English midfielder Steven Gerrard celebrAFP

Gerrard sans filtre : "De l'amertume et de la haine" dans l'Angleterre des années 2000

Lampard, Beckham, Scholes, Ferdinand, Rooney, Gerrard... Sur le papier, l'Angleterre des années 2000 avait tout pour dominer le football mondial. Une "génération dorée" de talents exceptionnels qui, pourtant, n'a jamais rien gagné. Pourquoi une telle concentration de génies n'a-t-elle jamais réussi à former une équipe ? Vingt ans plus tard, l'un de ses leaders les plus emblématiques a livré sa version des faits. Dans un entretien accordé à son ancien coéquipier Rio Ferdinand, Steven Gerrard a dressé un portrait au vitriol de ce groupe, loin de l'image glamour qu'on lui prêtait.

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    "Amertume et un peu de haine" : le poison des rivalités de clubs

    Le diagnostic de Steven Gerrard est sans appel : le principal obstacle n'était pas tactique, mais humain. "Je pense que nous étions tous des losers égoïstes", a-t-il lâché, pointant du doigt l'incapacité des joueurs à dépasser leurs rivalités de clubs. Les clans de Manchester United, Liverpool et Chelsea ne se mélangeaient pas. "Pourquoi n'avons-nous pas réussi à nous connecter ?", s'interroge-t-il. "Était-ce l'ego ? La rivalité ? Il y avait de l'amertume, un peu de haine." Il décrit un environnement où les joueurs restaient "trop dans leurs chambres", sans jamais devenir une "vraie équipe forte".

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    "Je détestais ça" : l'enfer des rassemblements en sélection

    Cette absence de connexion a transformé les rassemblements en une véritable épreuve pour le capitaine de Liverpool. "Je détestais ça", a-t-il confessé, décrivant des journées d'ennui et de solitude. "Je ne me sentais pas faire partie d'une équipe, je ne me sentais pas connecté à mes coéquipiers." Si le plaisir de jouer et de s'entraîner restait intact, tout le reste n'était qu'une corvée. Une révélation stupéfiante de la part d'un joueur qui compte 114 sélections et qui a toujours affiché un engagement irréprochable sur le terrain.

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    La faute du staff ? Un manque de leadership pointé du doigt

    Avec le recul, Gerrard estime que le staff technique de l'époque, dirigé notamment par Eriksson, Capello et McLaren, porte une part de responsabilité. "Il aurait dû y avoir plus d'insistance de la part du staff pour nous dire : 'Écoutez, vous devez oublier ça maintenant. Nous devons nous connecter dès le premier jour'", analyse-t-il. Plus d'activités, plus de moments partagés auraient pu, selon lui, briser la glace. Comme Sven-Göran Eriksson le révélait à GOAL en 2018, l'équipe était excellente sur le papier, mais il a peut-être manqué ce supplément d'âme pour franchir un cap.

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    Une autopsie sans concession d'une occasion manquée

    Les mots de Steven Gerrard sonnent comme l'autopsie d'une immense occasion manquée. Ils confirment ce que beaucoup soupçonnaient : cette collection de talents n'a jamais réussi à devenir une équipe. L'ego et les rivalités exacerbées de la Premier League ont pris le pas sur l'intérêt national. Vingt ans plus tard, alors que les mêmes joueurs affichent une complicité évidente sur les plateaux de télévision, le regret est palpable. Le regret d'une génération qui avait le talent pour marquer l'histoire, mais qui n'a pas su trouver la maturité pour le faire ensemble.