José Mourinho au PSG ? Un désastre à ne pas manquer !

D'une certaine manière, il est logique d'engager Mourinho. Le PSG n'a jamais eu un coach complet, capable de résoudre tous les problèmes du club.

Thomas Tuchel était un tacticien magistral, mais il contrôlait trop les membres du vestiaire et ne pouvait pas gérer les superstars erratiques du PSG. Le conseil d'administration a réagi en faisant appel aux bonnes vibrations et au style moderne de Mauricio Pochettino, mais il était tout simplement trop libre d'esprit et idéaliste pour un club qui avait besoin de plus de rigidité.

La solution suivante était Galtier. Il était français, avait l'air un peu effrayant et connaissait bien la Ligue 1. Son système intelligent en 3-4-3 semblait être la solution idéale pour tirer le meilleur parti du trio d'attaque des Parisiens. Il a également empêché le PSG de remporter le titre en 2021 alors qu'il était à la tête de Lille. Le club a en effet engagé l'homme qui l'avait battu.

Mais cela n'a pas fonctionné. Les tactiques sont devenues obsolètes et Galtier a commencé à modifier ses formations. Bien que le club remporte la Ligue 1, les succès européens sont inexistants. En dehors du terrain, il a laissé Neymar et, plus récemment, Lionel Messi, s'en tirer à bon compte. Et surtout, les ultras, farouchement fidèles, ne l'aiment plus. Le fait qu'il soit originaire de la mauvaise région de France n'a pas aidé non plus.

Mourinho semble donc être la prochaine étape. Cela correspond tout à fait au même vieux modèle, même si le PSG insiste sur le fait qu'il essaie de changer.

Mourinho est capable d'exciter une base de supporters. Il a géré des superstars avec un certain succès par le passé. Il fera jouer les Parisiens dans un style reconnu et exigera le respect absolu d'un vestiaire qui semble en avoir peu pour son coach actuel. Il est également un expert des compétitions de coupe et a remporté la Ligue des champions à deux reprises. Jusqu'ici, tout est rationnel.

Mais le management ne fonctionne pas comme ça. En réalité, le PSG est le dernier endroit où Mourinho devrait se trouver. C'est une institution dysfonctionnelle, et jeter le Portugais dans cette poudrière revient à déclencher le minuteur d'une bombe à retardement.

Mourinho aime le pouvoir. Il a fait carrière en tant que figure dictatoriale. Il exige un contrôle complet, à la fois en interne avec son équipe et en externe avec les médias. Mourinho est un leader totalitaire et il a besoin de se sentir comme tel pour réussir.

Et il y a des preuves que ce système fonctionne. Il a apporté le succès à Chelsea (deux fois), la Ligue des champions à l'Inter et a aidé le Real Madrid à réaliser l'une des meilleures saisons de l'histoire de la Liga. Elle a permis à Tottenham de connaître une période de succès prometteuse, bien que courte, et à l'AS Rome de remporter un trophée européen, et peut-être un autre cette saison.

Mais par le passé, lorsque ce contrôle a commencé à s'effondrer, Mourinho a fait de même. En 2007, sa relation avec le propriétaire de Chelsea, Roman Abramovitch, a atteint un point de rupture, ce qui a poussé le manager à prendre la porte. En 2013, le vestiaire madrilène a été laissé en lambeaux par un Mourinho qui critiquait ses propres joueurs, l'arbitrage et les médias. Il est parti à la fin de la saison, qu'il a qualifiée plus tard de la pire de sa carrière.

La même chose s'est produite depuis à Manchester United et à Tottenham, le manager se sentant mis à mal soit par le conseil d'administration, soit par les joueurs qu'il entraîne.

C'est un signe terrible pour le PSG. Galtier est plongé dans une lutte de pouvoir ouverte avec le conseiller en football Luis Campos, qui s'est fait un point d'honneur de saper le coach à plusieurs reprises, tant dans la presse que dans le vestiaire. Le président Nasser Al-Khelaifi n'est pas non plus connu pour son laisser-faire.

Il y a un segment de la série Amazon Prime 2019 "Tout ou rien" de Tottenham dans lequel Mourinho rencontre Harry Kane. Pendant cet échange d'une minute, Mourinho parle de sa soi-disant "dimension universelle" et promet que son immense influence peut aider Kane à atteindre un nouveau niveau de superstar. Kane, captivé par la promesse, accepte. Mourinho affirme son ego, déclarant que sa propre marque personnelle l'emporte sur celle du capitaine anglais. Et, en fin de compte, Mourinho avait raison.

Kane allait ensuite connaître sans doute les meilleurs 18 mois de sa carrière, augmentant son bilan après une campagne 2018-19 oubliable.

Mourinho a fait la même chose avec Cristiano Ronaldo. L'attaquant madrilène a marqué 60 buts en 2011 sous la direction du Portugais, avant de remporter le Ballon d'Or deux ans plus tard. Didier Drogba, Zlatan Ibrahimovic et Karim Benzema ont également bénéficié de ses méthodes. Il y a donc de bonnes raisons de penser que Mourinho pourrait gérer les grands noms du vestiaire du PSG.

