Coach de l’Olympique de Marseille, Roberto De Zerbi a du mal à digérer ce qu’il a vécu dans le vestiaire du Stade Rennais, quand le club phocéen a perdu d’entrée (1-0) au Roazhon Park. Pourtant coéquipiers, Adrien Rabiot et Jonathan Rowe n’ont pas pu contrôler leur colère, jusqu’à en venir aux mains. Un épisode que le coach marseillais vient de relancer en rajoutant une couche sur le milieu français.
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Getty/GOALUn été brûlant pour l’OM
L’Olympique de Marseille pensait avoir tourné la page de l’affaire Rabiot-Rowe. Pourtant, plusieurs mois après l’explosion du vestiaire phocéen, le sujet continue de secouer la Canebière. Tout est parti d’un soir de défaite contre Rennes, lors de la première journée de Ligue 1. Ce soir-là, la tension est montée d’un cran entre Adrien Rabiot et Jonathan Rowe, jusqu’à se transformer en véritable affrontement.
Les deux joueurs en sont venus aux mains, sous les yeux médusés de leurs coéquipiers. Une scène d’une rare violence, que personne au club n’avait imaginée. Ce qui a poussé le club à mettre les deux joueurs sur le marché. Roberto De Zerbi, tout comme Pablo Longoria, ont encore du mal à digérer ce moment de chaos. Résultat : les deux protagonistes ont été poussés vers la sortie lors du mercato estival.
Getty ImagesUne bagarre qui a tout changé, De Zerbi relance le débat
Depuis, Adrien Rabiot a pris la direction de l’AC Milan, tandis que Jonathan Rowe s’est engagé avec Bologne. L’OM, lui, a fait le ménage pour rétablir l’ordre dans le vestiaire. Et même si la décision semblait logique sur le plan disciplinaire, elle a laissé des traces.
Roberto De Zerbi, interrogé récemment par le Corriere della Sera, a d’ailleurs livré un témoignage pour le moins marquant : « J'avais déjà vu une bagarre comme celle entre Rowe et Rabiot ? Jamais. Et je viens de la rue. Mais ça nous a fait du bien, car le club a choisi de se passer de Rabiot, qui ne voulait pas faire machine arrière ».
Le ton est clair : le technicien italien n’a pas cherché à édulcorer les faits. Pour lui, cet épisode a révélé des tensions profondes et un manque d’unité que l’OM devait éradiquer coûte que coûte.
AFPLongoria choqué, De Zerbi abasourdi
Le président marseillais, Pablo Longoria, n’a pas mâché ses mots non plus lorsqu’il est revenu sur l’incident. Pour lui, la scène vécue ce soir-là défie toute logique :
« Roberto De Zerbi entraîne depuis 13 ans, Medhi Benatia est dans le football de haut niveau depuis qu'il a 22 ans, moi j'ai commencé dans le football professionnel il y a 20 ans. Je crois qu'on a assez d'expérience tous les trois pour dire que jamais on n'avait vu une telle chose dans un vestiaire. (...) On est victime d'une situation, une bagarre sans limite, qui est complètement inouïe dans le monde de football », avait-il déclaré.
Ce constat commun prouve à quel point la confrontation entre les deux joueurs a dépassé le cadre du sport. Pour le club phocéen, il n’était plus question de réconciliation. La direction a donc tranché dans le vif, décidant de s’en séparer pour repartir sur des bases saines.
AFPRabiot tente de tourner la page
À Milan, Adrien Rabiot semble avoir retrouvé un équilibre. Entouré de visages familiers - Mike Maignan, Christopher Nkunku et Massimiliano Allegri -, le milieu français de 30 ans reprend goût au jeu. Pourtant, derrière le sourire, l’ancien Marseillais garde un goût amer de son aventure sur la Côte d’Azur.
Dans un entretien accordé à RTL cette semaine, il a livré son ressenti sans détour : « Je n’ai pas compris non plus. Je ne peux pas expliquer quoique ce soit. Ce qui est fait est fait. Ce qui était important, c’est que mes coéquipiers sachent ce qu’il s’est passé, qu’ils connaissent la vérité. Les supporters ont toujours été derrière moi. Je reçois beaucoup de messages de supporters de l’OM. C’est pour ça que j’ai fait ce message sur les réseaux. Ça me tenait à cœur. Je suis quelqu’un de positif ».
Des mots qui traduisent une certaine incompréhension, mais aussi une volonté de rester digne malgré la tempête.
Getty Images SportLe milieu veut laver son image
Visé par des rumeurs de comportement nonchalant et d’un manque de professionnalisme, Rabiot a tenu à se défendre. Visiblement blessé par certaines accusations, il a voulu remettre les pendules à l’heure :
« Ce qui m’importe, c’est qu’on ne mente pas à mon sujet. Qu’on ne dise pas la personne que je ne suis pas. J’ai toujours été investi, respectueux. Je ne veux pas qu’on mente à ce sujet. Je n’ai pas envie d’alimenter la polémique, ça ne fera pas avancer les choses. On ne peut pas me le reprocher (son manque d’investissement), je l’ai montré la saison dernière. (…) Je n’ai jamais été quelqu’un d’ultra-violent, je ne veux pas qu’on emploie les mauvais mots à mon sujet. C’est le football, c’est la vie, il faut aller de l’avant. C’est ce que j’ai fait ».
Ces propos traduisent une volonté claire de tourner la page, même si les stigmates de cette affaire restent bien visibles.
Getty/GOALUne fin amère, mais pas sans fierté
Malgré tout, Adrien Rabiot conserve de bons souvenirs de son passage à Marseille. Dans un dernier passage de son entretien, il a évoqué son attachement à la ville et au club :
« Je suis ultra-content de mon aventure à Marseille, des gens que j’ai pu rencontrer. J’ai pris beaucoup de plaisir lors de cette saison. J’y ai participé grandement (au retour de l’OM en Ligue des Champions). J’en garde de très bons souvenirs, c’est simplement cette fin qui est amère ».
Des mots sincères qui contrastent avec la violence de son départ. Si son expérience à l’OM s’est terminée dans la douleur, Rabiot reste marqué par le public marseillais et l’ambiance unique du Vélodrome.
Getty Images/GOALUn chapitre clos pour De Zerbi et l’OM
Aujourd’hui, Roberto De Zerbi semble avoir refermé ce chapitre tumultueux, mais ses déclarations montrent que la blessure n’est pas totalement cicatrisée. L’entraîneur italien veut désormais concentrer ses efforts sur la reconstruction du groupe et le retour de la sérénité dans le vestiaire.
Pour l’OM, cette affaire aura laissé des traces, mais aussi des leçons. Le club phocéen sait désormais qu’un collectif solide ne repose pas uniquement sur le talent, mais surtout sur la cohésion et la discipline.



