Liverpool goalkeeper dilemma GFXGetty/GOAL

Alisson intouchable à Liverpool : quel avenir pour Mamardashvili et Kelleher ?

Harvey Elliott n’a pas été surpris par la performance héroïque d’Alisson Becker au Parc des Princes mercredi dernier – mais il en est resté bouche bée. "Je n’ai pas de mots, honnêtement", a confié l’attaquant à TNT Sports, aux côtés du gardien brésilien. "Ce type est tout simplement incroyable, le meilleur du monde. À chaque match, il le prouve et nous sauve tellement de fois. Sans lui, je ne sais pas où on en serait."

Liverpool ne serait certainement pas en position de force avant le match retour face au Paris Saint-Germain, après avoir résisté à une pluie de tirs pendant 90 minutes. Alisson a réalisé neuf arrêts dans un premier acte à sens unique, et comme l’a admis un Luis Enrique dépité, cinq d’entre eux étaient tout simplement "exceptionnels".

"Leur meilleur joueur, c’était le gardien", a concédé l’Espagnol. "Alisson a décidé de l’issue du match." Peter Schmeichel a abondé dans ce sens sur CBS Sports, estimant que Liverpool aurait perdu "3-0 sans l’une des plus grandes performances de gardien que j’ai vues de ma vie."

Sachant qu’Alisson n’a que 32 ans – un âge encore jeune pour un gardien –, il paraît presque étrange d’imaginer qu’il puisse perdre sa place cet été… ou même quitter le club. Pourtant, Liverpool a déjà planifié sa succession, avec l’arrivée annoncée de Giorgi Mamardashvili en provenance de Valence. Mais alors qu’on le présentait comme le successeur naturel du Brésilien, la forme actuelle des deux portiers pourrait bien rebattre les cartes...

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    Un recrutement non prioritaire, mais réfléchi

    La cellule de recrutement de Liverpool essuie de vives critiques pour avoir laissé Mohamed Salah, Virgil van Dijk et Trent Alexander-Arnold entrer dans la dernière année de leur contrat sans prolongation actée. Pourtant, le club a été salué pour avoir rapidement trouvé un accord avec Valence afin d'attirer Giorgi Mamardashvili à Anfield à l’issue de la saison 2024-2025.

    Sur le moment, recruter un nouveau gardien ne semblait pourtant pas être une priorité, d’autant que les Reds possédaient déjà l’un des meilleurs remplaçants du monde en la personne de Caoimhin Kelleher. Mais il était difficile de remettre en cause la logique derrière cette décision.

    Si Liverpool avait déjà jugé que Kelleher n’avait pas les épaules pour succéder à Alisson, alors anticiper la transition en sécurisant un profil comme Mamardashvili relevait d’une gestion intelligente. L’international géorgien apparaissait comme un choix solide pour endosser le rôle de futur numéro un.

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    Des inquiétudes physiques

    À seulement 24 ans, Giorgi Mamardashvili s’était déjà forgé une belle réputation à Mestalla et sortait d’un Euro 2024 éblouissant avec la Géorgie. Pour une somme initiale de 25 millions de livres sterling (32 M€), il semblait être une recrue au potentiel énorme – et c’est toujours le cas, en toute honnêteté.

    Si personne ne doutait du niveau d’Alisson, ses blessures à répétition devenaient en revanche un sujet de préoccupation grandissant. Le Brésilien voyait ses absences forcées se multiplier, ce qui commençait à poser problème à Liverpool. De son côté, Mamardashvili affichait une impressionnante régularité avec Valence et semblait prêt à franchir un cap.

    L’idée d’une transition paraissait donc logique. D’autant plus que Mamardashvili avait terminé septième au classement du Trophée Yachine en 2023, tandis qu’Alisson, lui, n’avait même pas été retenu dans la liste des finalistes. Un changement d’ère semblait alors se dessiner.

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    Une baisse de niveau inquiétante

    À l’heure actuelle, Mamardashvili ne semble pas être une amélioration par rapport à Kelleher – et encore moins une menace pour Alisson.

    Il faut bien sûr prendre en compte le contexte : Valence n’est pas une équipe dominante. En Liga, les Blanquinegros ne sont qu’à deux places et un petit point de la zone de relégation. Seul le dernier, le Real Valladolid (62), a encaissé plus de buts que Valence (45) cette saison, ce qui explique en partie pourquoi Mamardashvili (cinq clean sheets) fait moins bien que Kelleher (huit), malgré six matchs de plus joués que l’Irlandais en 2024-2025.

