Il fête ses 70 ans et, fidèle à sa réputation, Michel Platini n'a rien perdu de son franc-parler. Dans une rare interview accordée au quotidien italien La Stampa, l'ancien numéro 10 des Bleus et ex-président de l'UEFA est revenu sur sa carrière, ses regrets, mais a surtout livré une analyse au vitriol du football moderne. Et un club français en particulier semble cristalliser ses critiques : le Paris Saint-Germain et son modèle économique basé sur les pétrodollars qataris. Une pique à peine déguisée qui résonne étrangement au vu de son propre passé et des liens controversés qu'il a entretenus avec l'émirat.
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AFP"Pour gagner, il faut de l'argent" : Le PSG et City dans le viseur
Interrogé sur les évolutions du jeu, Platini lâche une phrase qui sonne comme un réquisitoire : "L'arrêt Bosman a tué la philosophie du football : aujourd'hui, pour gagner, il faut de l'argent." Et pour illustrer son propos, il ne cherche pas bien loin : "Regardez simplement comment les histoires de clubs comme le PSG et Manchester City ont changé." Une allusion directe aux investissements massifs qui ont transformé ces clubs en puissances européennes. Pour Platini, la conclusion est claire : sans l'argent venu d'ailleurs, le succès n'aurait pas été au rendez-vous. Une analyse factuelle pour certains, mais qui sonne comme un manque d'élégance envers un club de son propre pays, surtout venant de quelqu'un dont le rôle dans l'attribution du Mondial 2022 au Qatar reste au cœur de nombreuses interrogations.
AFPUn cheval de bataille historique, mais une mémoire sélective ?
Il faut reconnaître à Platini une certaine constance. Durant ses mandats à l'UEFA, il a souvent défendu les "petits" clubs et cherché à limiter l'hégémonie financière. Sa critique actuelle s'inscrit donc dans cette lignée. Cependant, difficile de ne pas relever l'ironie de la situation. Le fameux déjeuner à l'Élysée en 2010 avec Nicolas Sarkozy et l'actuel émir du Qatar, neuf jours avant le vote pour le Mondial 2022, suivi du rachat du PSG par QSI et de l'embauche de son fils Laurent par une filiale qatarie, a laissé des traces. Bien qu'acquitté dans ses procès suisses (sans lien direct avec le Qatar), ces "coïncidences" auraient pu l'inciter à plus de retenue.
AFPLe procès FIFA toujours en travers de la gorge
Car l'amertume est palpable chez l'ancien meneur de jeu. Concernant ses démêlés judiciaires avec la FIFA, il déclare : "Je suis sorti blanchi, mais mes ennemis ont quand même gagné. Quoi qu'il en soit, ils m'ont volé dix ans." Une blessure encore vive qui explique peut-être une partie de sa désillusion envers les instances et le football actuel. Il n'envisage d'ailleurs pas de nouveaux rôles : "C'est comme ça, mais je vais bien comme je suis."
AFPPlatini et le PSG : une critique à double tranchant
En ciblant le PSG et Manchester City, Michel Platini pointe une réalité indéniable du football moderne : l'importance croissante du pouvoir financier. Mais cette sortie, à l'occasion de son 70ème anniversaire, est à double tranchant. Si elle réaffirme ses convictions passées, elle ravive aussi le souvenir des zones d'ombre qui ont marqué la fin de sa carrière de dirigeant. Un tacle qui, s'il fait mouche sur le fond, expose aussi son auteur aux retours de bâton de sa propre histoire.

