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Face à un PSG injouable, l'espoir de Chelsea repose sur les épaules d'un monstre : Moisés Caicedo

Chelsea se présentera en immense outsider, dimanche après-midi, sous le soleil écrasant du New Jersey, pour défier le Paris Saint-Germain, champion d'Europe en titre. Pourtant, les Blues espèrent détenir une carte maîtresse, une arme capable de tout changer.

À la faveur de victoires arrachées au courage et d'un tableau plutôt clément après la phase de poules, l'équipe que personne n'attendait s'est hissée jusqu'à la finale de cette première Coupe du Monde des Clubs. L'effectif en pleine construction d'Enzo Maresca s'apprête maintenant à passer le test ultime.

Et cet espoir a un nom : Moisés Caicedo. Tant qu'il est là, tout reste possible. Ce monstre du milieu de terrain est tout simplement la meilleure chance de Chelsea de neutraliser le meilleur trio de la planète et de réaliser ce qui serait un exploit retentissant. Mais une blessure inopportune plonge le club anglais dans l'incertitude la plus totale. Tout un club retient son souffle, et le fera jusqu'au coup d'envoi.

  • Moises Caicedo Chelsea HIC 2024-25 Getty Images

    De la risée à l'idole

    Quand Chelsea a dépensé la somme record de 115 millions de livres (près de 135 M€) pour Moisés Caicedo en 2023, les moqueries ont fusé. Surtout lorsque le joueur a connu des débuts difficiles, marqués par plusieurs erreurs grossières qui ont fait les gros titres. « En début de saison dernière, c'était un peu dur pour moi », a-t-il admis l'an dernier. « C'est un très grand club, il faut s'y habituer. J'ai beaucoup appris. » L'Équatorien avait également évoqué le poids de ce transfert astronomique, avouant avoir perdu confiance en lui : « Je connais mes qualités et je sais quel joueur je suis. Mais parfois, si vous n'êtes pas fort mentalement, c'est difficile. »

    Pourtant, près de deux ans plus tard, il y a une raison pour laquelle plus personne ne parle de ce montant : depuis environ 18 mois, Caicedo est devenu précisément le monstre du milieu de terrain sur lequel les Blues avaient tout misé. Il s'est imposé comme sans doute le meilleur numéro 6 de Premier League, dominant les classements statistiques en matière de tacles et d'interceptions, et s'est hissé parmi les tout meilleurs joueurs du monde à son poste. La risée est devenue une idole, et l'investissement, une évidence.

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    Le patron du tournoi

    Ce qui rend Moisés Caicedo si précieux, c'est sa régularité. Sous les ordres d'Enzo Maresca, il est devenu le métronome de l'équipe, capable de livrer une performance de haut vol semaine après semaine. Il n'est donc pas surprenant qu'il ait maintenu ce niveau d'excellence tout au long de la Coupe du Monde des Clubs.

    Le milieu de terrain de 23 ans a littéralement dominé l'entrejeu lors du huitième de finale contre Benfica. Élu homme du match, il a étalé toute sa palette technique : une qualité de passe rare (avec même une passe décisive à la clé) et une énergie débordante, malgré une rencontre interrompue par les intempéries. Et bien sûr, il n'a pas négligé ses tâches défensives, récupérant le ballon à dix reprises.

    Ses statistiques à l'issue de ce match sont éloquentes. Il est devenu le seul joueur du tournoi à avoir réussi plus de 10 tacles (12 au total), le seul à avoir remporté plus de 20 duels (22) et le seul à avoir touché plus de 300 ballons (314). Des chiffres qui ne mentent pas et qui dessinent le portrait d'un joueur total, le véritable patron de son équipe.

  • Fluminense FC v Chelsea FC: Semi Final - FIFA Club World Cup 2025Getty Images Sport

    La tuile au pire moment

    Alors que Cole Palmer peine à retrouver la régularité qui avait fait de lui la sensation de ses 18 premiers mois à Stamford Bridge, Moisés Caicedo s'est imposé comme le joueur le plus important de Chelsea. Les statistiques défensives des Blues se sont d'ailleurs considérablement améliorées sous la direction de Maresca, en grande partie grâce au travail de sape inlassable de l'Équatorien devant sa défense.

    Dans ce contexte, sa blessure en demi-finale contre Fluminense est une très, très mauvaise nouvelle. Dans le temps additionnel, alors que le club anglais se dirigeait vers une victoire tranquille 2-0, le milieu de terrain s'est sévèrement tordu la cheville gauche sur la pelouse sèche du MetLife Stadium, en tentant un tacle dont il a le secret.

    Remplacé immédiatement, il a laissé son équipe terminer à dix et a surtout plongé tout le club dans l'angoisse. Au moment où les Blues attendaient de connaître leur adversaire pour la finale, que ce soit le PSG ou le Real Madrid, une seule question était sur toutes les lèvres : leur roc serait-il sur pied pour le plus grand match de leur saison ?

