La méforme inquiétante d'Ibrahima Konaté, une mauvaise nouvelle pour Liverpool... et pour les Bleus

On a du mal à le croire aujourd'hui, mais la saison dernière, le duo formé par Ibrahima Konaté et Virgil van Dijk a été la clé du 20e titre de Liverpool. L'une des meilleures décisions d'Arne Slot fut d'ailleurs de le titulariser à la place de Jarell Quansah dès la première journée.

« Défensivement, 'Ibou' est du plus haut niveau », disait même le coach en milieu de saison. « Il est rapide, il est fort, il gagne ses duels. C'est un défenseur qui, même sans toucher le ballon, est impressionnant ».

Konaté a en effet été immense lors de nombreux matchs cruciaux. Le sympathique international français avait même conquis le cœur des supporters en révélant qu'il jouait malgré une blessure au genou. « Je peux mourir pour cette équipe, ce n'est pas un problème », avait-il déclaré avant un match de Ligue des Champions.

C'est ce souvenir d'un guerrier impérial qui rend sa situation actuelle si alarmante. Comment le roc de la saison passée a-t-il pu devenir, en l'espace d'un été, un maillon faible aussi fébrile ? Une question qui inquiète autant à Liverpool qu'en équipe de France.

Malgré toutes ses qualités, Ibrahima Konaté a toujours eu un défaut : une tendance à la déconcentration. Aussi bon soit-il, il y a toujours ce risque qu'il commette une erreur évitable. C'est précisément ce qui avait poussé Jürgen Klopp à lui faire de moins en moins confiance à la fin de son mandat.

Dans la prise de décision, il n'est tout simplement pas encore au niveau de Virgil van Dijk. C'est pourquoi sa sortie médiatique en avril dernier avait surpris. Tout en affirmant vouloir apprendre de son capitaine, il s'était plaint que ses bonnes performances soient éclipsées par la présence du Néerlandais.

« C'est fou le nombre de titres d'Homme du match que j'aurais pu avoir cette saison », avait-il déclaré à Sky Sports. « C'est super de jouer avec 'Virg', mais parfois, les gens qui regardent le match pensent qu'il n'y a que lui qui joue. Non, moi aussi je joue. Je fais aussi un grand match. Je ne suis pas jaloux, mais regardez le match, et il vous dira la vérité ». Une déclaration qui trahit une certaine frustration, mais qui souligne aussi un axe de progression clair : pour devenir un leader incontesté, il doit gommer ces sautes de concentration qui, au plus haut niveau, ne pardonnent pas.

Ibrahima Konaté se sent clairement sous-estimé à Anfield, ce qui explique pourquoi les négociations pour sa prolongation de contrat traînent en longueur. À dix mois de la fin de son bail, le risque de le voir suivre les traces de Trent Alexander-Arnold et de partir libre au Real Madrid est bien réel.

Mais la vérité, c'est que ses performances actuelles ne plaident pas en sa faveur. Loin de là. Lundi soir, contre Newcastle, Virgil van Dijk a souvent dû compenser ses erreurs. Le match a été un combat de rue, fait de coups de pied arrêtés et de duels aériens. Liverpool s'en est sorti de justesse, grâce à un but à la dernière seconde du jeune Rio Ngumoha.

Après le match, Arne Slot a salué la solidité de ses défenseurs, citant Konaté aux côtés de Van Dijk et Alisson. Une déclaration de façade, car le Français a été l'un des joueurs les plus en difficulté. Tout comme contre Bournemouth, il a plus été un poids pour son équipe qu'un atout.

Cette méforme est d'autant plus inquiétante qu'elle arrive au pire moment. Alors que le Real Madrid semblait lui faire les yeux doux, ces prestations calamiteuses risquent de refroidir sérieusement les ardeurs du club espagnol. Le rêve d'une vie pourrait lui passer sous le nez s'il ne se ressaisit pas rapidement.

