Le Bayern Munich est de retour ! Les ajustements tactiques de Vincent Kompany portent leurs fruits tandis et Harry Kane a trouvé un nouveau rôle dans la quête du premier trophée de son histoire

Les difficultés rencontrées par le Bayern sous la houlette de Tuchel s'expliquent en grande partie par un manque de cohésion, tant sur le terrain qu'en dehors. Il y avait beaucoup de puissance de feu dans les rangs, mais rarement le travail d'équipe nécessaire pour faire un travail adéquat dans les zones de vérité.

C'est le travail défensif qui a posé le plus de problèmes à l'entraîneur allemand. Célèbre pour avoir colmaté les brèches dans la défense de Chelsea, qui a remporté la Ligue des champions cinq mois après son arrivée, Tuchel était pressé de faire la même chose à Munich, mais il n'a pas trouvé de solutions. Le poste étant en jeu, Tuchel a fait pression pour obtenir les arrivées d'Eric Dier et de Sacha Boey en janvier afin d'essayer de stabiliser le navire. Il y a eu des promesses à court terme, mais rien de plus.

Le recrutement du Bayern, autrefois quasiment irréprochable, a soudain été considéré comme désastreux. L'opération de recrutement de Kim Min-jae, défenseur de l'année 2022-23 en Serie A et vainqueur du Scudetto avec Naples, semble s'être retournée contre le Bayern après une série de performances calamiteuses, qui ont conduit Tuchel à blâmer le Sud-Coréen pour le match nul 2-2 contre le Real Madrid en demi-finale de la Ligue des champions. Des interrogations subsistent également au sujet de Dayot Upamecano, qui n'a pas connu le succès escompté en club, malgré des performances plus prometteuses en équipe de France.

La deuxième et dernière saison de Tuchel au Bayern s'est soldée par un échec européen et une troisième place en Bundesliga, derrière le Bayer Leverkusen, leader surhumain, ce qui est acceptable, et Stuttgart, la surprise du jour, ce qui l'est moins.

La mission de Kompany était claire. Il devait insuffler une identité offensive, s'appuyer un peu plus sur la jeunesse et mettre de l'ordre dans une défense désordonnée. En substance, il devait améliorer tout ce que lui avait laissé Tuchel, qui lui avait remis les clés du club avec l'empressement d'un agent immobilier qui avait dupé un couple non averti en lui faisant acheter une maison hantée.

Pour remodeler l'arrière-garde, le Bayern a recruté Hiroki Ito (Stuttgart) et a finalisé la signature définitive de Dier, prêté par Tottenham, sur la base d'un transfert gratuit. Le retour de Josip Stanisic en provenance de Leverkusen, champion du monde en titre, a également renforcé les options de Kompany, et la promesse de replacer Joshua Kimmich au milieu de terrain a ouvert d'autres voies à ses concurrents au poste d'arrière droit.

Les supporters bavarois ont apprécié ses ajustements, mais le club a perdu cette bonne volonté en choisissant de vendre Matthijs de Ligt à Manchester United - une décision si impopulaire que plus de 60 000 personnes ont signé une pétition pour protester contre cette décision.

« Nous voulons tous que Matthijs de Ligt reste au FC Bayern Munich », pouvait-on lire dans la pétition. « Il a prouvé qu'il était un défenseur de classe mondiale, probablement le meilleur de notre équipe. Ce n'est pas pour rien qu'il a été élu meilleur joueur de la saison 2022-23. De plus, il n'a que 24 ans et a un bel avenir devant lui, qu'il va utiliser pour réaliser son énorme potentiel.

« Malgré son jeune âge, Matthijs est déjà très mature et possède une grande mentalité, ce qui fera de lui une figure de proue de la défense et probablement un concurrent pour le poste de capitaine dans quelques années. Sa capacité à parler couramment l'anglais, l'allemand et le néerlandais l'aidera beaucoup dans cette tâche. À 19 ans, il a mené l'Ajax en demi-finale de la Ligue des champions en tant que capitaine.

« Vendre Matthijs de Ligt serait une décision absolument horrible et nous le regretterions certainement. C'est pourquoi nous utilisons notre voix pour attirer l'attention sur le fait que nous ne ferons PAS cette erreur ! »

Ces appels sont toutefois restés lettre morte et De Ligt a imité Noussair Mazraoui en quittant l'Allianz Arena pour Old Trafford.

Pour sa première saison avec Kompany à la barre, le Bayern a connu quelques difficultés initiales. Avec l'arrivée de Michael Olise, en provenance de Crystal Palace, et celle du sensationnel Jamal Musiala, plus impliqué dans la construction, le Bayern a rapidement pris conscience de son potentiel offensif, mais celui-ci a été quelque peu contrebalancé par le piège du hors-jeu, qui constitue une véritable limite.

La durabilité du pressing agressif de l'équipe est devenue un autre facteur à prendre en considération. L'arrivée d'un nouveau coach, même si c'est en début de campagne plutôt qu'à mi-parcours, a entraîné une augmentation de l'urgence offensive et du mouvement sur le ballon, mais on a un peu délaissé le travail défensif.

