Après les larmes, la joie ? Cristiano Ronaldo veut profiter de l'Euro pour faire oublier l'échec au Qatar

Les larmes ont commencé à couler dès le coup de sifflet final à Doha, dans la nuit du 10 décembre 2002. Ronaldo est tellement bouleversé qu'il ne peut même pas saluer les supporters portugais. La douleur était trop grande.

La défaite en quart de finale de la Coupe du monde contre le Maroc signifiait la mort d'un "rêve". La fin de la carrière internationale de Ronaldo semblait également se profiler à l'horizon. À 37 ans, il n'est plus aussi brillant qu'il l'était.

Après avoir compté sur Ronaldo pendant près de deux décennies, le consensus général était que le Portugal devait passer à autre chose. Longtemps sauveur de la Seleccao, Ronaldo provoquait désormais plus de problèmes qu'il n'en résolvait.

En toute honnêteté, Ronaldo semblait fini au plus haut niveau au Qatar. Il était arrivé avec l'intention de rétablir sa réputation d'attaquant de classe mondiale après une fin embarrassante à Manchester United, mais sa campagne de Coupe du monde a été une triste histoire de performances médiocres et de pétulance pathétique, ce qui a conduit Fernando Santos à laisser l'attaquant sur le banc de touche pour la phase à élimination directe.

Cette décision a fait l'effet d'une onde de choc dans le monde du football, mais elle était indéniablement la bonne : Le Portugal s'est mieux comporté sans son meilleur buteur de tous les temps, qui n'a marqué qu'une seule fois au Qatar et semblait refuter complètement la baisse de ses capacités.

Ronaldo n'a pas jeté l'éponge pour autant. Et surtout, le successeur de Santos n'a pas voulu qu'il s'en aille non plus.

L'une des premières choses que Roberto Martinez a faites après avoir été nommé à la tête de la Belgique en janvier 2023 a été de s'envoler pour l'Arabie Saoudite afin de voir où en était Ronaldo sur le plan mental.

"Il n'était pas prêt à s'en aller", a-t-il révélé. "Il voulait faire partie du nouveau cycle et il a donc été très facile de l'inclure dans le camp de mars. Après cela, je pourrais prendre une décision sur le plan footballistique".

Pour Martinez, la décision s'est avérée évidente. Ronaldo a inscrit des doublés lors des deux matches de qualification pour l'Euro 2024 contre le Liechtenstein et le Luxembourg. Mais pour Martinez, il n'y a pas que les buts qui comptent.

"C'était un vrai leader, un capitaine et quelqu'un qui apporte une expérience qu'aucun autre joueur n'a dans le football mondial", a déclaré l'Espagnol. "C'est quelqu'un qui peut atteindre les 200 sélections pour son pays. Vous devez utiliser quelqu'un comme ça dans votre vestiaire".

Le Portugal s'est finalement qualifié pour l'Euro 2024 avec un bilan parfait, remportant ses 10 matches de qualification. Seul le Belge Romelu Lukaku (14) a marqué plus de fois que Ronaldo (10).

Cependant, des doutes subsistent quant à la force réelle d'une équipe guidée par un joueur de 39 ans qui exerce désormais son métier en Arabie saoudite. Le groupe du Portugal était désespérément faible, et il convient de noter que les Portugais ont perdu deux de leurs quatre matches de préparation, à l'extérieur contre la Slovénie et à domicile contre la Croatie.

Compte tenu de la prédominance du pressing dans le jeu moderne, le bien-fondé du choix d'un attaquant qui n'apporte pratiquement rien à la phase défensive a également été remis en question dans certaines parties de la presse portugaise. Martinez insiste cependant sur le fait que Ronaldo est parfaitement conscient de ce qu'on attend de lui.

"Il est évidemment important pour nous d'attaquer et de défendre à 11", a-t-il reconnu. "Ronaldo est évidemment un joueur qui sait très bien comment utiliser les espaces dans la surface et qui est un finisseur spécial, un joueur spécial".

"Mais la réaction de Cristiano à la perte du ballon et son attention au positionnement défensif ont été parfaites lors des matches que nous avons joués. Pour moi, il n'y a donc pas de doutes, il n'y a pas d'inquiétudes".

Cependant, un point d'interrogation encore plus important pèse sur le temps de jeu de Ronaldo. Y aura-t-il une gestion de son temps de jeu ? Martinez a souligné le fait que Ronaldo a joué beaucoup de matches - et marqué beaucoup de buts - cette saison. Mais il fait abstraction commodément du fait que le niveau et l'intensité de la Saudi Pro League sont bien inférieurs à ceux de l'élite européenne.

Il semblerait donc insensé de titulariser un joueur approchant les 40 ans à chaque match, en particulier en phase de groupes. Mais, comme nous l'avons vu au Qatar, Ronaldo n'est pas un personnage qui apprécie d'être mis sur le banc, voire remplacé en cours du match.

Le joueur lui-même insiste sur le fait qu'il ne posera pas de problème si Martinez décide d'utiliser au maximum les talents offensifs de l'équipe, qui sont vastes et variés. "Je suis professionnel à 100 %", a déclaré Ronaldo. "Je serai toujours prêt à aider notre pays et je respecterai les décisions du sélectionneur."

L'attitude de Ronaldo semble avoir changé au cours des deux dernières années. Du moins, il aborde l'Euro dans de bien meilleures conditions psychologiques qu'il ne l'était avant la Coupe du monde au Qatar. Il est parfaitement conscient qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps à jouer et semble déterminé à en tirer le meilleur parti.

"Comme on dit en Espagne, chaque année qui passe est un cadeau", a-t-il déclaré à SporTV après avoir marqué deux buts lors du dernier match amical du Portugal contre l'Irlande mardi. "C'est pourquoi jouer après 35 ou 36 ans est déjà un cadeau. J'ai 39 ans maintenant et j'essaie de profiter de chaque année."

"L'important est d'être bien physiquement et mentalement pour pouvoir aider l'équipe. Et, comme tout le monde le sait déjà, je suis animé par un amour de toujours pour l'équipe nationale. Que ce soit en 2004, lorsque j'ai fait mes débuts au Championnat d'Europe, ou aujourd'hui, c'est toujours un sentiment de fierté et de passion qui m'anime. Il n'y a rien de mieux que cela".

Bien entendu, il ne se contentera pas d'une place de second choix. Ce n'est pas dans sa nature. Ronaldo veut toujours marquer plus de buts, remporter plus de trophées et faire taire plus de critiques. La victoire est toujours la riposte parfaite, et la gloire est toujours le but ultime. C'est ce qui fait que toute la douleur, l'incertitude et le travail acharné valent la peine d'être endurés.