Endrick Madrid nightmareGetty

Endrick en perdition au Real : cinq mois sans jouer, un prêt urgent pour sauver sa carrière

Endrick porte désormais le numéro 9. En apparence, c'est une bonne nouvelle. Après tout, lorsqu'un footballeur hérite d'un maillot d'un tel prestige, c'est généralement qu'il fait quelque chose de bien. Cela implique une certaine confiance, un soutien de la hiérarchie. En d'autres termes, Madrid est censé croire en lui.

Tout cela est très symbolique et rassurant, mais la réalité footballistique est radicalement différente. Plus de 150 jours se sont écoulés depuis qu'Endrick a touché un ballon lors d'un match officiel. Le battage médiatique était considérable lors de sa signature, et il demeure. Endrick a 19 ans, c'est un immense talent, et il a montré, par brèves séquences, qu'il pouvait être une présence offensive de premier plan.

Pourtant, il reste imparfait. Endrick n'est pas particulièrement grand. Il ne correspond pas non plus vraiment au système de Xabi Alonso. Et avec les nombreuses rumeurs de prêt qui pourraient l'éloigner de Madrid, il est difficile d'envisager un avenir pour lui au club. Il existe, de temps à autre, des moments décisifs pour un footballeur. Endrick semble être au bord de l'un d'eux. Un départ en janvier pourrait être le seul moyen de sauver sa carrière naissante. Peut-être pas vers l'OM, car la rumeur d'un engagement avec les Phocéens s'est évaporée aussi vite qu'elle n'est apparue, mais dans une autre destination propice à la progression.

  • Endrick(C)Getty Images

    Un transfert qui semblait idéal

    La signature d'Endrick par le Real Madrid semblait logique à l'époque. C'était l'une de ces courses effrénées pour une superstar brésilienne en herbe, un peu comme au bon vieux temps. Tout le monde aurait voulu sa signature : Barcelone, Arsenal, Chelsea et Liverpool avaient tous été mentionnés.

    Mais son arrivée au Real était nécessaire. Le Barça avait soufflé quelques talents brésiliens aux Merengue au fil des ans, notamment Neymar, et Los Blancos avaient besoin du leur. Toutes les pièces du puzzle semblaient en place pour le succès. L'indemnité de transfert de 60 millions d'euros était massive, mais son potentiel l'était tout autant. Endrick n'avait peut-être que 16 ans, mais il était impossible de ne pas s'emballer sur le joueur qu'il pourrait devenir. Évoluer à Palmeiras, supposait-on, ne ferait que l'endurcir. Il avait 18 mois pour se développer physiquement, s'habituer aux contacts rugueux et arriver dans la capitale espagnole aguerri.

    Le battage était palpable. En 2023, Endrick a effectué une visite très médiatisée du centre d'entraînement du Real avant d'officialiser son transfert. Los Blancos ont tout relayé sur leurs réseaux sociaux. Voici Endrick étreignant Carlo Ancelotti. Là, Endrick congratulant Jude Bellingham pendant que l'international anglais le qualifie de superstar. Cela respirait le succès.

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  • Karim Benzema x Vini Jr Real Madrid 2022-23Getty Images

    Le bon profil ?

    Mais certaines raisons incitaient à la prudence. Lorsque Madrid a signé Endrick en 2022, le club se trouvait dans une période de transition en attaque. Karim Benzema avait peut-être remporté le Ballon d'Or quelques mois plus tôt, mais il a enchaîné les blessures, et lorsqu'il était disponible, son niveau a rapidement baissé. Vinicius Jr et Rodrygo étaient tous deux d'immenses talents, mais aucun n'était un véritable avant-centre. Cette saison-là, Barcelone a repris le titre de champion sous Xavi.

    Des options existaient sur le marché des transferts. Madrid peut obtenir à peu près n'importe qui. Ils ont opté pour Bellingham après une longue saga. L'Anglais a été sublime et a connu une première campagne mémorable, aidant Los Blancos à réaliser le doublé Liga-Ligue des champions en 2024. Et bien que Joselu soit devenu un héros culte cette année-là, Madrid avait encore besoin d'un jeune attaquant. Endrick devait être cet homme.

    Mais il est devenu très clair, très rapidement, qu'ils signeraient Kylian Mbappé à la fin de la campagne 2023-2024. Il serait l'homme fort incontesté, évoluant approximativement comme un numéro 9 et servant de point focal d'une attaque largement déséquilibrée. Où était la place pour le talent brésilien ?

  • Endrick Palmeiras 2022-23Getty

    Période difficile au Brésil

    Pendant que Madrid assemblait son équipe au nouveau visage, Endrick vivait une période misérable dans l'ombre. Ce qui a été si rapidement perdu dans la frénésie d'excitation autour de sa signature, c'est qu'Endrick n'avait pas encore 18 ans. Neymar a peut-être déchiré la Serie A brésilienne, mais c'est souvent un championnat impitoyable pour les jeunes joueurs, défini par sa rugosité et son caractère sans concession. Ce n'est pas toujours un endroit pour qu'un futur joueur du Real fasse ses armes.

    Ce fut effectivement le cas. Endrick était tantôt titulaire, tantôt remplaçant à Palmeiras. Il a marqué quelques buts et connu des séquences prometteuses ici et là, mais était par ailleurs un acteur secondaire. Il a réussi 11 buts en 1 600 minutes dans le championnat, un beau bilan pour un adolescent, mais pas vraiment des chiffres dignes du Real Madrid. Les caméras ne le lâchaient jamais non plus, et lorsqu'il a été photographié en larmes sur le banc, les médias espagnols n'ont pas tardé à s'en saisir.

