L'ambiance était lourde, presque funeste, ce lundi à Décines pour la reprise de l'entraînement de l'Olympique Lyonnais. Sous une pluie battante, les 26 joueurs professionnels ont retrouvé les terrains, mais tous les esprits étaient tournés vers le rendez-vous de la dernière chance. Ce mercredi 9 juillet, le club, rétrogradé administrativement en Ligue 2, joue son avenir devant la commission d'appel de la DNCG. Le verdict, attendu jeudi matin, pourrait être fatal. Car en arrière-plan, c'est une partie de poker menteur à plusieurs centaines de millions d'euros qui se joue entre le créancier américain ARES et les actionnaires du club.
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AFP100 M€ sur la table, sinon la chute
Les exigences du gendarme financier du football français sont drastiques et, cette fois, non négociables. Pour que l'OL sauve sa place en Ligue 1, ses dirigeants doivent présenter des preuves de 100 millions d'euros de liquidités immédiates, ainsi que 100 millions supplémentaires en garanties bancaires fermes pour couvrir la saison à venir. La DNCG, échaudée par le passé et inquiète des fonds propres négatifs du club, ne tolérera aucune promesse ou lettre d'intention. Il faut du cash, du concret, sinon le couperet tombera.
AFPARES contre Kang : Qui va bluffer, qui va suivre ?
La survie du club repose donc sur les épaules de ses financiers. D'un côté, le principal créancier, le fonds d'investissement ARES Management, qui a prêté 425 M€ au groupe et qui est un spécialiste des opérations de "loan-to-own" (prêter pour prendre le contrôle). De l'autre, les actionnaires, emmenés par la nouvelle présidente Michele Kang, qui seraient prêts à injecter 70 M€, mais seulement si ARES participe à l'effort. Chaque camp met la pression sur l'autre, le chantage étant à peine voilé : si le créancier ne remet pas au pot, la valeur des actifs du club (les joueurs) s'effondrera en Ligue 2.
AFPRemettre au pot ou jeter l'éponge : Le dilemme à 300 M€
Le dilemme est cruel pour ARES. Soit le fonds américain, fidèle à sa devise "ne pas jeter de l'argent bon après de l'argent mauvais", jette l'éponge, accepte une perte sèche estimée entre 100 et 120 M€ et laisse le club sombrer. Soit il "remet au pot", participe à une augmentation de capital pour sauver l'OL, et espère ainsi pouvoir récupérer à terme les quelques 300 M€ qui lui sont encore dus, en prenant de fait le contrôle du club et en misant sur sa revalorisation future.
AFPLe spectre de la liquidation, un précédent qui fait peur
Le risque d'un scénario catastrophe est bien réel. Le précédent des Girondins de Bordeaux, relégués administrativement en 2021 et qui ont frôlé le dépôt de bilan, hante les esprits. La situation de l'OL pourrait même être pire. Avec sa masse salariale élevée et la dette de son stade, une descente en Ligue 2 pourrait rendre une procédure de redressement judiciaire plausible dès l'hiver prochain, menaçant la survie même de l'institution.
AFPConclusion : 48 heures pour ne pas mourir
La timeline est implacable. Un dernier round de négociations a lieu ce mardi. Le grand oral devant la DNCG se tiendra mercredi. Le verdict tombera jeudi. Deux jours pour trouver 100 millions d'euros et convaincre. Si la mise n'est pas couverte, le septuple champion de France risque de sortir définitivement du casino du football professionnel. Comme le résumait un supporter inquiet, la situation est simple : "C'est all-in… ou adieu."