Mais une série de disputes très médiatisées avec le genre de joueurs de grande marque, obsédés par les médias sociaux, dont le vestiaire du PSG est rempli, devrait inciter à la prudence.

Le meilleur exemple est peut-être celui de Paul Pogba. L'international français s'est heurté à plusieurs reprises à son manager, avec une série d'incidents au cours desquels Mourinho s'est mis à dos la recrue record de United. Mourinho a publiquement critiqué Pogba pour son rythme de travail en 2018, et a insinué que le joueur ne se concentrait pas assez sur le football. Il l'a également critiqué pour s'être envolé pour Miami afin de suivre un traitement et a suggéré qu'un des posts Instagram de Pogba se moquait de ses coéquipiers. Tout cela a culminé lorsque Mourinho a retiré à Pogba son titre de vice-capitaine et s'est disputé avec lui à l'entraînement dans une vidéo désormais tristement célèbre.

Depuis, Mourinho n'a pas vraiment entraîné de joueur de cette notoriété. Kane et Son Heung-min sont de grands noms, mais pas des stars des médias sociaux. En revanche, Mbappé et Neymar sont la définition même du type de marque personnelle contre laquelle Mourinho s'est battu sans relâche.

Dans le passé, avant que les profils des individus sur les médias sociaux ne l'emportent sur les clubs qu'ils représentent, le manager a été en mesure de surpasser les plus grandes personnalités qu'il a entraînées. Cette fois-ci, la bataille semble perdue d'avance, mais Mourinho ne la concédera probablement pas.

Depuis un certain temps, on a l'impression que le PSG est ingérable. Messi, Neymar et Mbappé ont tous été qualifiés d'incapables ou de réticents à fournir le genre de travail nécessaire pour soutenir une équipe gagnante.

Et la critique est juste. En Ligue des champions, le PSG a été exposé défensivement pour avoir joué à huit contre onze contre certaines des meilleures équipes du continent. Son rythme de travail minimal est en effet l'une des nombreuses raisons pour lesquelles le club n'a pas remporté de trophée européen, bien qu'il soit doté d'un immense talent offensif.

De nombreux dirigeants ont tenté de changer la donne. Galtier a d'abord suggéré que tout le monde devrait travailler ans le ballon, avant d'affirmer que son équipe devrait faire le travail que Messi, Neymar et Mbappé ne peuvent tout simplement pas faire - ou, plus précisément, qu'ils refusent de faire.

Mourinho n'est pas du genre à faire des compromis. Le système exact qu'il emploiera au PSG reste à voir, mais s'il s'en tient à ses principes habituels, les Parisiens défendront à 11 et chercheront à lancer des contre-attaques. En théorie, il s'agit d'un concept dévastateur, qui profitera notamment à Mbappé. Mais tout repose sur le travail.

Et il n'y a aucune garantie à ce sujet, quelle que soit la présence de Mourinho. Neymar est connu pour son manque d'intérêt ces derniers temps, tandis que Mbappé, bien qu'il porte souvent le brassard, n'a pas vraiment le rythme de travail d'un capitaine lorsque les Parisiens n'ont pas la possession du ballon.

C'est un point d'achoppement, une attente de base. Mais il est peu probable que son équipe y adhère.

Tout cela pourrait bien se passer. En fait, pendant quelques mois de bonheur, ce sera probablement le cas. Mais les mêmes problèmes ont tendance à se répéter dans le cycle managérial de Mourinho. Et tous les problèmes potentiels sont là : Les égos démesurés, les luttes de pouvoir, la réticence à adhérer à certains principes tactiques du manager.

Le Mourinho actuel n'est pas non plus très stable. Il a été expulsé à plusieurs reprises et s'est vu infliger des amendes pour son mauvais comportement sur la ligne de touche à la Roma. Il a ouvertement suggéré que les arbitres étaient payés par le club rival de la Juventus. Plus récemment, il a porté un appareil d'enregistrement pour documenter les prétendues agressions verbales qu'il subit de la part des officiels.

Les relations houleuses qu'il entretient déjà avec des dirigeants de haut niveau ne sont pas non plus sans danger. Mourinho est connu pour avoir qualifié Arsène Wenger de "spécialiste de l'échec" et Frank De Boer de "pire manager de Premier League de tous les temps". Mais ces deux entraîneurs ne sont pas les seuls à s'être trouvés en désaccord public avec le Portugais. Pep Guardiola, Antonio Conte, Jurgen Klopp et Tuchel ont tous échangé des mots avec "The Special One" dans les médias et sur le banc de touche.

Mais le football est profondément obsédé par Mourinho. Malgré toutes ses controverses, il reste un génie, un manager capable de réaliser des prouesses, même si ses tactiques sont de plus en plus obsolètes. Aujourd'hui, Mourinho fonctionne à coup de sons, de gestes et de clips Twitter. Mais il parvient toujours à gagner. C'est un paradoxe captivant.

Et il y a une chronologie prévisible. Pendant quelques mois, ces points feront ressortir quelque chose du PSG. Mais cela finira inévitablement par exploser. Et le monde du football aura les yeux rivés sur l'écrans.