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    La course contre la montre

    La première réaction d'Enzo Maresca n'incitait pas à l'optimisme. Il a admis que son homme clé souffrait, à seulement quatre jours de la finale. « La priorité était d'éviter d'aggraver la blessure avant dimanche », a déclaré le technicien italien. « Il sentait qu'il pouvait continuer, mais dès qu'il a essayé, la douleur est revenue. Espérons que ce ne soit rien de grave et qu'il puisse récupérer à temps. Nous évaluerons la situation au jour le jour. » Puis, il a ajouté, comme pour mettre la pression : « Je lui ai dit qu'il devait tout faire pour être sur le terrain dimanche, alors on verra. »

    Au même moment, une vidéo partagée sur les réseaux sociaux montrait un Caicedo boitant bas à son retour à l'hôtel. Rien de très rassurant.

    Et puis, jeudi, la nouvelle que même le plus optimiste des supporters de Chelsea n'osait espérer : Caicedo était miraculeusement de retour à l'entraînement. Cependant, des doutes subsistent sur son niveau de forme réel pour le coup d'envoi. Même si certaines sources affirment qu'il est « prêt à jouer », personne ne sait vraiment s'il sera à 100 %. La course contre la montre est lancée, et chaque heure qui passe est scrutée avec anxiété.

  • FBL-WC-CLUB-2025-MATCH62-PSG-REAL MADRIDAFP

    Mission (quasi) impossible

    Déjà considérés comme de simples outsiders, les Blues font face à une réalité implacable : sans un Moisés Caicedo à 100 %, leurs chances de battre un PSG qui semble injouable sont infimes, pour ne pas dire inexistantes. Pour bien mesurer l'ampleur de la tâche, il suffit de regarder le parcours des champions d'Europe ces dernières semaines. Ils ont balayé l'Inter, l'Atlético de Madrid, le Bayern Munich et le Real Madrid, des équipes toutes considérées comme supérieures à Chelsea. Bilan : 15 buts marqués, aucun encaissé. Une machine de guerre.

    S'il est apte, la mission de Caicedo sera claire : éteindre la plaque tournante du milieu parisien, Vitinha, qui a lui aussi transporté sa forme éblouissante de la saison jusqu'à ce Mondial des Clubs. L'influence du métronome portugais est écrasante. Il a réussi près de 200 passes de plus que n'importe quel autre joueur du tournoi (666 au total), avec un taux de réussite de 100 % sur ses 23 changements de jeu. Toujours en mouvement, il a également couvert plus de distance que quiconque, approchant la barre des 70 kilomètres.

    Et c'est sans même parler des deux autres dynamos du milieu parisien, João Neves et Fabián Ruiz, eux aussi essentiels au jeu des Parisiens. Pour Moisés Caicedo, ce sera sans doute le plus grand défi de sa carrière à ce jour. Un défi à la hauteur de son talent.

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    L'ambition d'un humble

    Mais ce sont précisément ces défis qu'il faut relever pour être considéré comme le meilleur. Et c'est bien l'objectif à long terme de l'Équatorien, même si beaucoup estiment qu'il a déjà atteint ce statut.

    Interrogé avant la finale sur le fait de savoir s'il se considérait comme le meilleur milieu défensif de la planète, Caicedo a répondu avec une humilité désarmante : « Je ne pense pas. Je travaille pour ça. Je veux devenir l'un des meilleurs milieux du monde, mais j'en suis encore loin. Je travaille dur tous les jours et je veux le montrer sur le terrain. »

    Enzo Maresca, lui, est déjà convaincu. En fin de saison de Premier League, il déclarait : « En ce moment, il est l'un des meilleurs, si ce n'est le meilleur milieu défensif du monde. Il est fantastique. » Mais au-delà du talent, c'est l'homme qui séduit le coach italien. « La meilleure chose avec Moi, c'est qu'il travaille sérieusement tous les jours. Il est très humble, très gentil, très poli. C'est un gars fantastique. » Une mentalité de champion qui sera son meilleur atout pour affronter la montagne parisienne.

  • Fluminense FC v Chelsea FC: Semi Final - FIFA Club World Cup 2025Getty Images Sport

    Le moment du sacre ?

    La finale de dimanche offre à Moisés Caicedo une occasion en or de faire taire tous les doutes sur son statut, et surtout, les siens. Face au meilleur trio du monde, il a l'opportunité de livrer un match référence. S'il parvient, d'une manière ou d'une autre, à prendre le dessus et à guider Chelsea vers une victoire improbable, ce sera sans aucun doute son couronnement. Le moment où il sera, sans contestation possible, le meilleur numéro 6 de la planète.

    Face à cette éventualité, le joueur de 23 ans reste fidèle à lui-même : « Oui, exactement. Je veux m'exprimer sur le terrain, montrer mon football, et ensuite les gens pourront parler de moi. Vous savez, les gens parlent toujours quand vous réussissez. Même quand ils disent de mauvaises choses, je m'en fiche, car je veux juste aider mon équipe et je me concentre là-dessus. »

    Alors que les minutes s'égrènent avant le coup d'envoi dans le New Jersey, tout Chelsea ne peut que retenir son souffle et espérer que son monstre du milieu soit aussi apte que possible. Les maigres chances de victoire des Blues en dépendent probablement.