Mikel Arteta raconté par son ancien coach du PSG : "Il avait une hygiène de vie qui…"

Bien avant que Mikel Arteta ne devienne entraîneur des Gunners, Luis Fernandez connaissait déjà son nom. Alors à la tête de l’Athletic Bilbao en Liga, le technicien français, d’origine andalouse, se penchait sur les jeunes espoirs basques. Parmi eux, un milieu de terrain prometteur évoluait dans le quartier d’Antiguo à San Sebastian : Mikel Arteta. À l’époque, il partageait le terrain avec son ami Xabi Alonso. Tandis que ce dernier intégrait la Real Sociedad, Arteta choisissait une autre voie en rejoignant la prestigieuse Masia du FC Barcelone.

En janvier 2001, Luis Fernandez revient aux commandes du PSG et obtient le prêt d’Arteta, alors âgé de 18 ans. « Il avait besoin de s’aguerrir. C’était une bonne manière pour lui de lancer sa carrière, au lieu de rester au Barça et de ne pas jouer à cause de la concurrence », se rappelle Fernandez dans une interview accordée à RMC Sport. Le jeune Espagnol correspond parfaitement au style de jeu que voulait mettre en place l'entraîneur parisien : technique, rapide, capable d’éclairer le jeu par ses passes précises et ses orientations toujours justes.

Dès ses premières apparitions sous le maillot parisien, Arteta séduit par son intelligence de jeu et sa maturité. « Quand tu voyais Pep jouer au Barça, c’est un peu le même style. Arteta était dans le même registre, en sentinelle devant la défense. Un n°6 qui jouait comme un n°10. Il soulageait les défenseurs avec ses contrôles orientés et sa capacité à se retourner pour jouer vers l’avant. C’était un spécialiste de ça ».

Plus qu'un joueur talentueux, Arteta se distingue par une attitude irréprochable. Installé à l’hôtel, voisin de Mauricio Pochettino, il s'intègre vite à la vie parisienne avec discrétion et sérieux. « Il avait une hygiène de vie qui était conforme à celle d’un sportif de haut niveau. Il était sérieux. C’était un plaisir de l’avoir avec nous. Un régal même. Il arrivait toujours le premier à l’entraînement et il repartait parmi les derniers. Il avait sans cesse envie de travailler et de progresser. C’est ce qui m’a marqué chez ce garçon », se souvient l’ancien coach parisien.

Malgré son jeune âge, Arteta gagne la confiance de ses partenaires et de son entraîneur. Prolongé pour une deuxième saison en prêt, il devient un élément central du PSG. « C’était quelqu’un de précoce, qui sentait le jeu, qui voyait les choses avant les autres. Il avait des dispositions techniques naturelles. On sentait qu’il s’améliorait très vite. Il a pris sa place et tout le monde l’a facilement accepté ».

Au sein d’un effectif riche en talents avec Ronaldinho, Okocha ou encore Anelka, le jeune Espagnol impressionne. « Ils étaient tous admiratifs de lui parce qu’il avait un comportement remarquable », confie Luis Fernandez. Même s'il appartenait toujours au Barça, Arteta montre un grand respect pour le maillot parisien. « On savait qu’il appartenait au Barça, un grand club espagnol, et on le voyait avec cette simplicité et cette gentillesse, que ce soit dans le vestiaire ou sur le terrain ».

Proche de Gabriel Heinze et Cristobal, Arteta devient rapidement un des favoris des supporters parisiens. Toujours humble, il privilégie l'effort et l'intégration au bling-bling. « Il respectait le maillot, il aimait le Paris Saint-Germain. Il savait ce que le club lui avait apporté », souffle Luis Fernandez. « C’était un exemple à ce niveau-là. Il est venu avec une bonne mentalité pour s’imposer et réussir de belles choses. Il portait dignement le maillot. Tout le monde me parlait de lui à l’époque ».

À l'issue de la saison 2001-2002, malgré son excellent rendement (53 matchs, 5 buts, 5 passes décisives), le PSG n'a pas les moyens financiers pour conserver Arteta. Le jeune milieu retourne au Barça avant d'être transféré aux Glasgow Rangers pour 7,9 millions d’euros. « Il y a eu des discussions entre les clubs mais je n’en sais pas plus », précise Fernandez. « Je pense qu’il a fait une petite erreur d’aller à Glasgow, mais son talent a ensuite éclaté à Arsenal. Et ça m’a fait plaisir ».

Pour Luis Fernandez, voir Arteta s’épanouir en Angleterre est une fierté : « Je me suis dit qu’on ne s’était pas trompé en le prenant au PSG. Mais c’est dommage qu’il soit parti. Tout le monde l’a regretté, on aurait bien aimé qu’il continue avec nous… »

Plus de vingt ans après ses débuts professionnels, Mikel Arteta s’apprête à recroiser son premier club majeur, mais cette fois en tant qu’entraîneur. Arsenal, qu’il dirige depuis 2019, affronte le PSG en Ligue des champions. Une double confrontation qui s’annonce électrique entre les deux équipes, avec le match retour prévu au Parc des Princes le 7 mai.

Luis Fernandez espère que les supporters réserveront un accueil digne au coach espagnol : « J’espère qu’il aura un bon accueil, qu’on aura l’occasion de l’applaudir et de le féliciter pour son bon passage à Paris », affirme-t-il. « Il a respecté le maillot. Il a une attitude correcte. C’est pour ça que je demande aux supporters qui viendront au Parc de ne pas le siffler. C’est quelqu’un qui mérite des applaudissements ».

Bien que les échanges soient rares, Luis Fernandez garde un lien avec son ancien protégé : « C’est très difficile de rester en contact avec Mikel Arteta, parce qu’il ne prend pratiquement jamais son téléphone. Mais on parle de temps en temps et je lui envoie des messages de félicitations quand son équipe a de bons résultats ».

Fernandez avoue cependant qu’il n’aurait jamais imaginé une telle évolution pour le jeune milieu de terrain réservé qu’il a connu : « A l’époque, je vous aurais dit: ‘Il ne sera jamais entraîneur ce garçon’. Parce que c’est quelqu’un qui était à l’écoute, qui s’asseyait et qui ne disait jamais rien ».

Aujourd'hui, Mikel Arteta est à la tête d’un des projets les plus ambitieux d'Europe. Un destin qu’il a construit grâce à son travail, sa discrétion et son immense talent.