Le début de saison pourri de Karim Benzema et de Cristiano Ronaldo montre aux stars de la Pro League qu'elles n'auront pas la vie facile en Arabie Saoudite.

L'exemple le plus frappant de ces tensions est l'apparente lutte de pouvoir entre Benzema et Nuno Espirito Santo à Al-Ittihad. Le Français n'a toujours pas marqué en championnat depuis qu'il a rejoint les champions d'Arabie saoudite, et une tempête se prépare également dans le vestiaire.

Peu après son arrivée au club, Benzema aurait demandé à être nommé capitaine, mais Nuno n'a pas voulu céder et le brassard est resté à l'attaquant brésilien Romarinho cette saison.

Ce désaccord menace de se transformer en véritable guerre interne. Benzema serait "mal à l'aise" à Al-Ittihad, ce qui signifie qu'un départ fracassant en début de saison n'est pas à exclure. Tout cela se déroule dans un contexte d'incertitude supplémentaire.

Le journal saoudien Al-Sharq Al-Awsat a récemment rapporté qu'il y avait un désaccord sur l'enregistrement des joueurs étrangers au club. L'ancien défenseur de West Brom, Ahmed Hegazi, actuellement blessé, exige le paiement intégral de son contrat si Al-Ittihad veut le voir partir. Le capitaine Romarinho aurait même demandé à partir à un moment donné

Il y a aussi l'étrange histoire de Jota, arrivé du Celtic en juillet pour 25 millions de livres (31,7 millions de dollars), et qui semble prêt à partir après seulement quelques semaines. Les raisons de son départ apparent ne sont pas tout à fait claires et rien n'est encore confirmé, mais cela est révélateur de la culture du chaos qui a englouti les champions cet été.

Ce n'est pas ce à quoi Benzema s'est engagé lorsqu'il a accepté de quitter Madrid pour Djeddah en juin dernier.

Ce n'est pas seulement la politique en dehors du terrain qui a surpris les nouveaux venus de la Saudi Pro League. La chaleur implacable s'est également avérée un défi.

Interrogé sur ses premières impressions du pays après avoir marqué son premier but pour Al-Ahli contre Al-Khaleej, Mahrez a plaisanté en disant qu'il faisait "très chaud". En réalité, les conditions ne sont pas une partie de plaisir pour les athlètes qui ne sont pas habitués au climat étouffant.

En août, les températures dans l'État du Golfe peuvent atteindre 49°C et il fait rarement moins de 30°C, même dans les moments les plus "froids". Fabinho a d'ailleurs évoqué la chaleur lors de ses débuts à Al-Ittihad : "Nous avons dominé le match, malgré l'atmosphère difficile et la température élevée".

Ses sentiments sont probablement partagés par une grande partie des joueurs du championnat. C'est une chose à laquelle ils devront s'adapter alors qu'ils cherchent à se faire une nouvelle vie dans le pays.

Il n'y a pas que les nouvelles recrues qui n'ont pas eu la vie facile en Pro League cette saison. L'emblème de la division, Ronaldo, a lui aussi connu un début de saison difficile.

Après avoir aidé son équipe à remporter la Coupe arabe des clubs champions en inscrivant un doublé contre Al-Hilal, Al-Nassr s'est effondré. Ronaldo étant blessé, le club s'est effondré lors de la première journée face à Al-Ettifaq, l'équipe de Steven Gerrard.

La semaine suivante, les choses ne se sont guère améliorées lors de la réception d'Al-Taawoun, où Ronaldo ne semblait pas en forme et où l'équipe a essuyé une nouvelle défaite décevante. La victoire sur Shabab Al-Ahli en Ligue des champions de l'AFC peut sembler un retour à la forme, mais elle a été difficile à obtenir, même si des décisions arbitrales douteuses ont rendu la tâche plus ardue.

