Real Madrid : des rois des grands rendez-vous aux spécialistes des faux pas

Il y a six mois, rien ne laissait présager une telle situation. Lors de la Supercoupe d'Europe, les Merengue affichaient une domination certaine face à l'Atalanta (2-0), une victoire qui aurait pu être bien plus large. Mais les difficultés ont rapidement surgi.

Fin septembre, lors d'un déplacement au Metropolitano, le Real a été malmené par l'Atlético. Malgré un match nul arraché in extremis (1-1), l'équipe de Carlo Ancelotti a souffert, dominée dans le jeu et incapable de réellement s'imposer. Ancelotti a lui-même admis que l'équipe n'avait pas été à la hauteur.

Le choc suivant était censé être une formalité. Un match de Ligue des champions contre Lille offrait l'opportunité parfaite pour un récit de domination à la sauce madrilène. Mais c'est tout l'inverse qui s'est produit.

Le Real a dominé les statistiques : plus de tirs, de passes et d'occasions créées. Mais Lille a joué à la madrilène, absorbant la pression avant de frapper en contre. Jude Bellingham, désemparé, levait les bras au ciel, tandis que Kylian Mbappé et Vinicius Jr refusaient de faire les efforts défensifs.

Le Clasico suivant devait être la consécration de Mbappé en blanc. Mais Barcelone a réduit à néant cette illusion. Pris au piège par la défense haute des Catalans, Mbappé a été signalé hors-jeu à 11 reprises. Le Real a été démonté en contre, Yamal s'offrant les projecteurs.

La semaine suivante, l'AC Milan, guidé par un Christian Pulisic éblouissant, a infligé un 3-1 sans appel au Bernabéu. Ancelotti, dépouillé, a reconnu : « L'équipe n'est pas compacte, pas organisée. Nous devons travailler sur ça. »

Puis vint Anfield, où le Real a été balayé par Liverpool (2-0). Mbappé a même raté un penalty, symbole des difficultés actuelles.

Historiquement, le Real brillait dans ces moments-là. Le quart de finale de Ligue des champions l'an dernier contre Manchester City est emblématique : un match où Madrid a absorbé la pression avant de s'imposer aux tirs au but. Jude Bellingham avait déclaré : « Porter ce maillot est une responsabilité, pas une pression. »

Ce n'est plus le cas. Le Real a renversé Chelsea, été dominé par Liverpool en finale de 2022 mais l'a quand même emporté. Ils ont gagné les trois Clasicos la saison dernière, ont éliminé le Bayern en demi-finale grâce à Joselu et ont remporté une nouvelle finale européenne. Aujourd'hui, cette magie semble dissipée.

La défaite en Supercoupe contre Barcelone n'a fait qu'accentuer les doutes. Le Real a peiné à se qualifier pour les huitièmes de finale de Ligue des champions et devra affronter Manchester City pour espérer continuer.

Ancelotti peut évoquer plusieurs raisons : des stars mal intégrées, des blessures clés (Carvajal, Militao, Alaba), et la retraite de Toni Kroos non compensée. L'expérience d'Aurélien Tchouaméni en défense centrale n'a pas été concluante, et le trio Rodrygo-Vinicius-Mbappé peine à trouver un équilibre.

Le derby contre l'Atlético arrive au pire moment. Le Real, en difficulté en Liga et en Europe, voit les Colchoneros revenir dans la course au titre.

Sur le papier, le Real est supérieur. Mais l'Atlético, avec Antoine Griezmann en maestro et Diego Simeone en stratège, reste un adversaire coriace. Madrid doit retrouver son aura pour éviter de voir son rival reprendre l'avantage dans la course au titre.

Historiquement, le Real réussit ces matchs. Mais cette saison, l'incertitude règne. Et c'est peut-être suffisant pour que l'Atlético s'impose dans une Liga plus disputée que jamais.