La vérité sur le départ de Klopp et son nouveau rôle controversé

« Jurgen m'a appelé et m'a dit de venir le voir, qu'on devait discuter de quelque chose », explique Peter Krawietz dans une interview exclusive accordée à GOAL. « Quand il m'a annoncé la nouvelle, j'ai d'abord été surpris », raconte son fidèle adjoint. « Mais après cinq minutes de conversation, qui a finalement duré deux heures, je n'étais plus surpris du tout ».

« J'ai complètement compris toutes ses explications et tous ses arguments. C'était logique, cohérent, et ça correspondait aussi à ce que je pensais au fond de moi », poursuit-il.

« Nous nous étions tous les deux regardés longuement dans le miroir, chacun de notre côté, et nous étions arrivés à la même conclusion difficile : une pause de quatre semaines ne suffirait pas pour affronter les défis de la saison suivante, avec tout ce que ce métier exige ». La décision n'était pas un coup de tête, mais le fruit d'une longue et douloureuse introspection.

En réalité, il n'était pas difficile de comprendre pourquoi Jürgen Klopp était épuisé. Connu pour son intensité, il s'est toujours engagé à 100 %, que ce soit à Mayence, à Dortmund ou à Liverpool. Il était donc inévitable que cette éthique de travail acharnée finisse par le rattraper.

Personne ne doutait qu'il méritait une longue pause. C'est précisément pour cette raison que l'annonce de son retour, moins de six mois après son dernier match à Anfield, a surpris tout le monde. Et encore plus son nouveau poste : responsable mondial du football pour Red Bull.

Klopp, qui s'était toujours présenté comme un traditionaliste, un romantique déçu par la commercialisation du football, acceptant un poste au sein de l'empire d'une boisson énergisante ? La décision a logiquement provoqué des accusations d'hypocrisie. Pour beaucoup, il venait tout simplement de vendre son âme.

Peter Krawietz, lui, n'a été surpris ni par le timing du retour de Klopp, ni par l'identité de son nouvel employeur. « J'aurais seulement été surpris s'il m'avait demandé de le rejoindre dans un club dans nos rôles habituels », explique-t-il. « Mais j'étais presque certain que cela n'arriverait pas. J'ai toujours pensé qu'il ferait quelque chose de complètement différent. Jurgen voulait simplement un changement ».

« Il a toujours été une personne très curieuse, passionnée par d'autres choses. Et chez Red Bull, il peut sortir des sentiers battus, expérimenter de nouvelles choses, sans être lié à un seul endroit et libéré du travail quotidien de relations publiques. C'est moins intense, mais tout aussi vaste ».

« J'ai bien noté les critiques, mais je ne les comprends pas », ajoute-t-il. « Je pense qu'il y a un malentendu de la part des fans. Où aurait-il pu travailler ? Quelle que soit sa décision, il y aurait eu des critiques. On doit respecter le choix d'un individu. On ne peut pas organiser un vote public pour savoir ce que les supporters aimeraient ».

Bien sûr, le statut de légende de Jürgen Klopp à Liverpool est assuré depuis longtemps. Il a entretenu une relation merveilleuse avec les supporters, et c'est toujours le cas. Gagner des trophées a évidemment aidé. En plus d'offrir au club sa sixième Ligue des Champions, il a mis fin à 30 ans de disette en championnat.

Mais Peter Krawietz l'admet volontiers : le staff doit une grande partie de son succès à un groupe de joueurs exceptionnels, des hommes de caractère qui ont créé et maintenu un niveau d'excellence au club.

« Je ne veux mettre personne au-dessus des autres », explique Krawietz, « mais en termes de concentration sur le travail quotidien et de conviction, l'exemple le plus brillant et le plus professionnel de tous les joueurs que j'ai rencontrés, c'est James Milner ».

« Il a réussi à fédérer toute une équipe autour de cet objectif et à montrer ce qu'il fallait faire pour devenir un vrai champion ». Une mentalité de gagnant que Klopp a su insuffler, et que des joueurs comme Milner ont su incarner.

Peter Krawietz explique que le niveau d'exigence fixé par des leaders comme James Milner a aidé d'autres joueurs à progresser, tant sur le plan mental que physique.

« Roberto Firmino me vient immédiatement à l'esprit », dit Krawietz. « Son évolution a été extrêmement intéressante à observer. Au début, il arrivait aux fêtes de Noël avec des lunettes de soleil, portait les plus beaux costumes et était le plus fêtard ».

« Plus tard, il a trouvé la foi et est devenu chrétien. La manière dont il a embrassé cela et en a tiré de la force et de la conviction était assez extraordinaire. Il a toujours pensé aux autres et est devenu un modèle. Il a parfaitement combiné son style de jeu brésilien avec le sérieux et l'engagement nécessaires ».

« Je me souviens aussi de Trent Alexander-Arnold, courant sur le terrain pour la première fois, ce grand échalas de 15 ans, physiquement sous-développé », ajoute-t-il. « Mais même à l'époque, les entraîneurs des jeunes disaient que c'était un immense talent. Et au final, il est devenu le symbole de l'équipe et de son développement ». C'est aussi ça, l'héritage de Klopp : avoir su transformer des talents en champions.

Certains critiques estiment que Klopp aurait dû gagner plus de titres majeurs à Liverpool. Mais pour Peter Krawietz, il n'y a qu'un seul grand regret. « Il y a cette saison où nous avons obtenu 97 points, un de moins que le champion », soupire-t-il. « Encore aujourd'hui, j'aimerais avoir remporté ce titre-là ».

Cependant, Krawietz se console en voyant que Liverpool a remporté le titre juste après le départ de Klopp, et que le club est désormais en position idéale pour dominer le football anglais.

Beaucoup se demandent si Klopp ne regrette pas d'être parti. Mais pour son adjoint, le succès immédiat d'Arne Slot était le scénario de « rêve ».

« Nous avons laissé une équipe qui n'était pas encore arrivée à maturité, mais où beaucoup de choses étaient déjà en place », dit-il. « Un nouvel entraîneur pouvait alors réussir immédiatement, avec une énergie fraîche et quelques ajustements. Nous avons toujours souhaité laisser une structure sur laquelle le club pourrait construire. Nous pensons y être parvenus, et nous en sommes extrêmement heureux ».

Pour Krawietz, si le départ de Klopp a été un choc, c'était la bonne décision pour toutes les parties concernées. Une page s'est tournée, mais l'histoire continue.