Alors, qu'est-ce qui ne va pas ? Nous avons l'habitude de voir les dirigeants de Premier League se plaindre de l'encombrement des matches, mais les clubs saoudiens doivent eux aussi composer avec des calendriers délicats. Luis Castro, l'entraîneur d'Al-Nassr, s'est récemment emporté après que son équipe a dû jouer contre Al-Ettifaq 48 heures seulement après la finale de la Coupe des clubs champions arabes mentionnée plus haut.

"Je ne sais pas comment jouer lundi, c'est impossible. En plus, nous avons joué la prolongation de la finale ce soir. Nous devons respecter les joueurs. Il est impossible pour nous de jouer 48 heures après une grande finale", a-t-il déclaré.

En ce sens, jouer dans les meilleurs clubs saoudiens est loin d'être la villégiature présentée par certains observateurs cet été. Si l'on ajoute à cela la lourdeur des rencontres et la chaleur intense, on obtient une recette pour les contre-performances.

L'encombrement des matches n'est pas le seul problème d'Al-Nassr. Comme à Al-Ittihad, des conflits sur la composition de l'équipe ont éclaté au grand jour ces derniers temps.

David Ospina est sous contrat avec l'équipe saoudienne jusqu'à l'été prochain, mais le club semble vouloir s'en séparer en raison d'une blessure de longue durée. Ces dernières semaines, les supporters ont également exprimé haut et fort leur mécontentement face au manque de solidité défensive de l'équipe sur les réseaux sociaux.

Ronaldo a également eu de nombreuses plaintes à formuler en dehors du calendrier. En avril dernier, il s'en est pris au mauvais état de la pelouse après la défaite d'Al-Nassr en Coupe du Roi contre Al-Wehda, et plusieurs arbitres se sont déjà attiré ses foudres cette saison.

Ses plaintes ne sont pas totalement déraisonnables. Elles reflètent plutôt le fait que la Saudi Pro League doit continuer à se développer dans des domaines autres que le talent sur le terrain si elle veut rivaliser sérieusement avec les grands championnats européens.

Parmi les nombreuses stars européennes qui ont connu des débuts difficiles, Roberto Firmino s'est imposé comme une star de la Pro League prête à l'emploi. Auteur d'un sublime triplé lors de ses débuts avec Al-Ahli, il s'est rapidement blessé à l'entraînement.

Comme si son absence n'était pas suffisante, la blessure a apparemment entraîné une dispute sur le choix de la recrue étrangère qui porterait le brassard de capitaine à sa place.

Franck Kessie a été choisi par Matthias Jaissle, ce qui aurait irrité Mahrez. Edouard Mendy aurait également eu son mot à dire sur cette décision. Il serait exagéré de parler d'une véritable dispute, mais le bruit qu'elle a fait dans les médias locaux montre à quel point les dirigeants des clubs qui ont dépensé beaucoup cet été vont devoir gérer avec soin la dynamique du vestiaire.

Il s'agit de joueurs importants, dotés d'un ego et d'un pouvoir d'influence sur leurs coéquipiers. Il ne sera pas facile de les rendre tous heureux dans un environnement où ils ont été amenés à jouer les premiers rôles dans un championnat ambitieux.

Tous les événements politiques hors terrain décrits ci-dessus constituent un bon prélude à l'arrivée de Neymar le mois prochain, lorsqu'il reviendra de blessure pour prendre sa place dans l'équipe d'Al-Hilal. S'il est un talent générationnel, le Brésilien n'en a pas moins été un aimant à controverses tout au long de sa carrière, qui a fait couler beaucoup d'encre.

Il reste à voir comment son entrée dans cette atmosphère déjà volatile affectera les choses, mais il y a peu de chances qu'elle soit ennuyeuse. Neymar a l'habitude de faire ce qu'il veut - il a littéralement construit son propre lac et s'est acquitté avec joie de l'amende environnementale de plusieurs millions de dollars.

Cependant, comme ceux qui ont rejoint le projet saoudien un peu avant lui, l'ancien joueur du Paris Saint-Germain pourrait découvrir que la Pro League est plus difficile à gérer qu'il ne l'aurait imaginé.