de la FIFA, Gianni Infantino, est finalement parvenu à cette conclusion. "Les événements qui se sont déroulés à Udine et à Sheffield sont totalement odieux et inacceptables", a-t-il déclaré.

    "En plus de la procédure en trois étapes (match arrêté, match arrêté une deuxième fois, match abandonné), nous devons mettre en place un forfait automatique pour l'équipe dont les supporters ont commis des actes de racisme et causé l'abandon du match, ainsi que des interdictions de stade dans le monde entier et des poursuites pénales pour les racistes".

    Mais Infantino n'a plus qu'à mettre sa menace à exécution. "Trop c'est trop", comme l'a dit Kylian Mbappé, le coéquipier de Maignan en équipe de France. Le temps des discours est terminé. Il est impératif d'agir. Sinon, les choses ne changeront jamais.

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