Comme l'a souligné Thierry Henry sur le plateau de Monday Night Football, le contraste entre le niveau de Konaté et celui de Van Dijk à Newcastle était saisissant. Le Néerlandais a remporté neuf duels aériens (contre seulement deux pour Konaté) et réalisé 13 dégagements (contre cinq). Il a passé son temps à replacer son partenaire, sans grand succès.

On pensait que le maillon faible de la défense serait Dominik Szoboszlai, aligné au poste d'arrière droit. Mais ce fut bien le joueur à sa gauche. Konaté a même eu de la chance de ne pas être expulsé en seconde période. Il s'est fait dominer dans les airs par Anthony Gordon, un ailier reconverti avant-centre. Il n'est donc pas surprenant de le voir totalement battu par Dan Burn sur le long dégagement qui amène l'égalisation de Newcastle.

« Je veux que mon défenseur central aille gagner ce duel », s'est emporté Jamie Carragher sur Sky. « Mais il était plus intéressé par le fait d'agripper le bras de son adversaire. Il est complètement à la rue en ce début de saison. Je n'ose même pas imaginer où en serait Liverpool sans Virgil van Dijk ».

Une analyse cinglante, qui devrait non seulement inquiéter Arne Slot, mais aussi tout le staff de l'équipe de France. Alors que débute une saison charnière et avec le Mondial au bout, la méforme de l'un de ses cadres défensifs est un véritable signal d'alarme.

Il est vrai que Liverpool est un peu court en attaque après les départs de Luis Díaz et Darwin Núñez, et surtout après la perte tragique de Diogo Jota. Même en tenant compte de l'éclosion inattendue de Ngumoha et de la résurgence de Federico Chiesa, Hugo Ekitike reste le seul véritable avant-centre de métier de l'effectif.

Recruter Alexander Isak permettrait donc à Arne Slot de disposer de deux attaquants de très haut niveau. « Si vous jouez toutes les compétitions, vous avez besoin de deux très bons buteurs », a d'ailleurs argumenté Thierry Henry.

Cependant, les débuts tonitruants d'Ekitike montrent que Liverpool n'a peut-être pas besoin de dépenser une fortune record pour un autre numéro 9. Une doublure compétente pourrait suffire. À l'approche de la fin du mercato, la vraie priorité devrait être de renforcer une défense qui a déjà encaissé six buts en trois matchs officiels. Et c'est là que le cas Konaté redevient central.

Bien sûr, il y a le très prometteur Giovanni Leoni qui est arrivé de Parme. Mais il serait injuste de demander à un adolescent de remplacer immédiatement Konaté aux côtés de Van Dijk. Marc Guehi, lui, pourrait le faire sans problème. Et tout de suite.

Liverpool aurait tiqué à l'idée de payer 53 millions d'euros à Crystal Palace pour un joueur à qui il reste moins d'un an de contrat. Mais on parle de l'un des meilleurs défenseurs de Premier League, qui a prouvé sa valeur au plus haut niveau lors de l'Euro 2024. Le capitaine des Eagles a incontestablement la qualité et le caractère pour s'imposer d'emblée à Liverpool et en devenir un leader.

Le temps presse, non seulement parce que le mercato se termine, mais aussi parce que Liverpool affronte Arsenal dimanche dans un choc déjà crucial. Et au vu de sa forme actuelle, Konaté ne devrait même pas être sur la feuille de match.

Il ne faut pas minimiser ce qu'il a apporté au club, et on peut comprendre sa frustration concernant sa prolongation de contrat. Mais qu'il soit secrètement blessé ou simplement distrait par les rumeurs de transfert, peu importe. La seule "vérité" qui compte, c'est celle du terrain. Et pour l'instant, il n'a rien fait cette saison pour convaincre Liverpool qu'il méritait une augmentation. Au contraire, ses performances ont rendu douloureusement clair que les champions en titre, si vulnérables, doivent aller chercher Guehi avant qu'il ne soit trop tard. Et pour Konaté, il est peut-être déjà trop tard.