Le football est parfois cruel, souvent irrationnel. Ce jeudi soir à Stuttgart, l'équipe de France l'a appris à ses dépens en s'inclinant face à l'Espagne (5-4) en demi-finale de la Ligue des Nations, au terme d'un scénario complètement dingue. Menés 5-1 à l'heure de jeu, les Bleus ont signé une fin de match tonitruante pour échouer d'un rien. Mais au-delà de la déception de l'élimination, un discours étonnant et unanime a émergé dans le camp tricolore après la partie : un sentiment de frustration immense, nourri par la conviction d'avoir produit un meilleur football que leurs adversaires, malgré le score final.
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Getty Images SportDeschamps donne le ton : "Une maîtrise supérieure à celle de l'Espagne"
C'est Didier Deschamps qui a le mieux résumé cet état d'esprit paradoxal. Le sélectionneur a parlé d'un "mélange de sentiments", jugeant le score de 2-0 à la mi-temps "sévère" au vu des occasions françaises. Mais sa phrase la plus forte, et la plus surprenante, reste celle-ci : "Il y a eu une maîtrise de notre part qui est supérieure à celle qu'a eu[e] l'Espagne, c'est très très rare." Une analyse qui rend le résultat d'autant plus "rageant" à ses yeux. "Si on prend 5 buts, c'est qu'on peut mieux faire [...] mais dans les intentions et la qualité de jeu qu'on a eue...", a-t-il insisté, laissant transparaître son amertume.
AFPMbappé et Rabiot frustrés : "On aurait mérité de l'emporter"
Ce sentiment était partagé par les cadres du vestiaire. "À chaud comme ça, je vous dirais qu'on a bien joué aujourd'hui," a déclaré Kylian Mbappé, tout en pointant les "dix minutes de trou" dans chaque mi-temps qui ont "coûté cash". Adrien Rabiot était sur la même longueur d'onde : "C'est frustrant parce que vu le match qu'on a tous fait, on aurait mérité la victoire. On a eu pas mal d'occasions de but nettes, je pense qu'ils n'ont pas créé grand-chose. On leur a offert ce but." Les deux joueurs ont mis en avant le jeu produit et les occasions créées, estimant que la finition et l'efficacité clinique de l'Espagne avaient fait la différence.
AFPUne défense remaniée qui a coûté cher
Pour expliquer les cinq buts encaissés, Didier Deschamps a pointé, sans en faire une excuse, l'inexpérience de sa défense du soir, privée de ses titulaires habituels (Upamecano, Saliba, Koundé). Avec Clément Lenglet (qui n'était pas à 100%) et le novice Pierre Kalulu (première sélection), les automatismes manquaient cruellement face à la qualité espagnole. "Quand vous avez trois joueurs [...] qui jouent tous les matchs depuis deux ans, par rapport aux automatismes, ça ne se fait pas en claquant des doigts," a-t-il justifié. "C'est des petits détails qu'on a payé cher."
AFPLe caractère et la jeunesse comme motifs d'espoir
Malgré l'élimination, les Bleus ont tenu à retenir le positif. Deschamps a salué la force de caractère de son équipe, qui "n'a pas renoncé" même à 5-1. L'entrée fracassante de Rayan Cherki, auteur d'un but sublime pour sa première sélection, a symbolisé cette capacité à ne jamais baisser les bras. "C'est encourageant. Comme j'ai dit, on a un long chemin vers la Coupe du Monde," a conclu Mbappé. Cette défaite, aussi douloureuse soit-elle, est perçue comme une leçon qui "va nous servir pour l'avenir", selon Deschamps, notamment pour sa jeune garde. L'heure est maintenant à la remobilisation pour aller chercher la troisième place dimanche.