Il faisait partie de cette génération post-98 sur qui tous les espoirs reposaient. Comparé à Laurent Blanc pour son élégance et sa qualité de relance, Philippe Mexès était promis à un grand avenir en Bleu. Pourtant, derrière l'image du défenseur talentueux, se cachait un homme en profond décalage avec l'institution de l'équipe de France. Discret depuis la fin de sa carrière, il a choisi le podcast Kampo pour livrer une confession aussi rare que détonante. Une prise de parole d'une franchise absolue, qui lève le voile sur son mal-être et son manque d'envie de porter ce maillot si convoité.
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AFP"J'avais envie de rentrer à la maison" : l'aveu choc de Mexès
Les mots sont directs, sans filtre. "Quand je venais en équipe de France, j'avais envie de rentrer à la maison. Je n'avais pas envie d'aller en équipe de France", lâche l'ancien défenseur. Il va même plus loin, avouant avoir parfois simulé des blessures pour échapper aux rassemblements : "Je disais que j'avais mal, je faisais le blessé. Je n'étais pas bien." Il raconte même son soulagement en 2006, lorsque Raymond Domenech est venu lui annoncer qu'il ne faisait pas partie de la liste finale pour la Coupe du Monde. "Normalement ça doit te traumatiser, mais moi j'étais content, je n'avais rien à faire là."
AFPUn mal-être profond et une relation compliquée avec Domenech
Ce manque d'envie trouve sa source dans un sentiment de ne pas être à sa place. "Je ne me sentais pas bien dans cette équipe, je n'avais pas ma place", explique-t-il, persuadé d'être convoqué plus par la pression extérieure que par une réelle conviction du sélectionneur. Sa relation avec Raymond Domenech, qu'il "ne pouvait pas voir", même en Espoirs, a cristallisé ce malaise. Il n'aimait pas son approche basée sur l'astrologie – "pour moi, c'est pas du foot ça, c'est du théâtre" – et sentait une animosité réciproque.
AFPLa mode du "désamour" du maillot ?
Ces propos font écho à ceux, récents, de Samir Nasri ou de l'Anglais Steven Gerrard, qui ont eux aussi raconté leur lassitude de la vie en sélection. Une tendance à désacraliser un maillot que beaucoup rêvent de porter. Mais la différence est de taille. Nasri et Gerrard étaient des cadres de leur équipe. Mexès, lui, n'a jamais réussi à s'imposer durablement en Bleu, sa carrière internationale étant souvent marquée par des performances décevantes, comme lors de la déroute en Autriche en 2008.
AFPUn silence qui était peut-être d'or
Si la sortie de Philippe Mexès a le mérite de l'honnêteté, elle laisse un goût amer. Son "soulagement" d'être écarté en 2006 sonne comme un manque de respect pour les autres réservistes, dont le rêve a été brisé ce jour-là. Ou encore ceux de 1998, qui sont restés dans la mémoire collective des Français. Après dix ans de silence médiatique, on peut se demander si cette prise de parole était nécessaire. Car si le joueur a ses raisons, elles sont difficilement audibles pour un public qui voit dans le maillot bleu un honneur suprême, et non une contrainte.