Néanmoins, Kompany a été rapidement félicité pour ses efforts en vue d'établir une nouvelle identité, même si l'essentiel de l'équipe est resté inchangé par rapport à la saison précédente. A son arrivée dans le sud de l'Allemagne, le Belge a été critiqué pour sa gestion stricte de l'effectif et son manque de rigueur.

Les premiers mois de son mandat ont été marqués par des victoires spectaculaires, dont un 9-2 contre le Dinamo Zagreb en Ligue des champions et des victoires successives par cinq buts d'écart lors des matches de Bundesliga du mois de septembre, et avant le match contre Barcelone à la fin du mois d'octobre, on parlait de la possibilité de conquérir l'Europe.

Dans la bataille des équipes en plein redressement mais dont on ne savait pas si elles pouvaient tenir sur la durée, Barcelone l'a emporté. Et le club catalan n'a pas fait dans la demi-mesure. Il a écrasé le Bayern 4-1 dans sa résidence temporaire du Montjuic.

Le Barça, entraîné par l'ancien entraîneur du Bayern Hansi Flick, qui a entamé sa propre rédemption, a écrasé ses visiteurs à plusieurs reprises, tandis que l'équipe de Kompany n'a pas réussi à déjouer le piège du hors-jeu des hôtes. La première mi-temps, très disputée, a été suivie d'une deuxième mi-temps à sens unique, et l'entraîneur n'a pas mâché ses mots lorsqu'il s'est adressé aux médias allemands après le coup de sifflet final.

"Il n'y a pas d'excuses", a déclaré Kompany. "Ce qui est important, c'est de tirer les leçons de ce match. Ce n'est pas ce match qui décidera de notre saison. Nous devons nous demander pourquoi il y a eu une telle différence entre la première et la deuxième mi-temps."

Finalement, ce match pourrait bien être celui qui a décidé de la saison du Bayern, dans un sens détourné et alambiqué.

Depuis que le Barça lui a donné cette leçon, le Bayern a réalisé une remarquable série de sept matches consécutifs sans encaisser de but, sa meilleure série depuis 2011, lorsqu'il avait enchaîné 10 matches sans encaisser de but au tout début d'une saison au cours de laquelle il avait atteint la première des deux finales consécutives de la Ligue des champions.

Kompany a rejeté l'idée qu'il avait rendu son équipe plus pragmatique au cours de cette période, soulignant plutôt l'efficacité accrue de son pressing. Après la victoire 1-0 contre le Paris Saint-Germain mardi, il a déclaré : "Plutôt que de changer, je dirais qu'il faut ajuster et adapter les choses. Le positionnement individuel, les habitudes individuelles, toujours pour récupérer. Nous voulons être compacts et la distance entre les lignes doit être faible."

Les deux joueurs qui ont franchi un nouveau palier sont les défenseurs centraux Kim et Upamecano, qui ont parfaitement réussi à faire oublier la saga De Ligt.

Kompany a déclaré à propos de son duo défensif de départ : « J'ai regardé l'entraînement de la première semaine et ce n'était pas amusant pour nos attaquants. Et si les attaquants ne s'amusent pas à l'entraînement, c'est qu'il y a quelque chose qui cloche. Et puis la performance, ça vient toujours avec un peu de confiance et de temps ».

Les bruits qui courent du côté du Bayern indiquent que ce resserrement de la défense est le fruit d'un travail collectif, auquel participe même l'attaquant Harry Kane. Le capitaine anglais, qui était un presseur énergique dans sa jeunesse, a changé d'habitude lors de ses dernières années à Tottenham lorsqu'il est devenu évident que son corps ne pouvait plus supporter une telle charge de travail, son meilleur ami Son Heung-min étant souvent déployé pour faire le travail à sa place.

Kompany a déclaré : « Bien sûr, ils [Kim et Upamecano] ne défendent pas seuls. Harry Kane est impliqué, tout le monde est impliqué, et c'est pour ça que ça marche si bien en ce moment ». Le gardien Manuel Neuer, qui a l'air d'avoir rajeuni de 10 ans sur ce parcours, a ajouté : « C'est une question de mentalité et de confiance, pas seulement de la part de la ligne arrière, mais de toute l'équipe. Les joueurs offensifs sont tout aussi satisfaits d'une victoire 1-0 et d'un score vierge. Cette mentalité et cette concentration dans chaque action défensive nous distinguent en ce moment ».

Kane lui-même, en réponse aux critiques de Dietmar Hamann, a insisté sur le fait qu'il pensait davantage à l'équipe et qu'il faisait des sacrifices en dehors du ballon afin de remporter des victoires convaincantes. Seul joueur du Bayern à ne pas avoir de trophée à son palmarès, le joueur de 31 ans montre une volonté de changer ses habitudes et de prendre des réflexes de gagneur dans sa longue quête de gloire. Malgré cela, il a inscrit 20 buts et délivré 9 passes décisives en 18 matches cette saison.

Le prochain test pour le Bayern sera face à une équipe de Dortmund en pleine transition, marquée par l'inconstance - elle n'a pas gagné deux matches de suite en Bundesliga depuis le début de la saison - et la révolte. Kompany et ses fidèles troupes ont une chance inouïe de commencer à s'envoler vers le titre.