Duel Dembélé - Hakimi pour le Ballon d'Or, le Maroc s'en mêle

Mercredi dernier, Achraf Hakimi a repris l’entraînement avec le PSG après la pause estivale. Mais l’ambiance a vite été troublée par une interview accordée à Canal+ dans laquelle le défenseur marocain a évoqué le Ballon d’Or : « Avec la saison qu’on a faite, on a tous amélioré les statistiques. (…) Le Ballon d’Or, c’est un rêve, (…) je pense que je le mérite aussi. J’ai fait une saison historique. Il n’y a pas beaucoup de joueurs qui ont marqué en quart de finale, en demi-finale et en finale. »

Ses mots n’ont pas tardé à faire réagir. Achraf Hakimi a rappelé la difficulté d’un tel exploit pour un latéral : « En tant que défenseur, c’est plus difficile (…) Les statistiques que j’ai faites cette année ne sont pas celles d’un défenseur normal. Quand un défenseur fait ça, je pense qu’il mérite plus qu’un attaquant. » Une sortie perçue par certains comme une mise en concurrence directe avec Ousmane Dembélé, pourtant promu candidat numéro un par le club.

Selon L’Équipe, le PSG aurait tenté de censurer cette partie de l’entretien, ce que le club a démenti. L’entourage de Dembélé, surpris, a cherché à calmer le jeu. Mais au Maroc, cette affaire fait grand bruit : médias et supporters rappellent qu’Achraf Hakimi est, lui aussi, un prétendant légitime après une saison record : 11 buts, 14 passes décisives en 55 matchs, décisif en quart, demi et finale de Ligue des Champions.

Pour Anbae TV, représenté par le journaliste Antar Abdelwarit, le mérite d’Hakimi est indiscutable : « Si on regarde bien toute la saison, (…) je pense que, lui et Dani Alves, sont les latéraux ayant affiché les meilleures statistiques de l’histoire du football. » Selon lui, l’impact d’Achraf Hakimi a été déterminant en Ligue 1, Coupe de France et Ligue des Champions.

Antar Abdelwarit souligne que la saison d’Achraf Hakimi a débuté bien avant celle de ses coéquipiers, avec notamment les Jeux Olympiques Paris 2024. Rarement absent, il a été performant en club comme en sélection. Pour lui, « quand on parle de Ballon d’Or, on parle aussi d’image (…) il n’existe pas un endroit au monde où l’on ne voit pas le maillot de l’équipe nationale marocaine (…) avec le numéro 2 d’Achraf Hakimi. C’est désormais une marque mondiale. »

Les journaux marocains s’emparent également du sujet. Le 360 Sport, cité également par Foot Mercato, évoque « un violent séisme au sein du Paris Saint-Germain » provoqué par la prise de parole du défenseur. Selon eux, le club craignait un effet « inflammatoire » sur la communication interne, centrée sur Ousmane Dembélé.

De son côté, Al-Mountakhab estime que les propos d’Achraf Hakimi sont légitimes et que les critiques françaises sont excessives. Ils accusent certains médias d’avoir « franchi la ligne » et rappellent que l’ambition du Marocain repose sur « les excellentes performances qu’il avait réalisées lors de ce qui a été la meilleure saison de sa carrière ».

Le média marocain note que le PSG a rapidement réagi pour calmer la situation, affirmant soutenir Achraf Hakimi dans son rêve. Une posture nécessaire pour éviter de fragiliser le vestiaire à l’approche de la Supercoupe d’Europe contre Tottenham, mercredi.

L’Équipe voit pourtant en Hakimi « la plus grande menace » pour Dembélé dans la course au Ballon d’Or. Selon Antar Abdelwarit, cette tension découle d’un choix stratégique : « Le board du PSG avait déjà décidé que ce serait Dembélé pour le Ballon d’Or (…) On ne peut pas soutenir un joueur et pas un autre. »

Au Maroc, cette perception renforce l’élan populaire en faveur du Lion de l’Atlas. Les supporters voient en lui une opportunité unique de récompenser un défenseur, ce qui n’est plus arrivé depuis Fabio Cannavaro en 2006.

Pour les partisans d’Achraf Hakimi, cette reconnaissance serait aussi celle de tout un continent, rappelant l’épopée historique du Maroc au Mondial 2022. La ferveur dépasse les frontières : sa régularité, sa combativité et ses chiffres impressionnants alimentent l’argument selon lequel il coche toutes les cases d’un lauréat.

À l’heure où les votes approchent, chaque sortie médiatique, chaque performance et chaque geste de soutien pèseront dans la balance. Entre rivalités internes et pressions médiatiques, le duel Dembélé-Hakimi pourrait bien redessiner les lignes de la communication au PSG.