Marseille n’avait plus vu ça depuis Papin : la nuit magique de Mason Greenwood

Le retentissant quadruplé de Mason Greenwood revêt une dimension historique exceptionnelle, le faisant entrer dans un club très fermé. Il est devenu le premier joueur de l'OM à inscrire quatre buts dans un match de Ligue 1 depuis la légende Jean-Pierre Papin, qui avait réalisé cet exploit en janvier 1991 lors d'une victoire éclatante (7-0) contre Lyon. Ce soir-là, Papin avait marqué aux 31e, 51e, 69e et 90e minutes, magnifiant une performance déjà grandiose. Trente-quatre ans plus tard, Greenwood a écrit sa propre page, égalisant d'abord sur penalty à la 35e minute après l'expulsion de Gautier Lloris. Mais c'est en seconde période qu'il a littéralement explosé, inscrivant trois buts en neuf minutes seulement (67e, 72e et 76e), scellant ainsi son entrée dans l'histoire olympienne. 

Sur ses quatre réalisations, l'Anglais a étalé toute sa palette technique : frappe du gauche légèrement contrée, contrôle orienté et finition clinique du gauche, avant de conclure son festival d'un tir du droit sur un service parfait de Benjamin Pavard. Visiblement ému après la rencontre, Greenwood a confié en zone mixte : "Je suis sur la lune, je n'ai jamais mis de triplé, alors quatre buts... Je suis très heureux ce soir. Merci à mes coéquipiers."

Les statistiques de Mason Greenwood depuis le début de la saison 2025-2026 sont tout simplement affolantes. Avec 7 buts et 4 passes décisives en seulement 8 matchs de Ligue 1, l'attaquant anglais affiche une implication directe dans un but toutes les 48 minutes en moyenne. Il se positionne ainsi comme co-meilleur buteur du championnat aux côtés d'Ansu Fati, confirmant une forme exceptionnelle. Cette dynamique représente une nette accélération par rapport à la saison dernière, où, malgré ses 19 buts en Ligue 1 (21 toutes compétitions confondues), Greenwood avait eu besoin de 33 rencontres pour atteindre ce total. Son ratio de buts par match a ainsi presque doublé, témoignant d'une efficacité redoutable. Au-delà des chiffres bruts, sa régularité et sa capacité à convertir les occasions impressionnent : avec 12 tirs cadrés en 8 matchs, il convertit près de 60% de ses tentatives cadrées. Ses 2,90 passes clés par match et son taux de réussite des passes de 82,81% soulignent également un apport créatif constant.

Si Mason Greenwood tutoie les sommets cette saison, c'est en grande partie le fruit du travail méticuleux mené par Roberto De Zerbi. L'entraîneur italien n'a jamais caché ses attentes, exigeant de son joueur qu'il transcende son immense talent offensif pour devenir un "joueur total", à l'image des plus grands attaquants européens. "De lui, j'attends qu'il devienne un joueur vraiment total comme les plus grands joueurs en Europe. J'ai vu Raphinha, les vingt dernières minutes, il pressait avec une vitesse, une méchanceté, une détermination. Je vois Mbappé au Real, ce n'est pas le même que ces dernières années. J'aimerais qu'il devienne un joueur complet, un joueur d'équipe",avait martelé De Zerbi en début de saison. Le message a été clairement entendu et assimilé. 

Lors du Classique remporté face au PSG, Greenwood avait déjà livré l'une de ses prestations les plus complètes sur le plan défensif, multipliant les efforts et les courses pour harceler les défenseurs parisiens et boucher les espaces. De Zerbi, dans son souci du détail, lui a même montré des images de Raphinha pour illustrer précisément ce qu'il attendait. Cette transformation marque une rupture avec la saison précédente, où un certain manque d'implication défensive lui avait parfois été reproché. À Marseille, sous la houlette de De Zerbi, l'ancien mancunien a compris que les buts seuls ne suffisent pas : il doit désormais être un leader dans toutes les facettes du jeu.

Le quadruplé de Mason Greenwood revêt également une portée symbolique pour un footballeur anglais évoluant à l'étranger. Si Harry Kane a déjà réalisé cet exploit en Ligue des champions avec le Bayern Munich en septembre 2024 (avec trois penalties), les exemples de joueurs anglais signant quatre buts dans un match de championnat étranger restent exceptionnels. Kane lui-même, malgré ses statistiques ahurissantes en Bundesliga (plus de 100 buts en seulement 104 matchs), n'a jamais inscrit quatre buts dans un seul match de championnat allemand. Le quadruplé de Greenwood en Ligue 1 apparaît donc comme une performance unique dans l'histoire récente du football anglais hors de ses frontières. Avec cette performance historique, Greenwood marche désormais sur les traces d'un autre grand attaquant anglais qui a marqué l'histoire de l'OM : Chris Waddle. 

Recruté pour un montant record à l'époque, Waddle avait conquis le cœur des Marseillais entre 1989 et 1992 avec son jeu spectaculaire, remportant trois titres de champion de France. La légende anglaise avait d'ailleurs salué les débuts de Greenwood : "C'est un très bon joueur. Il porte le numéro 10 et l'Angleterre semble produire beaucoup de bons numéros 10 en ce moment. Il a marqué des buts dès le début".Djibril Cissé avait même comparé le style de Greenwood à celui de Waddle : "Il a une allure un peu à la Chris Waddle, un peu nonchalante, mais il faut faire attention parce qu'à n'importe quel moment, il peut te casser les reins". Toutefois, une différence majeure subsiste : Waddle a mené l'OM au titre de champion, un trophée que Greenwood n'a pas encore ramené sur la Canebière.

Au-delà de l'exploit individuel de Mason Greenwood, ce quadruplé a propulsé l'OM en tête de la Ligue 1, avec un point d'avance sur le PSG et deux sur Strasbourg. Cette cinquième victoire consécutive en championnat confirme la montée en puissance de l'équipe de Roberto De Zerbi, qui semble avoir trouvé son rythme de croisière. Avec un attaquant de cette trempe, capable de délivrer des performances XXL dans les moments cruciaux, Marseille peut légitimement nourrir des ambitions de titre. Le club n'a plus été sacré champion de France depuis 2010, et l'euphorie qui règne actuellement au Vélodrome rappelle les grandes heures du club. En profitant du match nul parisien à Strasbourg (3-3) et en déroulant face au Havre, l'OM a envoyé un message clair à la concurrence : cette saison, les Phocéens ne laisseront aucune opportunité leur échapper. 

Le calendrier s'annonce néanmoins chargé avec deux déplacements cette semaine : mercredi sur la pelouse du Sporting Lisbonne en Ligue des champions, puis le week-end prochain à Lens. Ces rendez-vous cruciaux permettront de mesurer la capacité de l'OM à gérer la pression des premiers et à confirmer son statut de prétendant sérieux au titre. Mason Greenwood, lui, a déjà prouvé qu'il possède l'étoffe des grands champions. À 24 ans, l'Anglais est en train d'écrire sa légende à Marseille, et sa nuit magique restera comme l'un des grands moments de cette saison 2025-2026, peut-être le déclic d'un sacre tant attendu sur la Canebière.