Depuis plusieurs mois, le sport se retrouve entraîné dans une polémique d’ampleur internationale. Le conflit à Gaza, qui ravage la région et alimente les condamnations sur la scène politique et humanitaire, n’épargne plus les institutions sportives. Tandis que de nombreux acteurs du football réclamaient des sanctions fortes contre Israël, la FIFA a finalement choisi sa voie. Et cette orientation, confirmée par son président Gianni Infantino, ne manquera pas de déclencher de vives réactions.
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AFPUne pression croissante pour bannir Israël
Depuis bientôt deux ans, la situation au Proche-Orient s’est encore aggravée. L’État d’Israël, créé en 1948, fait face à un conflit persistant avec la Palestine. L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a marqué un tournant, utilisée comme justification par Israël pour mener une offensive d’envergure contre Gaza. Depuis, de nombreuses ONG, institutions internationales et voix politiques dénoncent ce qu’elles qualifient de crimes de guerre.
Dans ce contexte, plusieurs figures sportives se sont mobilisées. Une pétition signée par 48 athlètes de renom, parmi lesquels Paul Pogba et Hakim Ziyech, a récemment circulé. Leur revendication : qu’Israël soit exclu de toutes les compétitions sportives, comme ce fut le cas de la Russie après l’invasion de l’Ukraine.
GettyL’UEFA sous pression, mais la FIFA tranche
Du côté européen, des informations rapportées par la presse anglophone indiquaient que l’UEFA envisageait sérieusement une suspension de la fédération israélienne. Le comité exécutif devait se prononcer rapidement, sous l’effet de la pression croissante exercée par des clubs, des joueurs et certains États.
Mais la FIFA, organisation mondiale qui chapeaute le football, a pris tout le monde de court ce jeudi. Gianni Infantino, dans un communiqué officiel, a écarté toute sanction immédiate. Pour lui, l’institution ne doit pas se laisser entraîner dans les décisions géopolitiques.
AFPInfantino prône un message d’unité
Le président de la FIFA a ainsi tenu des propos qui suscitent l’incompréhension : « à la FIFA, nous nous engageons à utiliser le pouvoir du football pour rassembler les gens dans un monde divisé. Nos pensées vont à ceux qui souffrent dans les nombreux conflits qui existent aujourd’hui dans le monde, et le message le plus important que le football puisse transmettre en ce moment est celui de la paix et de l’unité ».
Dans ce discours, Infantino place la fonction du sport au-dessus des considérations politiques. Une position qui pourrait paraître louable si la FIFA n’avait pas déjà agi différemment dans le cas russe. L’exclusion de la Russie après l’attaque de l’Ukraine reste dans les mémoires, et beaucoup pointent désormais un traitement à deux vitesses.
Getty ImagesUne Coupe du monde sous tension
Cette décision survient alors que la Coupe du monde 2026 approche à grands pas. Prévue aux États-Unis, au Canada et au Mexique, elle est censée rassembler les nations du football. Pourtant, plusieurs pays ont déjà laissé entendre qu’ils envisageraient un boycott en cas de participation d’Israël. L’hypothèse d’un tournoi fragilisé avant même son coup d’envoi devient donc une véritable inquiétude.
Pour Infantino, la ligne est claire : « la FIFA ne peut pas résoudre les problèmes géopolitiques, mais elle peut et doit promouvoir le football dans le monde entier en exploitant ses valeurs unificatrices, éducatives, culturelles et humanitaires ». Le président persiste ainsi dans une vision qui privilégie l’universalité du ballon rond, quitte à froisser une partie de la communauté internationale.
AFPUne décision loin de faire consensus
La réaction ne s’est pas fait attendre. Les critiques fusent, accusant la FIFA de fermer les yeux sur une situation dramatique. Les comparaisons avec la Russie refont surface, soulignant une incohérence difficile à justifier. Pour beaucoup, le football, sport mondialement suivi, possède un poids symbolique et politique qui ne peut être ignoré.
Entre la volonté affichée d’unir les peuples et les accusations de complaisance, la décision de la FIFA risque d’alimenter les débats pendant longtemps. Alors que le conflit à Gaza continue d’ensanglanter la région, le monde du sport se retrouve, une fois de plus, au cœur d’une bataille politique et morale.