    Son entraîneur a effectivement admis qu'il aurait dû se montrer plus indulgent après le match. « Oui, c'est vrai, il s'est couvert le visage parce qu'il pleurait. Je ne suis pas son père, mais j'aurais dû le prendre dans mes bras », a déclaré Abel Ferreira. « Il faut rester calme. Personne n'aime les critiques. Il y a une pression énorme sur lui pour qu'il marque cinq ou six buts et il essaie de gérer ça tout seul. Le but viendra au bon moment. Il faut juste rester calme et continuer à sourire. »

  • Sevilla FC v Real Madrid CF - La Liga EA SportsGetty Images Sport

    Une première saison en demi-teinte

    Madrid est un endroit difficile pour se relancer. Il n'y a aucune marge d'erreur. Ratez quelques occasions, peinez à trouver le chemin des filets, et vous êtes rapidement rayé de la carte. Endrick ne pouvait pas se permettre le genre de disette de plus de dix matches qu'il avait connu à Palmeiras. Et les débuts ont été mitigés. Il était plein d'énergie et réaliste devant le but, mais ne s'est jamais vraiment intégré à l'équipe et a surtout été utilisé comme option de rotation en Coupe du Roi.

    Pourtant, les statistiques, dans leur contexte, étaient raisonnables. Il a disputé 37 matches toutes compétitions confondues et inscrit sept buts. Il a contribué à plus de buts par 90 minutes que Rodrygo et Vinicius lors de leurs premières saisons respectives au club. Ancelotti est notoirement réticent à donner leur chance aux jeunes. Arda Güler, un talent tout aussi impressionnant qui s'est révélé sous Alonso, s'était vu dire qu'il devrait être prêt à « chauffer le banc » pendant que d'autres auraient leur chance.

    Cela avait du sens, d'une certaine manière. Mbappé était l'homme fort. Vinicius se battait pour du temps de jeu. Ajoutez-y Rodrygo déjà mis de côté, et il était difficile de voir d'où viendraient les minutes pour Endrick.

    Et puis, il y a eu une blessure. Le dernier match de la saison était sans enjeu. Endrick a démarré en pointe avec Mbappé et a dû sortir avec une blessure à la jambe. Les examens ultérieurs ont révélé un problème aux ischio-jambiers, l'écartant de la Coupe du monde des clubs où il était censé avoir un impact.

  • Real Sociedad v Real Madrid CF - LaLiga EA SportsGetty Images Sport

    Mis au placard sous Alonso

    C'était malheureux, d'autant plus qu'Alonso avait clairement fait savoir dès le premier jour du tournoi qu'il n'avait pas peur de faire tourner. Il était confronté à une litanie de problèmes physiques, ainsi qu'à la difficulté d'intégrer de nombreuses nouvelles recrues dans l'équipe. Mbappé était sur la touche avec un problème d'estomac, alors Alonso a aligné l'attaquant de l'académie Gonzalo García en pointe. Ce dernier a remporté le Soulier d'or avec quatre réalisations.

    Endrick a réagi en s'envolant pour Miami afin de s'entraîner avec le reste de l'effectif madrilène. Mais il a presque immédiatement aggravé cette même blessure. Et là, tout est devenu un peu sombre. Les rumeurs de transfert ont commencé à tourbillonner. Il y a eu des bruits de prêt, ainsi que des rapports épars sur son intérêt pour un départ permanent du Bernabéu. Cela aurait eu du sens, il faut l'admettre. Gonzalo l'avait poussé hors de l'équipe. Cette formation n'est pas facile à réintégrer.

    Cela n'a pas aidé qu'Endrick ne soit vraiment pas le type de joueur d'Alonso. L'Espagnol préfère deux créateurs sur les ailes et un attaquant physique prêt à jouer dans l'axe. Joselu, ironiquement, semblait parfaitement correspondre. Endrick, non.

  • Real Madrid CF v RCD Espanyol de Barcelona - LaLiga EA SportsGetty Images Sport

    Et maintenant ?

    Nous voilà face à un avenir incertain. Porter le maillot numéro 9 est, bien sûr, une bonne chose. Cela représente une vraie confiance dans le Brésilien. On ne donne pas ce maillot à quelqu'un qui va végéter éternellement.

    Pourtant, la réalité du terrain est moins reluisante. Il est revenu dans le groupe, certes, mais figure comme remplaçant non utilisé lors de cinq matches consécutifs toutes compétitions confondues alors qu'Alonso continue d'essayer de trouver ses combinaisons offensives idéales. Côté sélection, le constat est tout aussi sombre : un retour avec le Brésil semble improbable, puisque Ancelotti l'a laissé à la maison pour les deux matches amicaux contre la Corée du Sud et le Japon, ce qui n'est guère surprenant compte tenu de son manque de temps de jeu au niveau du club.

    Le discours du Real est celui de la confiance. Ils croient que la chance d'Endrick viendra, qu'il doit simplement se frayer un chemin de retour dans l'équipe et profiter des occasions qui se présentent. C'est probablement vrai. Il faut également reconnaître qu'il n'a que 19 ans. Mais cela soulève le problème inverse : Endrick a 19 ans. Il ne devrait probablement pas être assis sur un banc. Cinq mois, c'est long sans toucher un ballon. Peut-être est-il temps pour lui d'envisager de nouveaux horizons pour remettre sa carrière sur les rails.