    Mais au-delà des statistiques, il est indéniable que les performances du Géorgien ont nettement chuté depuis l’annonce de son transfert à Liverpool, officialisé peu avant la clôture du dernier mercato estival.

  • FBL-ESP-LIGA-ATLETICO MADRID-VALENCIAAFP

    « Je ne suis pas au meilleur de ma forme »

    Les gardiens évoluant dans des équipes en difficulté sont souvent plus sollicités que ceux jouant pour des prétendants au titre, ce qui gonfle généralement leurs statistiques d’arrêts. Mais ce n’est même pas le cas pour Mamardashvili.

    Le Géorgien affiche une moyenne de 2,4 arrêts par match, soit moins qu’Alisson (2,6), et son pourcentage d’arrêts est alarmant : seulement 57,61 %, le troisième pire ratio des cinq grands championnats européens parmi les gardiens ayant disputé au moins 20 rencontres cette saison. À titre de comparaison, Alisson culmine à 75,58 %.

    Pire encore, Mamardashvili a commis trois erreurs ayant directement conduit à un but, dont la plus récente ce samedi face à Valladolid. Sur une relance catastrophique, il a offert l’égalisation à Juanmi Latasa à la 40e minute. Valence s’est tout de même imposé grâce à un but d’Umar Sadiq en seconde période, mais le portier géorgien s’est senti obligé de s’excuser publiquement après la rencontre.

    « Je sais que je ne suis pas au meilleur de ma forme en ce moment, mais je suis convaincu que les défis nous rendent plus forts », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux. « Je fais tout mon possible pour redevenir la meilleure version de moi-même au plus vite. »

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    Une tentation venue d’Arabie ?

    Si Mamardashvili veut avoir une chance de déloger Alisson la saison prochaine, il va devoir retrouver son meilleur niveau – à condition que le Brésilien reste à Liverpool, bien sûr.

    L’été dernier, Alisson avait admis être « un peu attiré » par les sommes astronomiques proposées par la Saudi Pro League. Et s'il venait à soulever une nouvelle fois la Premier League cette saison, il pourrait voir cela comme le moment idéal pour tourner la page de son aventure à Anfield.

    Tout dépendra aussi de la position de Liverpool sur le sujet. « Je suis ouvert [à l'Arabie saoudite], mais pas pour l’instant », déclarait-il à l’époque. « J’ai un contrat avec Liverpool et je veux l’honorer, voire en signer un nouveau. Mais si le club veut me vendre, alors ce sera une discussion différente. »

    Et l’on ne peut s’empêcher de se demander si Liverpool n’a pas misé sur Mamardashvili en anticipation d’une offre XXL venue du Golfe, histoire de céder son gardien brésilien au sommet de sa valeur marchande…

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    Une hiérarchie difficile à bousculer

    Ce qui est frappant, c’est que l’on parle davantage d’un possible prêt de Mamardashvili que d’un départ d’Alisson. L’international géorgien n’a pourtant pas l’intention d’être une simple doublure : il est convaincu d’avoir le niveau pour être titulaire dans un grand club.

    Le problème, c’est que si Alisson décide de rester à Liverpool, il n’y a aucune raison pour qu’Arne Slot le rétrograde au rang de numéro 2. D’ailleurs, l’entraîneur néerlandais a été très clair en conférence de presse avant le match contre Southampton : « Si vous ne voulez pas de concurrence, alors Liverpool n’est pas le meilleur endroit pour vous. »

    Caoimhin Kelleher en sait quelque chose. Le portier irlandais a fait preuve d’une patience exemplaire en restant le fidèle remplaçant d’Alisson, mais l’arrivée imminente de Mamardashvili l’a visiblement refroidi. Il pensait être le successeur désigné du Brésilien, et tout porte à croire qu’il quittera Anfield cet été pour enfin obtenir le statut de titulaire qu’il mérite en Premier League.

    Reste à savoir ce qu’il adviendra de Mamardashvili. Slot a beau reconnaître qu’Alisson est toujours « le meilleur gardien du monde », il ne ferme pas la porte à une nouvelle concurrence pour le poste. Une chose est sûre : Liverpool est loin d’avoir un problème de gardien. Ils ont une valeur sûre sur le banc, un talent en devenir en approche… et un numéro un légendaire qui continue de laisser ses coéquipiers sans voix.