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Maghnes AklioucheGetty

Plus qu'un simple dribbleur : comment Akliouche est devenu le joueur total que tout le monde veut

Monaco a longtemps été le refuge d'artistes de renom, de Francis Bacon à Fernando Botero. Mais aujourd'hui, les toiles et les chevalets ont parfois laissé place à la pelouse du Stade Louis-II, où une nouvelle génération d'artistes s'exprime avec le ballon. Le dernier en date se nomme Maghnes Akliouche, et il est en train de signer son premier chef-d'œuvre. Après une saison pleine avec l'AS Monaco, l'ailier a enfin joint les stats à la manière, avec 7 buts et 12 passes décisives en 43 rencontres. Une explosion qui confirme un talent longtemps pressenti, mais dont la maturation a demandé du temps.

Alors que les plus grands clubs européens commencent à se pencher sur son cas, il est temps de s'attarder sur le parcours de ce dribbleur élégant qui, après avoir longtemps poli son art, est enfin prêt à l'exposer sur la plus grande des scènes.

  • Maghnes Akliouche Monaco Champions League 2024AFP

    Les premiers coups de pinceau

    Comme beaucoup de talents franciliens, Maghnes Akliouche a fait ses gammes en région parisienne. Né à Tremblay-en-France dans une famille d'origine algérienne, il use ses premiers crampons à Villemomble Sports avant de rejoindre l'US Torcy. C'est là, dans cette pépinière reconnue, que son destin bascule. À 15 ans, son aisance technique et sa vision du jeu tapent dans l'œil des recruteurs de l'AS Monaco. Le Rocher l'appelle. L'apprentissage est fulgurant. Après une seule saison avec les U19, les formateurs monégasques décèlent un potentiel qui ne demande qu'à éclore plus vite. Il est donc surclassé avec le Groupe Élite, l'équipe réserve du club, qui évolue en National 2. Ses performances avec l'équipe B confirment rapidement les espoirs placés en lui. La récompense ne tarde pas. En octobre 2021, Niko Kovač lui offre ses premières minutes dans le grand bain de la Ligue 1. Le symbole est fort : c'est face à l'Olympique Lyonnais, autre grand club formateur, qu'il remplace Gelson Martins dans les arrêts de jeu.

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  • La patience et le travail

    Après ses débuts, Maghnes Akliouche continue de naviguer entre l'équipe réserve et le groupe professionnel. Lors de la saison 2021-22, il dispute sept bouts de matchs en Ligue 1, grappillant 48 minutes sans toutefois trouver le chemin des filets. La saison suivante, son temps de jeu augmente, mais le compteur de buts reste bloqué à zéro. Pour ce joueur au profil d'esthète, le passage au monde professionnel est exigeant, parfois frustrant. La marche est haute. Il le reconnaît lui-même avec lucidité.

    « J'étais un garçon petit et frêle, je me faisais souvent bouger », confiait-il récemment à des jeunes du centre de formation de l'ASM. « Ce n'était pas facile, mais parfois, il ne faut pas trop réfléchir et simplement travailler dur. Au final, ça finit toujours par payer. »

    Cette abnégation a fini par porter ses fruits lors de la saison 2023-2024, celle de la grande éclosion. Le talent s'est enfin traduit en chiffres. En 28 matchs de championnat, le gaucher a inscrit 7 buts et délivré 4 passes décisives. Des statistiques qui lui ont permis de s'imposer comme un titulaire indiscutable et de jouer un rôle majeur dans la qualification du club pour la Ligue des Champions. La saison qui vient de s'écouler n'a fait que confirmer qu'il n'était pas l'homme d'une seule saison, prouvant que l'artiste avait aussi le mental d'un compétiteur.

  • Un artiste au service du collectif

    Maghnes Akliouche est avant tout un créateur. Capable d'évoluer sur un côté ou en position de numéro 10, il appartient à cette catégorie de joueurs élégants dont chaque prise de balle est un plaisir pour les yeux. Dribbleur fin, il pense d'abord à ses coéquipiers avant de tenter sa chance. Mais là où il se distingue de beaucoup d'autres artistes, c'est par son intelligence de jeu et son volume de travail sans ballon, une qualité qui en fait un joueur moderne et complet. Il est également très à l'aise dans les petits espaces et le jeu en combinaison. Son entente avec Eliesse Ben Seghir, autre talent brut de la formation monégasque, a offert des séquences magnifiques, comme ce but face à Brest où leur complicité a sauté aux yeux. Un duo qui fait rêver les supporters et rappelle, toutes proportions gardées, celui que formaient à l'époque Thierry Henry et David Trezeguet.

    Akliouche ne s'en cache pas, son jeu est le reflet de ses idoles. « Je regardais beaucoup de vidéos de Zidane, Iniesta et Özil », confiait-il à Téléfoot. « Dépasser un adversaire me procure une énorme satisfaction. Et j'adore mettre mes coéquipiers en bonne position en leur donnant une passe décisive. » La seule partition qui semblait parfois manquer à son répertoire était celle du buteur. Sept buts en une saison, pour un joueur aussi offensif, cela peut paraître peu. Mais ce chiffre est trompeur. Son but contre Rennes, par exemple, valait à lui seul le détour. Sur un centre venu de la droite, Akliouche a signé un chef-d'œuvre : un ciseau acrobatique du pied gauche, son "mauvais" pied, dans une position improbable. Un geste de pur génie qui a rappelé à tous que l'artiste savait aussi être un finisseur d'exception.

  • Le chef-d'œuvre encore à venir

    Pour atteindre le gotha européen, Maghnes Akliouche doit encore gagner en constance et en efficacité. C'est le dernier coup de pinceau à apporter à sa toile. Mais ses fulgurances, comme ce but mémorable contre Rennes, sont précisément la raison pour laquelle les recruteurs des plus grands clubs se pressent de plus en plus dans les travées du Stade Louis-II.

    Thiago Scuro, le directeur général de l'ASM, est bien conscient de l'intérêt grandissant pour son joyau. « Il est logique que des clubs s'intéressent à lui, mais aujourd'hui, c'est un joueur de Monaco et il ne sera pas facile de le faire partir d'ici », a-t-il prévenu sur Téléfoot. Le message est clair : la porte est fermée, mais pas à double tour. Car le talent pur ne ment jamais, et les cadors européens le savent. Liverpool, Manchester United, Manchester City, Tottenham, et même le Paris Saint-Germain... tous ont été cités comme des prétendants. L'Équipe rapporte également que le Real Madrid le suit de près, Xabi Alonso étant déjà un admirateur de longue date du joueur.

    Sous contrat jusqu'en 2028 et sans clause libératoire (interdites en France), Akliouche ne sera pas bradé. On parle d'un montant avoisinant les 70 à 80 millions d'euros pour s'attacher ses services. La question n'est donc pas de savoir si Akliouche a le talent pour atteindre les sommets, mais s'il parviendra à transformer son génie technique en une machine à statistiques, ce qui est aujourd'hui la clé du très haut niveau. S'il y parvient, son avenir sera, à n'en pas douter, magnifique.